"Chamber of Divine Elaboration" (CoDE) est le second album du trio français, qui pointe son nez deux ans après le premier album. Je ne vais pas vous refaire la bio du groupe, qui est déjà abordée dans la chronique du premier album, mais je vais juste signaler le « 4 ways split » paru entre les 2 albums en compagnie de Blut Aus Nord, Bloodoline et Karras, le tout chez Panik Terror Music.
Si le premier album pouvait être abordé en tant qu’album de black metal (et encore…), écouter ce nouvel album de cette façon serait une erreur, et reviendrait à passer complètement à côté du groupe. Pourquoi ? Mais tout simplement parce que le groupe n’utilise quasiment plus aucun code du black metal. L’imagerie, d’abord, est totalement décalée. Le groupe est allé plus loin dans l’exploitation des visuels industriels post-apocalyptiques, préférant les usines et les complexes industriels aux cimetières et aux forêts enneigées. De plus, le look des membres du groupe n’a rien de black metal (mine de rien, c’est important les pandas dans le BM). Enfin, et c’est le plus important, musicalement, ça n’a plus rien de black metal. Dans CoDE, point de blast, points de tremolos haineux ou de riffs assassins et vengeurs. Mais plutôt un métal teinté de sonorités industrielles, désespéré et désespérant, lourd, pesant, exprimant la détresse du monde. A l’écoute de l’album, une association m’est venue. Cet album me fait penser au film 12 Monkeys (l’Armée des 12 singes, pour les anglophobes). On a le sentiment d’être dans un même genre d’atmosphère post-apocalyptique, dans lequel l’humanité survit dans un univers désolé, dans lequel les techniques et les sciences sont primordiales, mais où le désespoir règne. Mais au contraire du monde dans lequel vit Bruce Willis, I. Luciferi et ses sbires racontent la survie de l’Homme, qui n’essaie pas de changer le passé, mais bien de trouver un futur au moins vivable, à défaut de meilleur. Cet album n’est que souffrances, interrogations, hésitations, déceptions, il n’est que survie en fait. Toutes proportions gardées, cet album me fait également pensé au "Monotheist" de Celtic Frost, à savoir un monstre froid, mélodique, pachydermique, mais surtout implacable. Le groupe expérimente, cherche une nouvelle façon de faire du metal post-apocalyptique, et réussit à transmettre ses recherches à l’auditeur qui se trouve angoissé et pris à la gorge à l’écoute de cet album. Les détails se dévoilent au fur et à mesure des écoutes, et même après maintes écoutes, l’intérêt est toujours là, et l’oreille à l’affût de sonorités plus sombres ou plus optimistes dans son univers délabré.
La version promo de l’album m’est parvenue sans le livret, qui, si j’ai bien compris, est indispensable pour comprendre le thème et l’histoire développée dans l’album. Mais que le groupe se rassure. Point de livret n’est obligatoire pour s’imaginer un univers froid, désolé, hostile, et un groupe d’humain luttant pour sa survie, pour la survie de l’Humanité. Cet album est un film d’anticipation sonore, et c’est là la grande force du groupe. Ne cherchez pas à coller une étiquette à ce groupe (et c’est moi qui dis ça…), tentez l’aventure, tentez l’opération de survie, tentez ce nouvel album de Reverence.


Rédigé par : Kryde | 17/20 | Nb de lectures : 12699