ROSE FUNERAL, avec un blaze pareil, ma main à couper qu’on va encore devoir se farcir une band de minets voulant se la jouer gros bras en slim/mèche/col en V mettant en évidence un tatouage de burning heart sur un torse de poulet décharné. Musicalement, ce sera certainement un mix de deathcore/metalcore/black sympho à clavier et chants clairs. Rien que d’y penser je suis déjà déprimé. Mais bon, faut bien écouter la galette qui débute par une introduction apocalyptico-pompeuse à base de cor, de glas et d’ambiance de fin du monde. La musique commence et là, boum ! je vais chercher la scie sauteuse pour me couper la main. Leur death,(core), les Ricains, dont c’est déjà le troisième album, ils l’aiment brutal, technique et moderne comme le prouve « Grotesque Indulgence » tout en blasts, en growls et en puissance. Jolie force de frappe. En même temps, j’aurais dû me méfier, y’avait une croix retournée dans leur logo…

Troisième album donc, et certainement celui de la reconnaissance et de la consécration tellement les mecs ont élevé leur niveau de jeu afin de pouvoir frapper à la porte de la cour des grands. Technicité, virulence, brutalité et atmosphère désespérée, tout est là pour faire de « Gates Of Punishment » un bon petit album de death metal au sens large. Le groupe varie ses effets et joue à fond la carte de la cohérence en truffant sa musique d’intermède, intro, break rappelant le côté fin du monde, que l’on retrouve aussi dans les visuels de cet album. Ils se sont permis le luxe d’inviter une chanteuse d’opera afin d’encore accentuer ce sentiment sur « Malignant Amour ». Au rayon des invités, c’est avec plaisir qu’on entend le timbre de Steve Tucker, revenu en grâce après la débâcle du dernier Morbid Angel, sur « False Divine ».

La technicité est au rendez-vous et présente sur chaque seconde de « Gates Of Punishment », que ce soit dans les riffs mammouth ou les solos aériens du duo de gratteux ou dans une section rythmique dévastatrice menée par un homme poulpe derrière les fûts qui, pour une fois, ne se contente pas de taper comme un sourd le plus vite possible mais varie ses enchaînement et soigne ses patterns. Le seul reproche qu’on peut lui faire c’est d’avoir un son tout sauf naturel avec du trigg en veux-tu en voilà, c’est dommage. Guitaristiquement parlant, les deux six-cordistes enchaînent riffs démoniaques (« Beyond The Entombed », ambiances evil (« Grotesque Indulgence ») , shredd supersoniques (« Gates Of Punishment »), breaks tout en lourdeur pachydermique (« False Divine ») et solo allant du correct à l’excellent. Une démonstration de ce que doit être la palette d’un guitariste death. Démonstration qui donne un côté trop systématique et prévisible à la musique du groupe, qui, malgré ça compense par des atmosphères et des ambiances toujours au top et certains passages mélodeath permettant une petite respiration avant de replonger en apnée sous un déluge de notes.

La base de « Gates Of Punishment » est bien évidemment death tendance brutal mais on retrouve aussi des petites touches de black metal, de deathcore et de thrash histoire de varier les plaisir et de ratisser un poil plus large que dans le simple public death ou deathcore. Le groupe se fait une petite place à l’ombre des cadors du genre, on pense par moments à Origin ou Aborted voir Carnifex sur certains titres plus orienté « deathcore », et livre un album efficace, brutal, varié et ambiancé bien comme il faut. De quoi ravir les fans de brutalité et de technicité mais pas trop car le groupe parvient à éviter l’écueil du tout brutal pour adopter une position intermédiaire. On peut voir ça comme un signe d’ouverture. Ou de compromission, ça dépend de quel côté on se place. Mais malgré ça, ROSE FUNERAL ne manque pas de qualités, c’est indéniable.


Rédigé par : Seb On Fire | 14/20 | Nb de lectures : 12766