Rogga Johansson, c’est un peu mon STRIBORG à moi. Sauf que contrairement à notre Prince de Lu national qui part en courant dans la direction opposée en hurlant des insanités dès qu’il aperçoit le chapeau pointu du diable tasmanien, j’accueille à l’inverse chaque nouvelle offrande de mon stakhanoviste suédois préféré comme une nouvelle paire de charentaises toute neuve faite sur mesure. C’est que Monsieur sait faire battre mon petit cœur de nostalgique de la scène suédoise de la grande époque (ah bon ? Vous n’aviez pas remarqué ?) avec, toujours intact, ce sens de l’accroche qui fait à chaque fois mouche. Sauf que sous ma carapace de grand dur (grrr), je sais de temps en temps rester objectif et je serais le premier à avouer que la saturation n’est plus très loin, même si depuis un an environ, mon potos putride a quelque peu calmé ses ardeurs, n’ayant sorti ces douze derniers ‘que’ trois albums sous trois noms différents.

Le pire est que ce quatrième album de RIBSPREADER confirme les (timides) avancées des derniers REVOLTING ou DEMIURG. Et notamment les efforts faits sur la mélodie. D’ailleurs, exactement comme sur le dernier REVOLTING (‘The Terror Threshold’) le titre le plus étonnant de ce quatrième album est… un instrumental zarbi, nommé « Going To L.A. » où une guitare croise le fer avec une basse saturée dans une sorte de danse morbide. Mais pour le reste, dans l’absolu, RAS. Johansson est toujours bloqué sur le début des années 90 et fait toujours une fixette sur les mêmes groupes.

Sauf que si avec PAGANIZER c’est GRAVE et ENTOMBED qu’il a en ligne de mire, avec RIBSPREADER, il a franchi l’Atlantique et tente de retrouver l’immédiateté du DEATH de la grande époque, celle de ‘Leprosy’. Et sur ce dernier point précis, c’est encore et toujours bingo : on rentre dans ‘The Van Murderers’ comme un couteau dans du beurre chaud, surtout que le tout ne s’embarrasse pas d’intro inutile ni d’autres trucs à la con. Et pour l’occasion, en plus du batteur norvégien au nom parfait pour une partie de Scrabble (Brynjar Helgeton) qui s’était déjà illustré sur le dernier PAGANIZER justement, il a été assisté du Ricain et maître à penser de CRYPTICUS (encore un coup de la RAZORBACK connexion !) Patrick Bruss qui, en plus du mix et du mastering, a saupoudré le tout de solos pas démonstratifs pour un sou mais qui apporte un contrepoids harmonique bienvenu. Et histoire de dire que le taulier n’a pas non plus ménagé ses forces, il s’est même fendu pour la première fois d’un concept, assez ténu certes, sur les aventures forcément pleine d’hémoglobine de deux tueurs-en-série, même si le tout s’apparente plus à une ambiance qu’à une véritable histoire à la KING DIAMOND.

Alors est-ce que tout cela fait de ‘The Van Murderers’ le disque de Rogga Metal ultime ? Bien sûr que non, Monsieur souffrant toujours d’une certaine redondance qui transpire toujours autant. Mais en démontrant qu’il pouvait faire un peu le tri (le tout ne fait qu’une demi-heure bien remplie et se termine juste avant de commencer à nous emmerder) et surtout en confirmant les (timides) efforts d’émancipation qu’il concède depuis un an, il prouve qu’il est sur la bonne voie. Allez, encore un effort Rogga, tu vas nous le pondre ton putain de chef-d’œuvre attendu depuis Mathusalem !


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 13/20 | Nb de lectures : 12255