Le secret d'une bonne kronik c'est de savoir capturer l'attention du lecteur dès les premiers mots. Avec ce groupe je pense que dire que Martin López et Martin Méndez en faisaient partie devrait suffire. C'était certes il y a bien longtemps, quand le groupe était encore un groupe de black metal mélodique et que ses membres étaient maquillés. Depuis de l'eau a coulé sous les ponts, le groupe ou du moins son leader guitariste/chanteur José Romero a quitté son Uruguay natal et s'est exilé à New York où il a recruté un bassiste et Alex Hernandez, connu pour avoir été un temps batteur de IMMOLATION. Une fois ce line-up au complet et histoire de continuer de nous faire voyager le groupe a signé sur Trinity Records, un label de Hong Kong.

Après écoute de ce second album, je peux affirmer que le voyage en valait vraiment la peine. Fini le black metal peinturluré des débuts. Place à un métal progressif alambiqué où se mêlent adroitement et pêle-mêle passages black, death, thrash, progressifs, folklo-acoustiques voire metalcore et jazzy quelque part au point de rencontre de ARCTURUS, WINDS, OPETH, CYNIC et DREAM THEATER. Le niveau technique des musiciens est plutôt élevé. Je ne connaissais pas ce José Romero mais il est capable de nous composer et de nous jouer des quantités industrielles de riffs bien puissants ou de petites mélodies. Sa palette est également plutôt large au niveau du chant. Il évolue entre un chant clair nasal qui m'a par moment étrangement rappelé celui de Ludovic Loez de S.U.P. qui ne plaira pas à tout le monde et des parties de chants plus agressives, hurlées, à mi-chemin entre le death et le black. Le chant est paradoxalement peut-être le point faible de cet album. Il ne m'a personnellement pas gêné mais je suis sûr que certains le trouveront trop faiblard dans tous les domaines (et ils n'auront pas vraiment tort) en comparaison de la musique. En effet sorti des parties de guitares, le bassiste se révèle d'un très bon niveau. Je ne sais pas qui est ce Maciej Kupiszewski qui ne semble pas avoir de background, du moins dans le milieu métal mais il est très bon et apporte sur cet album quelques touches jazzy. Alex Hernandez n'est lui pas un inconnu et sa prestation sur cet album se révèle également de très bonne qualité. Comme quoi il est possible de faire un album original et assez barré sans partir dans la surenchère de breaks et de rythmiques syncopées (désolé mais je ne suis pas client de MESHUGGAH ou de TEXTURES...) et en restant un minimum mélodique. Reste que certaines parties manquent un peu d'originalité, notamment les passages rapides typés black qui ont un peu tendance à tous se ressembler et à être assez bateaux. C'est peut-être volontaire de la part du groupe afin de créer un contraste surprenant avec la partie barrée qui arrive bien souvent après ces parties rapides. Bref cet album est bon mais pas exempt de défauts.

Comme son nom l'indique "Philosopher" parle des philosophes. Chacun des titres de cet album parle d'un grand penseur et de ses idées: Gautama, Seneca, Rousseau, Heraclitus, Nietzsche, Kierkegaard et Tzu. Le dernier titre parle des idées de José Romero, idées qu'il a développé il y a quelques années dans un livre intitulé "Escritos Prohibidos" (Ecrits interdits). N'ayant pas les paroles, je n'irai pas plus loin dans ce développement et laisserai aux auditeurs tout le loisir de se renseigner un peu plus.

Voilà un groupe qui possède un potentiel assez imposant. Avec un chanteur digne de ce nom et un peu plus d'originalité dans certaines parties rapides extrêmes, il pourrait vraiment devenir la réponse américaine aux groupes avant-gardistes techniques scandinaves. Réponse en 2008, quand sortira le prochain album du groupe...


Rédigé par : Sheb | 13.5/20 | Nb de lectures : 12120