Quelques mois seulement après la sortie du troisième album de NASUM, l’autre groupe majeur de grind suédois, voici que REGURGITATE se décide, lui aussi, à enfin nous faire grâce de son troisième opus mais dans un registre nettement moins édulcoré. Certes Relapse dans sa grande mansuétude nous avait fait l’aumône, l’an passé, de la réédition en cd d’un mini lp pour mieux nous tenir en haleine mais cette mise en bouche avait décidément un goût de trop peu. REGURGITATE s’est donc enfermé au Soundlab Studios avec Mieszko Talarczyk (NASUM / GENOCIDE SUPERSTAR) derrière les consoles pour notre plus grand plaisir. Pour compléter le boulot avec tendresse ils ont confié la masterisation à Scott Hull (AGORAPHOBIC NOSEBLEED / PIG DESTROYER) afin de conférer à « Deviant » les caractéristiques les plus dévastatrices qu’il soit. Faut dire qu’ils ont assez bien réussi leur coup car « Deviant » est particulièrement brutal et primal. Les influences des vieux groupes de grind (à savoir NAPALM DEAHT et EXTREME NOISE TERROR) sont toujours présentes. De même, le chant écorché de Rikard Jansson (un prénom qui ferait fureur du côté de Marseille…) accompagné parfois de growling gutturaux à souhait, reste toujours aussi douloureusement déchirant. REGUGITATE ne donne pas dans la nuance, ni dans le compromis mercantile. Les vingt-sept titres de « Deviant » nous servent un peu moins d’une demie heure d’un grindcore extrême, primal et dévastateur. On remarque tout de même entre deux mitrailles de blast des résurgences de punk (surtout dans les rythmiques) mais également des petits clins d’œil au crust et au hardcore. Il y a même une mosh-part sur « Blind fiends of chaos ». Pourtant, la totalité de l’album s’enchaîne avec un frénétisme épuisant qui laisse planer, à son terme, un silence devenu presque contre nature. Saluons au passage l’excellente et limpide production, de même que l’esthétisme réussi de l’artwork. Pendant que NASUM ouvrait de nouvelles voies dans sa recherche d’identité musicale, REGURGITATE enfonçait le clou en composant cet album qui clame haut et fort son allégeance à une certaine idée du grind dont l’absence se fait souvent cruellement ressentir.


Rédigé par : Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 7784