Lorsque j’ai écouté le premier album de REALMBUILDER il y a un an et demi, je n’arrivais pas à décider ce qui défrisait les sourcils le plus : sa pochette ultra-naïve au rose piquant les yeux (saluée d’ailleurs telle quelle en ces pages) ou la voix gauche et parfois franchement à côté de la plaque assurée par un black-métalleux de seconde zone, Czar de CHARNEL VALLEY, s’essayant ici au chant clair. J’avais beau avoir bien assimilé une bonne partie de la discographie (volumineuse) de MANILLA ROAD ou mon ‘métal épique illustré de A à Z’, la Valda ne passait pas. Alors qu’est-ce qui a changé avec ‘Fortifications Of The Pale Architects’ ? Bah c’est ça le schtroumpf car en gros, pas grand-chose. Et pourtant, je ne sais pourquoi, là, j’ai enfin eu envie d’enfourcher ma monture pour aller me faire une troupe d’orcs avant le déjeuner, histoire de digérer mieux après.

Alors d’après le fier communiqué de presse qui accompagnait le tout, ce deuxième album serait « plus doom » mais bon, vu que son prédécesseur avait déjà ce côté ‘heavy-metal sombre’, j’avoue que cela ne m’a pas sauté aux oreilles plus que ça. Par contre, niveau pochette, on est toujours dans un créneau ‘jeu de rôles pour débutants de 4 à 6 ans’ à la limite de la parodie ! Sauf que mon petit doigt me dit que c’est volontaire. Car on a pas affaire ici à des Grecs qui poussent le vice jusqu’à dormir la nuit en pyjama MANOWAR mais bien à deux New-Yorkais, dont un professeur de musique apparemment, très terre-à-terre qui me donnent l’impression d’avoir aborder ce projet comme un exercice de style plus qu’autre chose. Ce n’est d’ailleurs sûrement pas innocent que leurs deux albums soient sortis six mois en avance d’abord en format LP avant d’être réédité en CD.

D’où donc cette volonté de coller aux canons du genre, notamment ceux assénés dans les années 80 à coups de massue en criant « Crooooom ! » par CIRITH UNGOL dont l’influence ici est prépondérante, quitte à parfois frôler le ridicule. Quitte à donc offrir des effets sonores entre les morceaux tentant d’instaurer une ambiance heroic-fantasy, un jeu quasi-minimaliste et une production des plus sèches, digne justement de ‘Frost And Fire’. On reconnaît d’ailleurs bien ici le goût de Peter Liden, chanteur de TERRORAMA mais surtout patron d’I HATE RECORDS et grand amateur de groupes de thrash de l’Europe de l’Est et autres ‘curiosités’ aux capacités musicales limitées mais au charme étrange. Et justement, je crois que ce côté complètement ‘ailleurs’ et quasi-insulaire, allié avec ces ambiances qui donnent envie de me remettre à ‘Donjons & Dragons’, qui a fini par me faire tomber dans la potion magique.

En gros, si on vous a déjà surpris en train de vous prendre pour Mark Sheldon de MANILLA ROAD face à votre glace avec un stylo dans la main en guise de micro et une serviette de bain autour du cou en chantant (faux) « Necropolis » et que vous avez su faire face voire, mieux, assumer complètement cette régression au stade anale et si vous avez toujours dans votre cœur une place pour les nanars revendiqués tels quels, je connais un dragon qui ne demande qu’à tâter de votre épée en carton pâte.


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 14/20 | Nb de lectures : 12151