ROB ZOMBIE - Le Montreur d'Ombre (Camion Blanc) - 20/08/2013 @ 23h58
La reconversion quand on est musicien, qui plus est dans un groupe de metal, est quelque chose de très important mais à laquelle on pense trop rarement. On vend des albums par pelletées, on parcourt le monde, on joue dans des stades puis, d’un coup, tout s’arrête. On se fait vieux, on n’assure plus aussi bien qu’avant et des petits jeunots aux dents longues sont venus vous piquer votre place. Direction Pôle Emploi mais vu vos compétences et vos précédentes expériences c’est pas gagné. Rob Zombie, lui est mec futé qui a, mieux que personne, réussi sa seconde carrière. Certes il écrit, compose, chante et sort encore des albums mais bon, ses plus belles années sont derrière lui. Mais Rob a trouvé une autre voie pour occuper ses journées. Le cinéma. Rob est devenu réalisateur, depuis une dizaine d’année déjà, et un bon. Voire un très bon. Il en a parcouru du chemin entre les premières démos de White Zombie et la sortie de « Lords Of Salem ». C’est l’histoire d’un homme, d’un artiste aux diverses facettes que s’échine à nous raconter Jean-Paul Coillard (auteur d’ouvrages sur Nine Inch Nails et Slayer) tout au long des près de 500 pages que compte « Le Montreur d’Ombres ».

L’auteur ouvre le livre par l’enfance et la jeunesse de Rob Zombie, un passage obligé pour toutes biographie qui se respecte même si l’essentiel est ailleurs. Toutefois toute cette partie est agréable à lire et permet d’entrer petit à petit dans l’univers si particulier de Zombie qui prend racine dans son enfance. Sa passion pour le cinéma de genre et les freak shows vient de là, des heures passé devant la télévision à ingurgiter les classiques de la Universal et de la Hammer ainsi que les séries télévisées comme La Famille Adams, Twilight Zone ou Les Monstres. Ses parents et grands parents ont toujours travaillé dans l’univers du cirque et des fêtes foraines, un monde qui, plus tard, sera l'une des grandes lignes de force de son œuvre musicale et visuelle. Tout était déjà écrit dès sa plus tendre enfance, Rob sera un artiste et rien d’autre. Surtout que le bonhomme est plutôt doué.

Le récit de Jean Paul Coillard coule très bien et se lit avec intérêt et aisance, l’homme a le chic pour raconter des histoires, par contre les amateurs d’analyses fouillées en seront pour leur frais. Si on apprend des choses sur Rob Zombie, Robert Cummings (son vrai nom) reste lui bien caché dans l’ombre. L’auteur revient bien entendu sur sa relation avec Sean Yseult, qui fut pendant longtemps le véritable moteur créatif du groupe. C’est avec Sean que musicalement, Zombie a livré ses meilleurs albums. Les deux entités avaient beaucoup de choses en commun tant humainement qu’artistiquement et Yseult semble, tout au long de la première partie du livre, être quelqu’un de vraiment cool comparé à Rob qui, par moment, passe pour un control freak capricieux ou un chanteur qui s’est choppé le melon des suites de son succès. D’ailleurs l’auteur se réfère souvent au livre d’Yseult « I’m In The Band », ce qui donne furieusement envie de le lire.

Si la partie narrative de l’ouvrage se déguste comme un petit roman d’été, il pêche par un trop plein d’informations sur des personnages annexes. Ainsi chaque collaborateur de Zombie sera présenté via une biographie de parfois plusieurs pages qui casse le rythme de l’histoire et rend le récit fastidieux. On peut toujours sauter un passage car il est compréhensible qu’on ne soit que moyennement intéressé par le parcours professionnel d’un ingé son ou d’un chef op ayant travaillé avec Zombie. On est tenté de faire avance rapide pour sauter ces passages et se replonger dans le parcours du chanteur/metteur en scène. Peu à peu la partie musicale laisse place au cinéma.

Comme pour White Zombie ou les albums solo, l’auteur chronique les œuvres de Zombie et, si on peut ne pas être d’accord avec lui, ses avis sont tranchés mais parfois trop positifs, surtout en ce qui concerne ses deux "Halloween" qui sont, pour moi, au mieux sans grand intérêt (le premier) ou complètement foireux (le second). Ici encore l’auteur pêche par manque d’analyse en profondeur du cinéma de Zombie et préfère s’attarder sur le storytelling et l’histoire de chaque film, toujours du point de vue de Rob bien sur. La forme reste la même, agréable à lire si on excepte les passages purement informatifs sur les collaborateurs du Zombie. Encore une fois malgré plus de 400 pages, on ne sait pas vraiment pourquoi un artiste intègre et avide de contrôle comme lui s’est doublement renié en travaillant sur la saga Halloween (Rob a toujours affirmé qu’il ne travaillerait jamais sur un remake ou une suite). Il reste encore pas mal de zone d’ombre après la lecture de ce « Montreur d’Ombres »

Maintenant, le récit comporte des coquilles, fautes ou petits soucis de syntaxe et de ponctuation. On a même droit à un paragraphe écrit en anglais sans que personne ne sache vraiment pourquoi. Plus gênant, quelques erreurs factuelles se sont glissées dans le récit, la famille Akkad devient Addad par exemple. Rien de très graves certes, mais quand on connaît l’univers de Rob, c’est déstabilisant. « Le Montreur d’Ombre » est un live qui comporte, en son sein, les qualités et les défauts des titres sortis chez Camion Blanc. Les points positifs sont le style de l’auteur simple, direct assez fluide malgré des apartés dispensables. Par contre on peut regretter le manque d'une véritable analyse en profondeur de la personnalité de Zombie ou de son œuvre. Pour les amateurs de l’homme, du chanteur ou du réalisateur, le livre fait plaisir à lire car on y voit le portrait d’un artiste éternellement insatisfait, insaisissable et qui, dans le domaine du cinéma n’a pas encore atteint ses limites et s’améliore de films en films, preuve en est la qualité, la prise de risque et l’intransigeance dégagée par « The Lords Of Salem », qui rappelle qu’après les deux Halloween, Rob Zombie est bel et bien un auteur et pas un simple yes-man. Mais l’homme est un mystère. Ce n’est pas pour rien que Robert Cummings l’homme de l’ombre se planque derrière un Rob Zombie avide de paillettes et de lumière.


Rédigé par : Seb On Fire | Thunder Kiss 65/ | Nb de lectures : 12628




Auteur
Commentaire
Maitre Capello
IP:83.192.29.152
Invité
Posté le: 21/08/2013 à 12h56 - (108657)
en parlant de coquilles... cette chronique se pose bien là aussi

Mon humble avis
IP:91.151.76.50
Invité
Posté le: 21/08/2013 à 14h41 - (108659)

Ce mec beneficie d'une assez grosse côte de coolitude, alors qu'il n'est simplement pas très talentueux.
Son deguisement est sympa, le cul de sa meuf aussi, mais la réalité c'est qu'il est juste bon à coller des sample et des bidouillages electro sur une musique archi simpliste...et moisie.
Dans les 90's ça passait encore, ca semblait neuf, mais aujourd'hui c'est ridicule.
Côté ciné, il n'a jamais réussi a sortir un vrai bon film. D'ailleurs le dernier, Lords of Salem,est d'ailleurs totalement navrant.
Rob Zombie surestimé ? oui et pas qu'un peu.

Seb On Fire
Membre enregistré
Posté le: 21/08/2013 à 14h49 - (108660)
"Lords Of Salem" totalement navrant, bah tu vois moi je trouve que c'est son film le plus réussi, le plus personnel et le plus ambitieux.


Mon humble avis
IP:91.151.76.50
Invité
Posté le: 21/08/2013 à 16h52 - (108661)
@Seb: Comme quoi les gouts :)
Pour ma part, n'est pas Kubrick qui veut, la dernière partie m'a fait pitié (notamment le moment ou Mrs Moon porte un t shirt de metal top evil...).


Haizatmi
Membre enregistré
Posté le: 21/08/2013 à 16h55 - (108662)
J'aime bien ton pseudo Mon Humble Avis!
J'adore Rob cinéaste, même les Halloween (les 2 même si je préfère le premier, moins mystique/bizarre). Et je pense que c'est justement cet aspect très controversé qui en fait un gars/réal intéressant.
Mais si le livre reste superficiel, je vais dépenser 30€ ailleurs...
Sa pub pour la lessive est géniale aussi!

Mon Humble Merci
IP:88.179.76.127
Invité
Posté le: 21/08/2013 à 19h19 - (108663)
@Haizatmi: Ce que je lui reprocherais, c'est d'être pas très finaud peut-être. Alors oui, il est ambitieux (notamment sur le "lords of salem" comme le souligne Seb) mais je le trouve ni assez talentueux ni assez intelligent pour arriver à faire de très bons films.
Ceci dit j'avais quand même regardé sans déplaisir Devils Rejects et le premier Haloween (pas vu le 2).
Cool d'avoir un débat d'opinion en tout cas !

jfkool
Membre enregistré
Posté le: 22/08/2013 à 00h03 - (108668)
Pour moi son dernier... CD est une tuerie monumentale!! Plus que son meilleur album et de loin, c'est l'album de rock moderne imparable par excellence. Hyper fun et puissant. Mon album de l'année tous styles confondus!

Haizatmi
Membre enregistré
Posté le: 22/08/2013 à 16h09 - (108674)
@Mon Humble Avis : Je pense que pour aimer le 2, faut vraiment avoir aimé le 1 et suivre Zombie dans son trip. Il a fait un truc qui se détache vraiment du simple remake avec une grosse partie du film qui se passe dans des rêves...
C'est un des trucs que j'aime chez lui. Par exemple, quand on voit "La Maison des 1000 Morts", on a l'impression que le film a été réalisé par un des tarés de la famille. Ca fait un effet assez spécial.

Haizatmi
Membre enregistré
Posté le: 22/08/2013 à 16h09 - (108675)
@Mon Humble Avis : Je pense que pour aimer le 2, faut vraiment avoir aimé le 1 et suivre Zombie dans son trip. Il a fait un truc qui se détache vraiment du simple remake avec une grosse partie du film qui se passe dans des rêves...
C'est un des trucs que j'aime chez lui. Par exemple, quand on voit "La Maison des 1000 Morts", on a l'impression que le film a été réalisé par un des tarés de la famille. Ca fait un effet assez spécial.

Crom-Cruach
IP:82.122.82.177
Invité
Posté le: 23/08/2013 à 22h06 - (108712)
Commencé cette biblio et la lis à petite dose. Agréable mais photo vraiment pourri dans l'ensemble.
Pour ceux qui n'ont pas aimé The Devil's Rejects (un des meileurs films de genre depuis un bail), la disco de White Zombie les deux derniers solos du bonhomme : die pigs die

shaggra
IP:84.100.201.236
Invité
Posté le: 26/08/2013 à 19h29 - (108771)
je trouve sieur Zombie bien plus talentueux que Kubrick.

Carcinos
Membre enregistré
Posté le: 28/08/2013 à 15h09 - (108790)
Si le livre ne dit rien sur la vie privée du mec, c'est peut être tout simplement parce qu'il n'a pas grand chose à en dire...

Autrement dit, celui qui cache tout n'a peut être rien à montrer. Vu comment il bosse, il a peut être pas le temps de prendre de la drogue le gus

GabinEastwood
Membre enregistré
Posté le: 04/09/2013 à 15h48 - (108921)
shaggra < Même si Rob Zombie est un réalisateur talentueux aller dire qu'il est plus talentueux que Stanley Kubrick est franchement exagéré.

Kubrick a touché à tous les styles de films où presque, alors que Rob Zombie reste dans son style de prédilection (même s'il le fait très bien).

Je reste archifan de La maison des 1000 morts qui est pour moi son film le plus barré et radical.

Pour revenir au bouquin il est très intéressant et l'on apprend pas mal de choses sur sa vie musicale et cinématographique, le tout bourré de références et d'anecdotes

RunForestRun
Membre enregistré
Posté le: 04/09/2013 à 19h29 - (108923)
@Mon Humble Merci : entièrement d'accord avec toi mec, surtout sur sa musique ^^

@shaggra : non mais là je sais même pas quoi te répondre... Il fallait juste que je le fasse quoi... Putain mais le mal du siècle c'est l'inculture crasse, pas le mal de dos bordel !

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