Dans la vie, il faut des repères, des choses immuables qui, quoi que l’on fasse, où que l’on soit, ne changeront jamais. Ces repères permettent de se structurer, de se retrouver, de se sentir chez soi. REVENGE est un de ces points de repères sur lesquels ont peut compter. Un logo illisible, des pochettes noires et blanches, trois mots, deux points, deux lignes blanches. Quoi qu’il arrive, si on se perd entre des disques de Beatdown Est Allemand Fluo, de European Neo Folk brune, de Punks à Roulettes, de West Coast Lower East Side New Jersey Hatecore, de Brutal and Technical Subaquatic Death Detal, on sait qu’on peut toujours retrouver son chemin grâce à REVENGE aka la Violence, la Brutalité, la Sauvagerie, la Haine.

Black Metal ? Death Metal ? Grindcore ? War Metal ? Tout ça on s’en fout, les étiquettes c’est bon pour les faibles, REVENGE lui est fort et puissant, il n’a pas besoin d’étiquette pour casser des gueules. REVENGE c’est REVENGE. Deux points, deux barres. REVENGE c’est le groupe qui t’arrache la mâchoire dès la première seconde du premier titre, à savoir « Scum Defection (Outsider Neutralized) ». Il suffit donc d’une poignée de secondes pour se rendre compte que non, REVENGE ne s’est pas « vendu » en signant chez Season Of Mist. Petit aparté : oui, pour certains puristes du net, Season Of Mist ne vaut pas mieux qu’un vulgaire Universal ou qu’un Sony Music. Fin de l’aparté. Non, James Read ne s’est pas vendu, au contraire, ce disque est peut être le plus dinguo de la discographie de l’enragé canadien. Les blasts sont plus fasts que jamais, (« Wolf Slave Protocole (Choose Your Side) »), les breaks plus moshy que jamais (« Mobilization Rites ») et la voix plus animale que jamais (« Mass Death Mass »). « Behold. Total. Rejection » est un pitbull en rut qui te chique les mollets jusqu’à l’os. Le genre de bestiau qui ne lâchera sa proie que lorsque celle-ci sera crevée sur le bord du caniveau. Pas avant.

On va dire que REVENGE c’est toujours pareil. Je rétorquerai que oui et non. Oui parce que, James Read n’a aucune raison de changer sa recette, il fait ce qu’il sait faire de mieux et que seul lui sait faire. REVENGE n’a pas de clone, il est unique dans son genre, même les groupes de War Metal les plus bas du front ne peuvent pas vraiment rivaliser avec la bestialité du canadien. Pourtant, si la base est la même, « Behold. Total. Rejection » amène un peu de nouveauté. Une touche grindcore exacerbée ici au détriment du black metal qui se positionne plus en retrait. Je prends pour exemple, certaines parties vocales « sonorités de bidet qu’on dégorge » et la brièveté de certains morceaux (« Mass Death Mass » ou « E.T.H.R ») qui affichent moins de deux minutes au compteur. Pour compenser, James envoie deux titres qui avoinent sans discontinuer pendant près de sept minutes. Ces grandes variations de durée sont inédites chez le canadien. Maintenant, LE changement de cap de REVENGE tient dans sa production. Ce disque sonne presque clair, le son est presque bon dites-moi. Bon on peut regretter que les guitares soient encore bien trop loin dans le mix comparées à la batterie et à la voix qui occupent tout l’espace mais cette fois les soli complètement out of this world sont distincts et l’écoute est facilitée parce qu’on va pas se mentir, les premiers disques pouvaient piquer les plus chastes oreilles, ici c’est moins le cas. Ce sera le seul privilège accordé à Season Of Mist : un son audible. Puriste ou non, j’aime bien ce son qui offre au groupe un surplus de puissance sans pour autant amoindrir la bestialité de l’ensemble.

REVENGE reste REVENGE et conserve aussi ses petits défauts, une certaine linéarité dans « la musique », une absence de temps vraiment forts (mais peut-être est-ce parce que tout le disque est un temps fort ?) et un son toujours un peu fouillis/sale/crust/enregistré dans une grotte. Pourtant, après tout ce qui vient d’être dit, ce qui continue de m’esbaudir c’est ce jeu de batterie totalement halluciné qui, plus que tout le reste, est la vraie marque de fabrique de REVENGE. Un jeu primal, primaire, primitif qui dégage quelque chose de foncièrement archaïque, de franchement mauvais. Avec un son tellement caractéristique, comme si ce gars frappait sur des toms en peau humaine, la peau de tous ceux qui ont baissé pavillon et rendu les armes devant l’animalité brute de REVENGE. « Behold. Total. Rejection » laisse pantois, épuisé par tant de sauvagerie primitive. REVENGE est comme ces films de cannibales italiens des seventies/eighties, il se dégage quelque chose de vraiment primitif et moins qu’humain de tout ça, quelque chose de vraiment sale et primal. La place de « Behold. Total. Rejection » dans la discographie de REVENGE ? En haut. Tout en haut.




Rédigé par : Seb On Fire | 16.5/20 | Nb de lectures : 10432