De toutes façons, le sens du timing de REPUGNANT a toujours été exécrable : déjà, ce groupe formé à Stockholm en 98 s’est mis en tête de faire du bon vieux death-metal à l’ancienne au moment où tout le monde voulait jouer du black-metal. Ensuite, à l’origine sorti en 45 tours sur To The Death Records dans l’indifférence générale l’année suivante, 'Hetacomb' est ensuite ressorti en CD (avec un morceau bonus) en 2000 en en touchant une sans faire bouger l’autre du public comme on dit dans les milieux autorisés.

Et le pire, c’est que derrière, cela a continué : bien qu’enregistré en 2002, leur unique album à ce jour (‘Epitome Of Darkness’) n’est finalement sorti en catimini que quatre ans plus tard ! Et lorsque leur chanteur, guitariste et surtout compositeur principal Tobias ‘Mary Goore’ Forge s’est enfin décidé à réactiver le groupe en 2010 après qu’il se soit rendu compte que son nom était révéré par la (jeune) relève de la scène old-school, ce fut six mois plus tard pour voir son petit projet parallèle fantomatique prendre soudainement toute la place, l’obligeant une nouvelle fois à mettre REPUGNANT en suspend. Jusqu’à la prochaine fois…

Mais bon, revenons à nos moutons, à savoir la réédition (la seconde donc) de ce premier EP ‘Hecatomb’ : alors d’abord, pour ceux qui à l’époque comme moi avaient acheté un exemplaire, je vous préviens d’entrée, pas la peine de s’emmerder à racheter celui-ci car à part le format digipack, il n'y a aucune différence. Non, cette ressortie opportune à l’époque où donc le death à l’ancienne est de nouveau en odeur de sainteté et où le nom de REPUGNANT revient très souvent, en général attaché à celui de KAAMOS, dans la bouche de ceux qui parlent avec révérence des rares gardiens du temple qui leur ont donné envie de se ressortir la pédale Heavy-Metal Boss s’adresse clairement avant tout aux petits jeunes qui ont pris le train en marche.

Or justement, autant je continue à penser que ‘Epitome Of Darkness’ reste l’un des meilleurs disques de death des années 2000 (et je pèse mes mots), autant je continue de voir ‘Hecatomb’ comme ce qu’il est, c’est-à-dire une œuvre de jeunesse, avec ses avantages et ses défauts. Il faut dire qu’à l’époque, le groupe sonnait avant tout comme une version plus thrashy de CELTIC FROST (reprise de « The Usurper » en fin de parcours à l’appui) et moins comme ce mélange plus extrême et tordu (et donc plus unique) de NIHILIST et de GROTESQUE qu’il deviendra par la suite. Cela ne le rendait pas moins intéressant, mais juste un chouia plus prévisible et conventionnel on va dire, même si le tout baignait déjà dans une belle ambiance bien morbide.

Par contre, ce qui était déjà présent, c’était cette compréhension innée de la ‘bonne’ façon d’écrire une chanson. Dix ans avant « Satan Prayer » ou « Ritual », Forge avait déjà compris, même dans un format dit extrême, l’importance de bons arrangements et du refrain-qui-tue au bon moment. Surtout qu’il savait déjà bien s’entourer, comme ici par l’ex-DISMEMBER Fred Estby à l’a production, Chris Piss de KAAMOS et GRAVE à la batterie ou encore Johan Wallin de GENERAL SURGERY à la guitare. Après, le tout reste cruellement court : dix-sept minutes comprenant une intro et une outro par définition un peu inutiles. Et pour cette troisième édition, on aurait apprécié d’avoir droit à quelques bonus, comme pourquoi pas la démo ‘Spawn Of Pure Malevolence’. Mais connaissant la réputation pas toujours flatteuse du label, mon petit doigt me dit qu’on a encore droit ici à un truc semi-autorisé, ou en tous cas opéré sans l’aval de ses créateurs, do’ù ce service minimum. En même temps, entre ça et payer des fortunes sur EBAY ou télécharger des mp3 pourris…

Une petite séance de rattrapage qui fait du bien aux cages à miel quand même, ugh !


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | Réédition/ | Nb de lectures : 14298