L’ersatz, le produit de crise par excellence et il est inutile de vous rappeler que c’est la crise, n’est-ce pas ? C’est fou ce que j’ai pu me taper comme betteraves ces derniers temps en lieu et place du sucre. Le produit de substitution qui nous arrive aujourd’hui se nomme RIUL DOAMNEI par la grâce de son second album. Je confesse que j’avais jusque-là réussi à échapper à cette bande venue d’Italie. Mais il semble que leur nouveau label Axiis ait décidé de mettre un coup de fouet à la promo puisque depuis quelques temps, j’ai pu apercevoir un bon paquet de pubs dans les magazines sérieux et puis preuve supplémentaire, ce matin un lapin a reçu un promo du doux nom de Fatima.

Nos gnocchis gorgonzolas œuvrent durant presqu’une heure dans un Black Sympho qui va inévitablement amener notre esprit brumeux vers l’antre gothique de CRADLE OF FILTH. D’abord, il y a ce chanteur mimant les inflexions stylistiques de Dani sans pour autant atteindre les cris suraigus du modèle. En même temps, l’orignal n’y arrive plus non plus du coup la ressemblance est d’autant plus frappante. Ensuite, notre Dani version quatre fromages se verra lui aussi accompagné d’un chant féminin mais ce dernier se fait véritablement lyrique histoire de se différencier du modèle original. Peut-être ont-ils aussi écouté NIGHTWISH ? Afin d’enfoncer le clou, il apparaît que les césures amenant vers certains ponts plus mélodiques rappellent vraiment les enchaînements caractéristiques du combo de la perfide Albion. Le premier sentiment est d’avoir à faire à une série de faces B voire à des chutes de studio de la bande à Filth.

Bon, en fait j’exagère un poil, j’avoue c’est un peu plus compliqué que cela. En effet, nos carbonara piochent leur style finalement bien plus dans un Death mélodique made in Sweden comme en attestent les cavalcades Heavy qui parsèment ce long périple. RIUL ce serait un CRADLE mais en franchement plus Death surtout que le batteur se lance assez souvent dans des tunnels de double. De plus, un côté moderne vient nous aiguiser l'oreille mais sans le côté putassier des groupes à mèches. Non, ça reste respectueux du genre ce n’est pas un I-Pod qui a fait caca ! Ils réussissent même à éviter le piège de l’emphase grandiloquente et de la sucrerie qui nous aurait gâté les ratiches. L’assaut se veut assez souvent brutal et le batteur n’est pas effrayé à l’idée d’envoyer du blast quand cela est nécessaire. De ce fait, j’imagine que SEPTIC FLESH est une autre de leur référence surtout qu’un Grec se cache sur cette rondelle. En effet, Sakis Tolis de ROTTING CHRIST vient pousser une petite gueulante sur Of Misery and The Final Hope.

Outre la ressemblance avec CRADLE, ce qui annihile le plaisir que l’on pourrait prendre à se plonger dans ce voyage aux vagues effluves orientales, est que justement il ne s’agit que d’un léger parfum et l’ensemble sonne impersonnel au possible. Les mélodies vont et viennent sans que l’on soit une seule seconde transporté dans cet ailleurs religieux et ésotérique. Il n’y a guère que le morceau Propagande qui viendra nous réveiller de notre léthargie symphonique. De même, les ambiances sont finalement communes et on dénichera une vague trace de cette thématique orientalisante sur Altered State of Perception. Le reste de la caravane passe aussi bien dans l’horrifique que dans l’épique. Rien de bien original dans la traversée de ce désert aride. Je dois être mauvais en ce moment car il faut reconnaître qu’elle est pas mal gaulée Fatima. Ca joue bien, les morceaux tiennent la route ! Non, rien de honteux mais rien d’enthousiasmant à l’image de la prod carrée, moderne et puissante mais au final tellement froide sous un certain angle. Il manque le souffle vital, l’émotion.

Impossible de cracher sur cet album tant tout semble fonctionner mais ça n’a jamais franchi mon armure de granit. Je ne sais pas si Fatima était frigide, en tout cas l’album qui lui est consacré est lui définitivement stérile.


Rédigé par : Dark Rabbit | 11/20 | Nb de lectures : 12491