Beaucoup se souviennent certainement de " Malice in Wonderland ", le premier album de ce projet metal solo de Ray Wells (Pazuzu), qui avait recueilli à sa sortie - et à juste titre - de nombreux suffrages parmi ceux qui se désespéraient de voir la fusion metal extrême + éléments fantasy prendre un nouvel essor. Aujourd'hui voilà Raventhrone enfin de retour, et le moins que l'on puisse dire c'est que cette suite fiévreusement attendue accouche d'une surprise gigantesque : celle de son niveau absolument déplorable. Je sèche méchant pour tenter d'expliquer à quel point Ray Wells a failli sur ce coup là. La panne d'inspiration est flagrante et à toute rigueur pardonnable, mais elle n'éclaire pas l'appauvrissement considérable du degré technique ni le choix douteux de sonorités de clavier atroces dignes des Teletubbies : shocking, messieurs-dames ! D'emblée la catastrophe prend à la gorge. Alors que l'on s'installe confortablement dans son sofa dans l'attente de se laisser ensorceler par de sulfureux souffles médiévaux, la nullité affligeante de " The Gargoyle " fait mal, très mal. Et celle de son terne successeur " Eaters of the Dead " rappelle à la triste réalité : Raventhrone est devenu un simili-Crematory rongé par une pelletée de mélodies infantiles du type que n'importe quel idiot invente tous les matins en sifflotant sous sa douche. Les morceaux sont dirigés en tout et pour tout par une pauvre guitare rythmique qui radote comme un vieux moteur de R4 et ne propose aucun défi à l'auditeur, seulement de l'adynamie et de la lassitude, et cela 11 titres-jumeaux durant. Quid des lignes sautillantes de guitares rageuses et des solos belliqueux ? Où se sont perdus les synthés créatifs, architectes de châteaux-forts et conteurs d'équipées rôlesques sous le vol majestueux des dragons ? Même les parties chorales ou chant clair solo tiennent désormais d'un mielleux abyssal et les vocaux hurlés sont inoffensifs et d'une stature que rejetterait un groupe de death débutant... Je n'ai même pas envie de m'éterniser sur les quelques blast-beats basiques et totalement déplacés qui surgissent tout-à-coup dans les morceaux sans aucune légitimité, comme une pathétique tentative de rallier un auditoire plus extrême. Raventhrone est proprement méconnaissable, comme si la réinstallation définitive de Wells au Canada l'avait amputé de la manne créatrice fertile qui l'imprégnait lors de son passé viennois - comme si, surtout, il ne croyait plus vraiment en ce qu'il fait. A l'heure où la majorité des groupes de l'échiquier tissé par les labels majeurs bourlinguent dans une antichambre perfectionniste, une telle régression à tous points de vue attriste quelques instants, puis on oublie et on passe vite à autre chose. L'ami Martin Schirenc, as de la production clinique à l'Autrichienne, a trouvé le moyen de s'accointer à un projet tout aussi déshumanisé et artificiel que son Hollenthon. Sauf que là où Hollenthon possède une certaine classe et tient gravement la route au niveau technique, Raventhrone se ramasse comme une poire flétrie et part dans le décor à la Jean Alesi dès le premier virage. Il faut dire que des groupes comme Nokturnal Mortum, Enid, Rakoth voire les trop négligés Heresiarh et Ha Lela sont passés par là et ont montré les voies vers lesquelles devait se tourner un metal folklorique séduisant, conséquent et intelligent. J'en suis bien embarrassé, mais " Endless Conflict Theorem " est franchement mauvais, en tout cas indigne de l'artiste inspiré qu'est (a été ?) le grand marionnetiste derrière Pazuzu, et surtout tout aussi indigne du standing d'Avantgarde Music. Mais un contrat est un contrat, je suppose... !?!


Rédigé par : Uriel | 06/20 | Nb de lectures : 6537