Redemption a déjà eu l’honneur, le plaisir et l’avantage de voir son 2e album kroniké ici par Papy Cyril (Fullness Of Time / Juillet 2005). En un mot comme en cent et pour paraphraser mon illustre confrère (et son style inimitable) je dirais ceci : « Ce disque est presque bon, donc achetez-le, presque! » Bref, concis, direct. Difficile de faire mieux. C’est ça la classe !

Je serais enclin - dans une vaine tentative d’imitation du Maître - de reprendre les mêmes arguments et pour en arriver à une conclusion identique. Entre ces deux exercices de haute voltige et afin de donner du corps à l’ensemble, bien humblement, je pourrais ajouter quelques sentiments personnels qui tiennent en peu de phrases. Donc, en toute modestie, je me lance, je me jette à l’eau, bref, j’y vais !

Ayant migré de chez Sensory vers les terres germaniques d’InsideOut pour des raisons qu’il n’est plus besoin d’expliquer, les Californiens espèrent nous convaincre nous autres Européens de leur accorder autre chose qu’une oreille polie. Pfff ! Quelle naïveté !

Mais c’est vraiment pas de chance! En d’autres temps, on aurait loué le métal prog de Redemption, on serait peut-être même allé jusqu’à parler de groupe important, de style intéressant. Allez, on aurait même utilisé le mot « prodige » ! Hélas ! Le troisième album des Californiens a l’infortune de sortir – à quelques semaines près – en même temps que celui de D.T, de P.Tree, de Symphony X, de P.O.S, bref de toutes les pointures qui vont certainement éclipser The Origin Of Ruins.

Car soyons francs. En fin d’année, à l’heure du bilan, de qui se souviendra -t’on ? La réponse ne fait pas un pli. Pour autant, ce télescopage malencontreux pour les Américains n’est pas le seul handicap qu’ils doivent surmonter. Mixité des genres et des influences, technicité, virtuosité, rien ne manque pas. En période creuse, ça peut combler un vide, une attente, un ennui. En période d’abondance, ça ne tient pas la distance. A moins que les boss se soient honteusement vautrés. Ce qui n’est pas le cas.

Le vrai inconvénient et pas des moindres, c’est que pour les plus tatillons d’entre nous, l’innovation n’est pas au rendez-vous. Depuis Redemption le 1er de la liste, le groupe californien n’a guère évolué dans son power métal teinté de prog. Il y a certes d’excellents titres qui accrochent l’oreille, retiennent l’attention, une majorité même sont de ce niveau. (Memory - Fall On You - The Suffocating Silence). Mais au bout du compte, une forme de monotonie s’installe qui brise l’élan suscité par les pièces techniquement irréprochables ou par celles franchement power mais formellement peu dissemblables.

Je l’ai déjà dit et je le répète, on ne peut pas être seulement fort dans ce domaine exigeant qu’est le métal prog. Ça ne suffit pas. Il faut posséder la petite étincelle qui fait dresser l’oreille ou cligner de l’œil. Compte tenu de cette obligation, peut-on dire - sans rire - qu’après trois albums une formation se place comme un sérieux espoir ? Franchement, de quoi aurait-on l’air ? Malgré ma grande sympathie pour la bande à Ray Alder (le chanteur de Fates Warning), je ne la vois pas encore tutoyer les Dieux mais davantage dans la peau d’un outsider certes nanti de qualités indiscutables mais malheureusement condamné à ne jouer « que » les seconds couteaux face à l’armada des ténors. Dommage mais la vie est injuste et je le regrette sincèrement. D’autant que Redemption possède du fond et que la forme n’est pas dénuée d’attraits. Il lui faudra donc creuser davantage et exploiter au maximum ces deux aspects pour franchir la frontière qui sépare ces fameux ténors des autres. Allez, encore un petit effort !


Rédigé par : Karadok | 13/20 | Nb de lectures : 10218