RIVERSIDE – Second Life Syndrome (InsideOut/Wagram) - 14/12/2005 @ 11h09
L’année dernière, je ponctuais ma kro sur Out Of Myself, le premier album de Riverside sur le thème : sont-ils capables de faire mieux et est-ce souhaitable ? Qu’en est-il donc un an plus tard de Second Life Syndrome ? Les Polonais ont-ils réussi le pari du coup double de génie ? Objectivement, il est difficile voire impossible pour un groupe ayant reçu autant d’hommages et de critiques laudatives pour une première sortie, de réaliser pareil performance. La pression, quoique bienveillante, est souvent trop forte et mauvaise conseillère. La question se pose du choix artistique. Faut-il continuer dans la même voie au risque de s’auto parodier ou bien est-il préférable de changer de cap et être confronté à la déception ? Interrogé sur la ligne musicale de Second Life Syndrome, Mariusz Duda n’a pas caché une certaine évolution essentiellement axée sur un durcissement car Riverside revendique sans équivoque ses influences métal, voire extrême ( !). Et repousse avec autant de conviction son étiquetage « progressif ». Rien de contrariant car il n’y a pas pire enfermement pour tuer dans l’oeuf toute velléité d’évolution. Porcupine Tree et bien d’autres, l’ayant bien compris, ne tiennent pas un discours différent. Si SLS constituait aujourd’hui le premier opus des Polonais, il passerait haut la main l’épreuve du feu et serait considéré comme un chef–d’œuvre intemporel. Seulement voilà, il y a désormais un avant et un après Out Of Myself. Ce qui rend la tâche plus compliquée qu’il n’y paraît. D’abord pour le groupe qui doit finir de nous convaincre qu’on a eu raison de croire en lui. Ensuite pour les fans et les kronikeurs de tous poils, pris entre le marteau et l’enclume. Soit, achever par un nouvel éloge mérité, l’irrésistible ascension d’une formation « innovante » et en faire un incontournable acteur de la scène qui nous concerne. Ou bien, diagnostiquer un essoufflement même passager, retardant pour l’instant, l’accès à une consécration qui pourtant lui tendait les bras. Bon, je ne vais pas vous faire languir plus longtemps. S.L.Syndrome est dans la continuité de O.O.Myself, sans surprises ni prises de risques inutiles. Les recettes du précédent ayant fonctionné à merveille, Riverside s’est vu obligé de les reconduire, voire de les sublimer et tant pis pour ceux qui en attendaient davantage. Il y a donc un gouffre entre le discours et l’action. On retrouve le binôme abouti de la guitare et des claviers, sous la forme des duels traditionnels mais le plus souvent en parfaite alliance. Sauf que Michal Tapaj a remplacé aux claviers Jacek Melniki et que ses interventions sont moins saillantes. La guitare elle, est plus heavy que sur OOM comme annoncé par Duda. Un Duda dont la superbe voix continue d’enluminer chacune des compositions d’une aura quasi surnaturelle. Passons sur l’intro trip hop minimaliste et qui ouvre en douceur un album, on le devine, promis à de plus lourdes agapes. Il y a, plus loin, suffisamment de pièces susceptibles de vous permettre de retrouver « l’extase » Riverside. Au nombre de ces pièces figure le titre 2, Volte Face qui démarre en trombe une chevauchée épique de près de 9 ‘avant de revenir, à peu près en son milieu, à plus de contrôle et de retenue. Le groupe semble avoir érigé en credo cette alternance de furie et d’accalmie. Assurément un modus operandi qu’il maîtrise à merveille et qui fait flores tout au long de l’album. La magnifique ballade, Conceiving You, véritable perle, pourrait largement figurer au sein d’une compile pop rock à côté de Lazarus de P.Tree. Bizarrement, Second Life Syndrome, la pièce la plus imposante composée par Riverside -15’40- présente des « trous » incompréhensibles dans son déroulement. Une montée en puissance, ou plutôt des montées, moins structurées et cohérentes qu’à l’accoutumée. Une ascension vers les cimes sensible mais, sans paliers véritablement balisés. Et pour atteindre, de manière aléatoire, un déchaînement paroxystique général où tous les instruments se mêlent dans une joyeuse fusion. Résultat impressionnant et charge d’adrénaline garantie mais il manque au rendez-vous l’intensité émotionnelle de son précurseur morceau étalon, The Same River. Toujours ce syndrome Out Of Myself. Attention, ça reste du haut de gamme et, je le redis, les combinaisons guitares/claviers trahissent un indéniable savoir faire et une patte inimitable. L’ensemble est dépourvu d’effets démesurés ou de démonstration outrancière. Ils n’en ont pas besoin ; tout est dit dans la graduation avisée des atmosphères. Et cette voix ! Mes aïeux ! Le titre 7, Reality Dream Part III est comme vous l’aurez deviné, une suite du premier album mais d’un impact plus faible, presque anecdotique. Autre morceau de choix, Dance With The Shadow de 11’ bâti sur un trip métal prog dark mystérieux et plus jouissif que sur le titre fleuve. C’est peut-être, sans doute au cœur de cette pièce, qu’une nouvelle voie s’ouvrira pour permettre au groupe d’évoluer sans chagriner quiconque. Ou rassurer les inquiets. En tout cas, voilà le style maison bien affirmé par cette récurrence de rage et d’apaisement, même si l’effet « kiss cool » ne joue plus. Alors, les Polonais ont-ils réussi leur pari impossible ? Oui et non. Faire aussi bien, de nombreuses formations s’en contenteraient. Mais après avoir placé la barre aussi haute, Riverside s’est imposé un challenge presque irréalisable. On espérait qu’il irait plus loin, il l’avait laissé entendre et finalement, SLS se présente comme le frère jumeau de OOM. Ce qui n’est déjà pas si mal et prolonge bien agréablement, un plaisir qu’on voudrait infini en bons épicuriens que nous sommes.

http://www.riverside.art.pl - 261 visite(s)


Rédigé par : Karadok | 16/20 | Nb de lectures : 14740




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Commentaire
Thomas
Invité
Posté le: 14/12/2005 à 11h33 - (22364)
Certes, pas d'évolutions notables, mais ne boudons pas notre plaisir, cet album est superbe tout comme l'était le premier.

Doudou
Membre enregistré
Posté le: 14/12/2005 à 12h26 - (22368)
Bon album en effet mais je préfère le premier. On ne retrouve plus cette émotion "anathemiène".

lol166
Invité
Posté le: 17/12/2005 à 16h40 - (22503)
belle chronique bravo.

je suis déçu par ce second opus.
mais ça je le savais deja...comment faire mieux..que OOM ?

j'espere qu'ils trouveront d'autres voix a explorer dans l'avenir.

meshujira
Invité
Posté le: 24/01/2006 à 11h34 - (23957)
Je trouve que ce disque est une merveille, je ne sais pas s'il vaut "out of myself" mais ce que je sais j'ai que je prens énormément de plaisir à l'écouter ! Pour comparer je le préfère au dernier Porcupine Tree pourtant bien bon, c'est dire... 17/20.

Noar
Membre enregistré
Posté le: 12/03/2006 à 20h18 - (25673)
Ce disque est un petit bijou, je découvre le groupe avec. C'est tout simplement magnifique, de beauté, de maîtrise et d'inspiration.

Chaque titre possède son moment fort qui fait y revenir addictivement. Ici, les longs développements musicaux ne sont jamais pénibles tant ils s'enchaînent à merveille. Tout ça est relevé par une voix magnifique, des refrains/mélodies super bien foutues qui vous prennent aux tripes.

On distingue bien chaque instrument mais les solis ou parties de grattes sont vraiment terribles, un son cristallin qui vous arrache les larmes!
de grands compositeurs, je vais me ruer sur le précédent!


rafi
Membre enregistré
Posté le: 03/02/2008 à 04h59 - (52231)
cet album est très très beau !



Kalmar
Membre enregistré
Posté le: 05/10/2009 à 21h26 - (75784)
Le meilleur de leur discographie je trouve.

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