ROOT - Rééditions (I Hate/Underclass) - 17/06/2010 @ 09h06
En 1989, le peuple tchèque en pleine révolution porte Vaclav Havel au pouvoir et dote le pays d'une République indépendante marquant la fin des « années de plomb » du régime communiste. C'est dans cette période tumultueuse de l'histoire d'Europe centrale qu'un allumé du nom de Jiri Walter crée ROOT en 1987, groupe vétéran et meneur d'une scène tchèque qui avait manifestement d'autres chats à fouetter à l'époque.
Le groupe émerge en précurseur de la seconde vague de groupes de black metal mais c'est bien vers les pionniers de cette scène, Venom, Hellhammer et Bathory en tête, qu'il puise ses influences. Plus de vingt ans après sa création, Jiri Walter aka Big Boss reste le seul membre d'origine et le maître à penser de cette formation injustement méconnue qui aligne huit albums au compteur.

Une carrière à laquelle le label suédois I HATE a décidé de rendre hommage l'an dernier en rééditant quatre albums de ROOT, précisément l'objet de cette modeste chronique qui n'a d'autres ambitions que de vous donner envie de pénétrer l'univers de ce groupe -n'ayons pas peur des mots- hors du commun. Plutôt que d'aborder ces rééditions sous un angle chronologique forcément casse-gueule, essayons d'y voir plus clair dans le jeu même de ces remuants musiciens.

Ces quatre albums brossent un portrait de l'évolution de ROOT au cours des années 90, de ses débuts imprégnés d'un black-thrash rugueux d'actualité jusqu'à la libération de leur musique vers des formes plus audacieuses qui n'hésitent pas à incorporer des éléments heavy/thrash, death voire occult rock dans le bouillonnement créatif qui les caractérise.
Big Boss, en dépit d'un patronyme un peu ingrat, incarne une figure majeure de cette scène que seul l'isolement culturel de la République Tchèque a privé d'une reconnaissance méritée. Véritable personnage méphistophélique au look improbable, tout à la fois gourou d'une secte cryptique et grand archimage luciférien de pacotille. De pacotille? A voir, le bonhomme n'en est pas moins le fondateur de l'église de Satan dans son pays. Rien d'étonnant dès lors à voir les thèmes de prédilection de ROOT évoluer autour de l'occultisme, de la magie et bien sûr de notre ami cornu. Reconnaissons toutefois à ces compositions une ambiance de spiritualité trouble bien loin du burlesque de certains de ses homologues.

Le plus gros élément de surprise à la découverte de ces albums c'est le degré de finesse du song writing là où je n'en attendais pas autant. Même dans les premiers albums qui proposent un black organisé sur des structures très simplistes héritées du thrash ("Zjeveni" 1990 ; "Hell Symphony" 1991), les morceaux s'aèrent soudain sur un break heavy amené avec intuition et feeling. Rien de très technique, une série de leads inspirée, un passage down tempo, une modulation vocale mineure, ici le talent se reconnaît à la capacité à faire feu de tout bois.
Big Boss semble être porteur d'une vision qu'il passera son existence à partager, épuisant les musiciens et les tendances. Une vision qui se déploie insidieusement dans les atmosphères maléfiques de ses albums et explose sur « The temple in the unerworld » (1992) véritable tournant dans la carrière de ROOT qui multiplie les emprunts à Celtic Frost et le maquillage de King Diamond pour mieux se les approprier. Les titres se diversifient, les ambiances vont explorer les multiples états des âmes noircies par l'existence et Big Boss exploite enfin les ressources de son coffre de baryton dans des registres quasi rock.
Mon exploration de la disco de ROOT s'interrompt avec « The Book » (1999), doté d'un nouveau line up, enregistré dans de bonnes conditions, c'est définitivement le meilleur du lot dans la mesure où le potentiel théâtral du groupe s'y exprime pleinement. Dark epic metal me dit-on, pourquoi pas. Titres acoustiques, murmures mystiques, chants grandiloquents portés par de grosses rythmiques doom, breaks thrash majestueux... on assiste médusés à un survol de dix ans de musique extrême, du black furieux des débuts jusqu'à ce metal épique de haute volée. Définitivement Heavy dans son acception la plus large.

Dès que j'aurais assimilé tout ça correctement je compte bien m'enfiler le reste de la discographie en espérant que le groupe ait bien négocié le virage des années 2000. Peu importe que Big Boss ressemble désormais à une version uncut de mon grand-père sous LSD, ROOT continue de tourner assidument en ses terres, fidèle à ses racines, plus près de Satan.

http://rootan.net/ - 231 visite(s)

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Rédigé par : #Guillaume# | Kult Ceska Metal/ | Nb de lectures : 12560




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Zorglub
IP:217.108.83.254
Invité
Posté le: 17/06/2010 à 10h07 - (84733)
Etonnant qu'un groupe avec une personnalité aussi forte arrive si peu à faire parler d'elle malgré une participation ovniesque au No Mercy 2007.

kroryn
Membre enregistré
Posté le: 22/06/2010 à 19h14 - (84823)
Tiens? ils étaient pas passé sur Paris à la loco y'a.. des lustres?

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