Si on s’attarde une seconde sur le nom du groupe on peut se rendre compte que c’est un joli palindrome, d’un côté on s’en fout mais bon, ce n’est pas le cas de tous les groupes. Si on veut continuer à se prendre la tête on peut imaginer une échelle des temps sur laquelle on aurait planté le nom du groupe en se servant du I comme pieux. Si le I est planté en 1995 et que le R final arrive en 2005, soit la date de sortie de l’album, le R initial se retrouve donc ancré en 1985, soit en plein milieu de la période référence dans laquelle Reviver puise toute son inspiration.

Voilà pour la prise de tête, il en fallait bien une petite dose puisque ce n’est pas la musique qui va nous torturer les méninges. Simple, direct, efficace, bref heavy métal. Imaginez que Strato et tous ses clones ne soient pas encore nés ou qu’on ait remis Yngwie à sa place quand il était encore temps ! Retournez à une époque où c’était la honte d’avoir un synthé dans le groupe (ouh, Bon Jovi). On a quoi ? Du heavy métal, une musique où on se concentrait à mort sur les grattes, riffs et solo, sans que ça vire au déballage intempestif. Ici, pas de plans progressifs technico-démonstratifs, pas d’envolée néoclassique, pas de brutalité insoutenable, rien de tout ça, juste du métal comme on savait le faire dans les années 80. Le chanteur officie forcément dans un registre chant clair mais y apporte une certaine agressivité avec quelque passages légèrement rauques, souvent haut perché ; on est cependant loin des plagieurs de M. Kiske qui ont proliféré il y a quelques années. Le chanteur comme les musiciens reste mélodique tout en gardant la hargne, ce qui s’entend sur tous les morceaux de l’album. Le premier titre « Osiris Eyes » (après une courte intro) est une déflagration métallique purement jouissive où on retrouve tous les éléments qui font qu’on adore ce style : double grosse caisse, rythmiques en acier trempé, solo, riffs mélodiques et chant clair à la fois aigu et puissant. De nombreux groupes actuels ont tendance à revenir à ses sacro saintes racines et nous font vivre ce que nous n’avons pas pu vivre en direct dans les 80’s, Dream Evil et Wolf entre autres. Légèrement passéiste dans l’approche on ne peut cependant pas parler de régression puisque les groupes ne cherchent pas à obtenir un son daté bien au contraire. Grâce aux techniques d’enregistrement modernes ils apportent la puissance qui faisait défaut à certaines productions de l’époque. « Watch out ! » envoie la purée ; «Gates of time » fait péter les grumeaux, bref aussi bon que la purée mousseline de belle maman mais largement moins culcul la praline !

Si vous faites encore partie de ceux que l’on nomme « chevelus », faites vous une belle frange juste au dessus des sourcils ou un beau mulet pour les plus courageux (si vous ne savez pas faire demandez à un voisin allemand, ils sont pros dans ce domaine). Ressortez la veste à patches, le jean moule-burnes et les baskets montantes, prenez une canette dans une main et levez l’autre bien haut en faisant le signe du diable : vous êtes parés pour écouter Reviver.


Rédigé par : Dark Tranquilou | 15/20 | Nb de lectures : 10298