REMEMBRANCE - Fall, Obsidian Night (Firedoom/Season of Mist) - 16/03/2011 @ 08h27
Philosophes de comptoir, amoureux des zincs collants couverts de cacahuètes, à ceux qui gravent des aphorismes douteux sur leurs sous-bocks trempés : cette chronique vous est adressée.
...et au fait c'est quoi un groupe?
Un regroupement de musiciens qui jouent ensemble quoi. Ils ont des idées là, parfois un propos, un bagage technique de temps en temps et ils s'énervent tous ensemble pour griller les lampes de leurs amplis et crever leurs peaux. Oui la batterie mais pas que.
Et parfois, parfois ça sonne tellement bien qu'on aimerait bien pérenniser le truc. Et puis comme un groupe se distingue toujours de la somme de ses membres, on le baptise. Non, rien à voir avec le rite.
Et oui parfois un seul patronyme ça ne suffit pas.
Alors de LETHIAN DREAMS à REMEMBRANCE qu'est-ce qui se passe? On a des musiciens, un noyau dur en tout cas, Matthieu Sachs et Carline Van Roos qui s'accordent un espace de composition différent. Finalement n'est-ce pas curieux de considérer qu'un groupe se cristallise autour d'une conception limitative de son registre? Pas tant que ça. Il y a bien des écrivains ou des metteurs en scène qui emploient des pseudos pour libérer leur écriture. On est quand même bien loin d'un Jean Rollin tournant le honteux "Lac des morts-vivants" sous le nom de J.A Lazer. Nos Lillois travailleraient davantage à la manière de leurs voisins de S.U.P/SUPURATION, toute considération stylistique écartée.
Le truc c'est qu'il y a une puissante connexion entre les groupes concernés. Ne serait-ce que leur nom justement. LETHIAN DREAMS évoque l'oubli dans les remous du fleuve Léthé, quand REMEMBRANCE renvoie directement au souvenir. Saperlotte. En poussant l'analogie un peu plus loin, le doom éthéré du premier peut se vivre comme une invitation à l'abandon, là où le second avec son Funeral doom ancre fermement dans la conscience douloureuse des choses. Plus encore avec « Fall, Obsidian night ».
Avec ce nouvel album, REMEMBRANCE reprend le procédé développé sur « Silencing the moments » pour l'emmener un peu plus loin. Les éléments funeral doom s'articulent parfaitement avec des accents death/doom très britannique. Si les tempos restent évidemment très bas, on prend plaisir à suivre des structures rythmiques dynamiques sur les passages où le death atmosphérique reprend ses droits. Pour le reste, c'est l'opacité poisseuse du spleen percé de jaillissements lumineux saisissants. Les apparitions vocales de Carline Van Roos sont autant de couloirs de respirations dans le mur de growls de son acolyte. La dialectique n'est jamais simpliste, si bien que l'équilibre général des titres est excellent.
Si le groupe s'inscrit naturellement auprès de groupes comme SHAPE OF DISPAIR, il n'oublie pas de refuser toute codification trop rigide et part régulièrement explorer les diverses facettes du doom. Pas moyen de s'ennuyer avec des albums de cet acabit. Comme si ce n'était pas suffisant, une couche de noirceur supplémentaire a été apportée depuis le précédent album, l'auteur semble invité à se murer définitivement dans la misanthropie face à l'effondrement du Monde. La nature tient le beau rôle dans un univers où le repos ne s'envisage que dans l'isolation et le dénuement.
« Fall, obsidian night », titre de l'album et refrain lancinant du dernier morceau s'incruste tel un mantra dans l'esprit. Comme un écho qui accompagne vos déambulations sur les sentiers tracés par REMEMBRANCE.
"Les apparitions vocales de Carline Van Roos sont autant de couloirs de respirations dans le mur de growls de son acolyte."
joli...
J'allais d'abord râler au sujet de cette intervention justement après avoir écouté le titre The Omen. Mais les petites connotations folk sur Stone Mirrors m'ont assez surpris, ça rend bien ! Vendu pour moi donc - c'est important l'aération ! surtout dans la mine de plomb qu'est cet album.
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...et au fait c'est quoi un groupe?
Un regroupement de musiciens qui jouent ensemble quoi. Ils ont des idées là, parfois un propos, un bagage technique de temps en temps et ils s'énervent tous ensemble pour griller les lampes de leurs amplis et crever leurs peaux. Oui la batterie mais pas que.
Et parfois, parfois ça sonne tellement bien qu'on aimerait bien pérenniser le truc. Et puis comme un groupe se distingue toujours de la somme de ses membres, on le baptise. Non, rien à voir avec le rite.
Et oui parfois un seul patronyme ça ne suffit pas.
Alors de LETHIAN DREAMS à REMEMBRANCE qu'est-ce qui se passe? On a des musiciens, un noyau dur en tout cas, Matthieu Sachs et Carline Van Roos qui s'accordent un espace de composition différent. Finalement n'est-ce pas curieux de considérer qu'un groupe se cristallise autour d'une conception limitative de son registre? Pas tant que ça. Il y a bien des écrivains ou des metteurs en scène qui emploient des pseudos pour libérer leur écriture. On est quand même bien loin d'un Jean Rollin tournant le honteux "Lac des morts-vivants" sous le nom de J.A Lazer. Nos Lillois travailleraient davantage à la manière de leurs voisins de S.U.P/SUPURATION, toute considération stylistique écartée.
Le truc c'est qu'il y a une puissante connexion entre les groupes concernés. Ne serait-ce que leur nom justement. LETHIAN DREAMS évoque l'oubli dans les remous du fleuve Léthé, quand REMEMBRANCE renvoie directement au souvenir. Saperlotte. En poussant l'analogie un peu plus loin, le doom éthéré du premier peut se vivre comme une invitation à l'abandon, là où le second avec son Funeral doom ancre fermement dans la conscience douloureuse des choses. Plus encore avec « Fall, Obsidian night ».
Avec ce nouvel album, REMEMBRANCE reprend le procédé développé sur « Silencing the moments » pour l'emmener un peu plus loin. Les éléments funeral doom s'articulent parfaitement avec des accents death/doom très britannique. Si les tempos restent évidemment très bas, on prend plaisir à suivre des structures rythmiques dynamiques sur les passages où le death atmosphérique reprend ses droits. Pour le reste, c'est l'opacité poisseuse du spleen percé de jaillissements lumineux saisissants. Les apparitions vocales de Carline Van Roos sont autant de couloirs de respirations dans le mur de growls de son acolyte. La dialectique n'est jamais simpliste, si bien que l'équilibre général des titres est excellent.
Si le groupe s'inscrit naturellement auprès de groupes comme SHAPE OF DISPAIR, il n'oublie pas de refuser toute codification trop rigide et part régulièrement explorer les diverses facettes du doom. Pas moyen de s'ennuyer avec des albums de cet acabit. Comme si ce n'était pas suffisant, une couche de noirceur supplémentaire a été apportée depuis le précédent album, l'auteur semble invité à se murer définitivement dans la misanthropie face à l'effondrement du Monde. La nature tient le beau rôle dans un univers où le repos ne s'envisage que dans l'isolation et le dénuement.
« Fall, obsidian night », titre de l'album et refrain lancinant du dernier morceau s'incruste tel un mantra dans l'esprit. Comme un écho qui accompagne vos déambulations sur les sentiers tracés par REMEMBRANCE.
Rédigé par : #Guillaume# | 15/20 | Nb de lectures : 12630