Pas de doute, le mouvement ‘doom rock’, en gros une musique un hard-rock 70’s très lourd d’obédience Sabbathienne mais à la palette mélodique plus large, reste avant tout un indécrottable phénomène américain. Sur le vieux continent, à part quelques cas isolés comme les Autrichiens de VOODOO SHOCK ou les Hongrois de MOOD, cela ne se bouscule pas au portillon. Alors je ne vous parle même pas de notre petit pays la France qui comme d’habitude se contente d’une moitié de fesse sur un strapontin au fond de la salle… Mais comme toujours, il y a l’exception confirmant la règle ma bonne dame : RISING DUST.

Mine de rien, cela fait presque huit ans que ces Parisiens revisitent à leur façon la discographie complète d’Hellhound Records. Soit l’écurie berlinoise qui, dans la première moitié des années 90, régnait sans partage dans le (petit) monde créé par les riffs de Tony Iommi, alignant des albums qui n’ont pas franchement ému grand monde à l’époque mais qui aujourd’hui sont très recherchés par les connaisseurs (THE OBSESSED, COUNT RAVEN, UNORTHODOX, etc). Hélas pour nos petits gars bien de chez nous, leur unique album à ce jour est sorti sur l’éphémère Final Chapter Records (monté par le guitariste de SERPENTCULT) qui a hélas mis la clef la porte au bout d’un an d’existence. Et à part une mini-tournée en avril 2005 avec PLACE OF SKULLS et PALE DIVINE, le groupe n’a depuis donné qu’une poignée de prestations çà et là, handicapé qui plus est par la perte de son premier batteur.

Tout ça pour dire que ‘Taste of Fire’ arrive donc à point nommé pour remettre les compteurs à zéro, dans la grande tradition des EPs servant de passerelles entre deux albums. Précédé par la réédition vinyle en début d’année de leur premier album, ce genre de sortie est par définition courte. Et, bien que dépassant les vingt-deux minutes, elle ne compte que quatre morceaux dont deux reprises un peu convenues. Dans le lot, on retrouve d’ailleurs une relecture ultra-classique d’un des titres les plus connus de PENTAGRAM, l’excellent « Forever My Queen » certes déjà repris pas mal de fois (MANNHAI, SOLACE, DRACONIAN, etc.) mais qui a le mérite en à peine plus de deux minutes et trente secondes de définir à lui tout seul le doom-rock. Mais le véritable intérêt de ce maxi réside avant tout dans ces deux nouveaux titres : tournant chacun à plus de sept minutes, ils prouvent combien le groupe a mûri ces trois dernières années. Avoir tourné avec Victor Griffin et PLACE OF SKULLS a visiblement laissé des traces et le jeu de guitare s’est enrichi d’influences 70’s voire limite rock sudiste, tout en se dédouanant de l’ombre de BLACK SABBATH. L’arrivée derrière les fûts de Medhi d’HANGMAN’S CHAIR y contribue aussi pas mal. Alors peut-être que le style de chant assez particulier et nasillard, proche de SHEAVY, en froissera quelques-uns, tout le côté très ‘roots’ de l’ensemble mais nom de Zeus, sans aucun chauvinisme, on tient là le genre de groupes qui aurait parfaitement sa place sur le label de Lee Dorrian de CATHEDRAL (Rise Above) et qui n’aura pas à baisser la tête la prochaine fois qu’il croisera le fer avec Scott ‘Wino’ Weinrich par exemple…


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 3.5/5 | Nb de lectures : 10494