Probablement la crise de la quarantaine qui se pointe un peu en avance. Jonah Jenkins, 38 balais, dont 20 piges à postilloner dans un micro dans des groupes tels qu'Only Living Witness, Miltown ou Milligram, et plus remonté que jamais. Car plus le temps passe, plus le père Jenkins franchit un cran dans la violence. Le gaillard, qui a une sacrée voix claire d'enfoiré ("Grim Heart/Black Rose" sur le dernier Converge, c'était lui), préfère maintenant cracher ses hurlements décharnés à la face du monde avec ses potes au sein de Raw Radar War, et autant dire qu'il est méconnaissable. C'est les ruptures ça, ça vous change un homme, et c'est pour Jenkins le point de départ de ce projet à vocation cathartique.

Et si il a un vice le Jojo, c'est d'aller planter tous les potards de volume de ses collègues dans le rouge. Du stoner ultra saturé de "This Is Class War" de Milligram au crust/sludge du premier opus de Raw Radar War, "Double Equals", le but est le même. ECRASER. Avec ce split en compagnie de Deer Creek (comprenant le boss de Game Two), Raw Radar War se permet de caser les deux titres qu'ils n'avaient pas pu mettre sur "Double Equals", pour ne pas casser la dynamique de l'album. Parce qu'ici, c'est le Raw Radar War version sludge de l'Enfer qui nous accueille. Vitesse limitée à 30 BPM. T'as vu la pochette? C'est la guerre. NO SURRENDER.

Les compos sont si basiques que ça devrait en être déplorable. Un ou deux riffs par titre, faut pas gâcher leur faible productivité. Et pourtant, ces titres piétinent tout sur leur passage, en charriant avec eux les décombres. Comme un tank qui aurait flingué sa direction. Raw Radar War avance sans se soucier de rien, appuyé par un son abrasif et démesurément épais. "Not Exactely Invincible" et "The End The Whole Time" possèdent des riffs à réduire tes os en poudre, appuyés par la voix de Jenkins hurlée à la mort, frôlant l'agonie glaireuse sur le second titre. Haletant. Pour vous filer un ordre d'idée, si vous avez mouillé votre dentelle avec le "Friends In The Music Business" du dernier Cursed, ce sera marée haute ici aussi. Ayant été contraint de jeter une oreille sur la version CD, étant trop fainéant pour réparer ma platine, sachez qu'elle contient en cadeau bonux "Les aventures de Jonah contre les machines" soit 2 titres supplémentaire pour 20 minutes de harsh noise guillerette, pratique lorsqu'on a oublié de ramener des coton-tiges de la supérette.

Ah oui, y'a une autre face avec les morceaux de Deer Creek. Désolé mais après avoir compté mes dents sur la face Raw Radar War, j'ai jamais eu la force d'aller voir ce qui se passait de l'autre côté. Apparemment ça sonne comme trois gras du bide à barbes fournies qui repomperaient Pentagram et Saint Vitus, sauf qu'ils sont sveltes et rasés de près. Vous irez vérifier.


Rédigé par : Crown_Me | 8/10 | Nb de lectures : 10482