13 ans... C'est le nombre d'années qu'il aura fallu à Al Jourgensen pour ressortir de ses cartons REVOLTING COCKS, REV CO pour les intimes, un de ses projets créés au cours des années 80. N'allons pas croire que la renaissance des REVOLTING est dûe à une pause de production du côté de MINISTRY, car Jourgensen ne chome pas et sort un album pour chacun de ces deux projets en 2006. La volonté est ici bien différente, une productivité prolifique de sa part et la volonté de marquer qu'après 25 ans de carrière il n'est pas à court d'idées!

Sirènes en guise d'introduction sur le premier titre "Fire Engine", le ton est donné d'entrée de jeu: planquez tout ce qui craint chez vous car cet album est une véritable machine à faire bouger, décadante, perverse et totalement déjantée. Bien loin d'un one man project, REV CO est une véritable foire aux guests puisque Jourgensen profite de l'occasion pour inviter toute sorte de personne qu'il admire et/ou respecte: Jello Biafra (DEAD KENEDYS), Gibby Haynes (BUTT HOLE SURFERS), Rick Nielsen et Robin Zander (CHEAP TRICK), Billy Gibbons (ZZ TOP), Stevie Banch (SPYDER BABY) ou encore Phildo Owens (SKATENIGS) ont donc été conviés à participer à cette orgie débridée. C'est donc sans surprise qu'on retrouve de tous les styles sur "Cocked and Loaded": une énorme dose de rock couillu ("Fire Engine", "Caliente" sur lequel viennent se poser les lyrics du "Dark Entries" de BAUHAUS, "Dead End Streets", "Pole Grinder" et sa ligne de basse à la BLUES BROTHERS), des ambiances plus lounge ("10 Millions Ways To Die"), des titres coup de poing ("Jack In The Crack" et son accélération centrale qui laisse KO, "Devil Cock" aux guitares très typées MINISTRY), ou encore des moments purement indus ("Viagra Culture"). C'est rien de dire qu'on ne s'ennuie pas une seule seconde à l'écoute de ce nouvel opus miraculeux, chaque titre ayant son identité propre (excepté peut-être "Devil Cock" aux relents trop MINISTRYiens), son petit passage de génie, et surtout une âme en béton armé prête à botter le cul à tous les blaireaux trop lisses qui peuplent le paysage musical de ce début de 21ème siècle. Quant à la cohésion de l'ensemble, même si sur le papier on pouvait craindre à un fourre-tout, à une farce sans queue ni tête, Jourgensen a réussi le pari de cimenter le tout avec génie pondant une galette consistante mais qui se déguste d'une traite.

Chaque titre de "Cocked and Loaded" est un pur moment de bonheur ou le fun semble être le mot d'ordre! Pas de prise de tête, pas de titre calibré, le groupe envoie la sauce tout au long des 10 titres proposés et signe des paroles empreintent d'un second degré pour encore et toujours tirer à boulets rouges sur le grand ennemi du père Al, la famille Bush ("Devil Cock", "Revolting Cock Au Lait" ou "Prune Tang"). Le sommet du délire arrive à point avec le dernier titre, "Revolting Cock au Lait": reposant entièrement sur la rythmique de "We Will Rock You" des QUEEN, on entend une douce voix d'hôtesse de l'air qui nous remercie d'avoir écouté l'album avant de scander des paroles... comment dire... empreintes de phylosophie (!), le tout accompagné de cuivres et de sons de cloches totalement décalés. Une sorte de générique de fin d'un film sonore qu'on ne pensait plus possible à notre époque.

Si vous pensiez que le terme rock'n'roll n'avait plus sa place dans les musiques actuelles et correspondait surtout à des groupes au son trop vintage pour vous, si vous pensiez que l'attitude rock'n'roll faisait définitivement partie du bon vieux temps, jetez une oreille à "Cocked and Loaded" car tout ceci a été remis au goût du jour par un groupe qu'on attendait pas en si grande forme. Une attente récompensée à sa juste mesure!


Rédigé par : Foofur | 16/20 | Nb de lectures : 13881