Ca doit être bien pratique ces programmes internes de punition. A l'aide d'une simple télécommande, vous pourrez aisément punir la mégère qui partage votre vie sans même devoir vous lever de votre siège pour lui mettre une volée. En cas de délit de non-obéissance conjugale, une simple pression sur une touche du désormais indispensable appareil provoquera une violente douleur anale à la fautive qui se hâtera sans discuter de retourner vers son territoire, à savoir la cuisine. L'utilisation pour des caresses buccales sous la contrainte est également possible. On n'arrête pas le progrès.
Dans la grosse fournée de groupes qui font du metal indus, Red Harvest n'est ni le dernier venu, ni le moins enclin à faire du bruit. Loin des arrangements soignés d'un Kovenant ou de l'outrance hystérique d'un Berzerker, ces norvégiens se situent dans un juste milieu. Mine de rien, cela fait déjà depuis 1989 qu'ils traînent leurs guêtres dans le milieu sans vraiment réussir à toucher un public très large. Il faut dire que le style pratiqué n'a rien de vraiment "commercial" au sens strict du terme. C'est très lourd, direct, linéaire et les samples ne surnagent que rarement au milieu de grattes grosses comme les couilles d'un moine tibétain. Il faut préciser que RH n'utilise que rarement une boîte à rythme (uniquement en adjonction sur certains titres) mais bel et bien un vrai batteur qui n'est décidemment pas un manchot, particulièrement aux pieds. Je ne sais pas si le bougre pourra reproduire ses parties de double en live mais c'est rapide, chaloupé et précis. Un bon point pour cette rigueur rythmique indispensable à la pérennité du style.
Tout comme les autres albums du groupe, "I.P.P." est froid, très froid. Aucune émotion ne semble ressortir de l'écoute et un morceau très électro comme l'inquiétant "Abstract morality junction" ne viendra sûrement pas me contredire. "Mekanizm" et son excellent final ou "Wormz" font penser au Benediction de "Grind Bastard" ou de la fin de "Transcend the rubicon" (quand ils reprennent The Accused), "Anatomy of the unknown" et "Fall of fate" sont chargés d'un groove mécanique quasi-hypnotisant et les riffs utilisés sont vraiment excellents. On peut penser à du post-hardcore quand RH ralentit le rythme pour devenir lancinant comme sur "Symbol of decay" (les vocaux sont d'ailleurs dans ce registre tout le long de la galette) et les influences techno sont audibles sur "Synthetize my DNA". Si des samples et des synthés sont utilisés, ils ne sautent pas tout de suite aux oreilles. Ce n'est qu'après quelques écoutes que l'on se rend compte de leur impact et cela rallonge d'autant plus la durée de vie du disque.
Sous ses abords simplistes, ce nouveau Red Harvest est un disque vraiment mature, au processus de composition mûrement réfléchi (aucun titre ne ressemble à un autre), et à la dynamique principalement portée sur les rythmiques. Le mix sur les guitares est excellent et pousser le volume au maximum devient un impératif. Alors qu'au départ, on aurait pu cataloguer "I.P.P." comme un disque de metal indus de plus, on se rend vite compte que l'expérience de ces gugusses dans le domaine de l'agression sonore est un plus et qu'ils savent vraiment pondre des titres à la fois simples et accrocheurs sur la durée. Impossible par exemple de ne pas taper du pied à l'écoute de "Teknocrate" et c'est comme ça pour quasiment toutes les pièces de cet excellent disque. L'amateur chevronné ne verra rien de bien neuf dans l'horizon redharvestien mais ne pourra pas, comme je l'ai fait, s'empêcher d'apprécier à sa juste valeur ce très bon album qui arrache la tête à sa maman. Une valeur sûre.


Rédigé par : Loufi | 17/20 | Nb de lectures : 9998