Profitant de mon acquisition de l'album d'Oracle of the Void (pub!) chez Obsidian, j'ai été intrigué par le premier opus de Rookwood sorti l'année dernière. Logo baveux et titre blasphématoire, vous conviendrez qu'il en faut peu pour m'attirer le regard. Si le quartet de Brisbane cultive un épais mystère, on sait que Rookwood a été fondé en 1997 par Bakoul en tant que projet solo. Vivotant, le projet finit par se donner un line-up et sort sa première démo White Knuckle Terror en 2008. Comme la démo, l'album You Worship Shit qui suit la même année est une compilation de titres écrits entre 1997 et 2007.

Rookwood pratique un black matiné de thrash, avec quelques tendances rock/punkoïdes. Bref, une envie de répandre le dawa de leur doctrine avec l'appui de gros riffs toniques. Rookwood ne néglige pas pour autant les mélodies et les thèmes en tremolo enfilés comme des perles rappellent les glorieuses heures suédoises du siècle dernier, et notamment le vieux Dissection ("Infiltrator" est carrément tombé du camion de Nödtveidt). Des morceaux plus lourds et blasphématoires viennent également poser leur atmosphère poisseuse et un "Praxis of Evil" n'est pas sans évoquer le Watain dernière période.

Dans cette débauche d'énergie et d'ondes soniques bien noires, on peut juste reprocher à Rookwood de se laisser aller dans pas mal de longueurs. Certains des huit titres sont plus dispensables, ayant du mal à rebondir après le morceau d'ouverture énormissime. La batterie, étrangement synthétique pour cette chevauchée chaotique, a une tendance à écraser les riffs par moments (le final de "Fucking Below the Flag" est couvert par la double). Et dans un album mitonné pendant dix ans, il est surprenant de découvrir de l'auto-plagiat sur seulement 34 minutes (le "couplet" de "Organs of Liberation" est le même riff que le "refrain" de "Black is the New White", à peine deux morceaux plus loin).

Mais ces griefs ressortent finalement peu, car cet album fait sacrément bien dodeliner de la tête. Je ne pense pas que son objectif soit autre et il est atteint à pas mal d'endroits, avec une envie d'en découdre bien ressentie. Rookwood pourrait faire très mal à l'avenir et le groupe est à surveiller de près après un premier album bien plus qu'honnête.


Rédigé par : Prince de Lu | 14/20 | Nb de lectures : 9710