Cela fait des années que tu aimerais percer le ‘secret’ ABSU mais tu n’as jamais eu la patience de le défeuiller de ces quatorze sous-couches de palabres obscures ? Tu te sens irrésistiblement attiré par le black/thrash australien et par ses plus augustes représentants que sont DESTRÖYER 666 ou GOSPEL OF THE HORNS mais tu as toujours été rebuté par leur côté un peu artisanal et cracra ? Petit padawan, tu vas enfin pouvoir fumer sous la douche et même te baisser sans crainte pour ramasser la savonnette grâce à RAZOR OF OCCAM. Car non seulement ces guerriers des temps modernes combinent brillamment ces deux éléments mais, en plus, ils s’offrent le luxe de le rendre encore plus malléable sans pour autant le dénaturer une seule seconde. Bref, attends-toi à de la grosse quecla dans ta chetron…

Même si ‘Homage to Martyrs’ n’est que leur premier véritable album – après un mini LP sur un micro-label il y a six ans - RAZOR OF OCCAM existe en fait depuis plus de dix ans et est loin d’être composé de manchots borgnes sans saveur. Sauf qu’il semble que ce n’est lorsque son duo fondateur – Matt (guitare) et Ian (initialement basse, mais reconverti ici à la seconde six-cordes), soit la moitié du dernier line-up en date de DESTRÖYER 666 – a pris la sage décision de quitter Adélaïde dans le sud de l’Australie pour Londres que les choses ont vraiment décollé. Alors qu’Ian intégrait ADORIOR, les deux lascars ont alors rencontré le batteur, Peter Hunt, ex-DRAGONHEART (soit la première monture de DRAGONFORCE !) et grâce à lui, le ‘son’ RAZOR OF OCCAM a pris une autre dimension. Et le résultat est aujourd’hui assez énorme…

La grande réussite de cet album est d’avoir tous les éléments black/thrash ‘à la Australienne’, notamment ces rythmiques au cordeau et surtout cette science du riff cruel et acéré, comme si KREATOR avait pris trop de Red Bull et s’amusait à écraser sous ses bottes comme des œufs les têtes d’innocents sans défense, mais après les avoir affiné avec une production pour une fois maousse (merci le studio Necromorbus à Stockholm) et surtout une interprétation ultra-carrée. Au final, cela donne à l’ensemble un côté implacable particulièrement jouissif. En gros, ce que KRISIUN a fait du death-metal brésilien et a mis quatre/cinq albums à perfectionner, RAZOR OF OCCAM l’a infligé à sa caste du premier coup. Et pour ceux qui ne sont pas encore au tapis, le coup d’estocade est porté par cette guitare lead, mirifique et virevoltante tout le long : plus tous ses copains de jeu vont au charbon et font un boucan d’enfer et plus cette dernière se fait épique et mélodique, à grands coups de pédale wah-wah. Rââââââh lovely. J’aurais pu aussi vous causer du pseudo-concept autour duquel les paroles sont axées et opposant, apparemment, la superstition et les croyances aux faits bruts de la science, mais franchement, on s’en tamponne le coquillard avec une porte-fenêtre, trop occupé que j'étais à me prendre des tatanes dans la gueule…

Bref, ‘Homage to Martyrs’ carton plein ? A 90% on va dire parce qu’au-delà de cette pochette particulièrement impersonnelle, cet album en béton armé laisse malgré tout derrière lui une légère impression de déception: déjà parce que ledit trip ne dure que trente-trois minutes, là où l’on en aurait repris au moins dix/quinze de plus, et ensuite parce qu’il y manque LE morceau-qui-tue, l’hymne en puissance, le point d’orgue qui serait venue couronner cette distribution continue de baffes nucléaires. Une pichenette sûrement en comparaison du pied monumental que l’on prend ici mais le petit détail qui sépare ‘Homage to Martyrs’ du statut de classique sur le devenir. Mais bon, une nouvelle fois, méga-quecla dans la chetron assurée quand même.


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 16,5/20 | Nb de lectures : 11894