Formé en 1987, ROOT est un des plus vieux groupes de black metal de République Tchèque. Enfin, était, car le groupe a un peu changé musicalement depuis son lancement. Tout de même, en 9 albums (je compte ce dernier), le groupe a fait du chemin. D’ailleurs, il a même beaucoup changé dans sa structure, car seul Big Boss, le chanteur, est membre d’origine. Il est aujourd’hui accompagné de deux autres membres de son autre projet musical, Equirhodont, et a récupéré un deuxième guitariste en 2010, et changé de batteur cette année. Il faut aussi mentionner que, outre être le leader du groupe, Big Boss est également le fondateur de la branche tchèque de l’Eglise de Satan. Ce détail a beaucoup d’importance pour la suite de la chronique.

Agonia Records, le nouveau label du groupe, parle de la musique des Tchèques en termes de « Dark Metal », qui ici n’a rien à voir avec DISSECTION ou BETHLEHEM, mais fait plutôt office de fourre-tout stylistique. Car musicalement, ROOT est plus thrash/black penchant sur le rock, que black/death classieux lancé par les Suédois, ou doom/black des Allemands (quoiqu’on pourrait les rapprocher de ces derniers). Les premiers titres, notamment sont très black’n roll, mais sans groove particulier. Plutôt hard rock pépère. Le titre "Revenge of Hell" fait même penser à du RAMMSTEIN dans les rythmiques/riffs tranchants. Il faut attendre le cinquième titre ("Darksome Prophet") pour avoir quelques trémolos black à se mettre sous la dent. Le titre "Son of Satan" est également un brin velu, et mis à part son chant et les quelques effets bizarres, musicalement, il s’agit d’un black assez sympa. On se surprend parfois à bouger légèrement la tête en rythme (pas longtemps, mais quand même). Mais il y a le chant.

Je vous parlais en préambule du chanteur et leader, Big Boss, en tant que fondateur de la branche tchèque de l’Eglise de Satan. C’est dans ce rôle qu’il faut appréhender ses performances vocales. Plus proclamées ou déclamées que véritablement chantés, ses paroles sont en quelque sorte des prières occultes. Le vocabulaire satanique Leader Price y prend toute son envergure (pas grand-chose en gros). Mais ce style de chant a le mérite d’être vaguement original, et de bien aller avec la musique passéiste du groupe. D’ailleurs, les présences de Nergal (BEHEMOTH) au chant sur "In Nomine Satanas" et "Greetings From the Abyss", d’Eric Danielsson (WATAIN) au chant sur "In Nomine Satanas" et "Fiery Message" (il a également fait la pochette), et enfin Blasphemer (MAYHEM) à la guitare sur "Fiery Message" ne sont pas un hasard (même si Agonia a dû aimer également).

Au final, si on écoute ce neuvième album d’un point de vue messe satanique, "Heritage of Satan" tient la route, malgré sa thématique sataniste de superette et sa musicalité moyenne. Mais le côté Satan m’habite est mignon et a l’air authentique. D’ailleurs, je suis sûr que le groupe est plus efficace et intéressant sur scène. Par contre, les allergiques du Malin, les grenouilles de bénitiers et autres pourfendeurs des groupes sérieux dans leur message/thématique, passez votre chemin, ce disque n’aura aucun intérêt. A écouter accroché au plafond avec la tête à 180°.


Rédigé par : Skay | Suppôts de Satan : 14/20, autres : 09 | Nb de lectures : 12699