C'est chez le label ricain Hell's Headbangers qu'il fallait aller chercher le second album des Grecs de Ravencult. Sorti en 2007, son prédécesseur Temples of Torment me fait toujours son petit effet. J'en attendais donc ma dose de testostérone avec cette nouvelle offrande.

Avec les années, Ravencult n'a pas cédé aux sirènes de l'épilation corporelle masculine. C'est toujours gras et clouté, avec une odeur marquée de soufre. Par rapport à sa première livraison, le trio a toutefois mis plus de thrash dans son black. Et un glissement vers un son plus sec me fait déplacer la boussole de mes ressentis de la Norvège (que m'évoquait la lourdeur crasse du premier opus) vers la Suède. Avant de composer, les Grecs ont probablement ressorti et fait tourner de vieux vinyls (ou des rééditions double gatefold splatter limited), histoire de se chauffer la nuque avant de dérouler un black/thrash rocailleux qui pique le nez comme la sueur d'aisselles. Les albums de Slayer, Sodom et Celtic Frost ont probablement tourné à Athènes. Et au bilan, Ravencult sonne comme un groupe de black suédois old school en train de se livrer à son allégeance quotidienne à Bathory. Ca blaste, mais ça groove aussi, avec des moments absolument charmants ("Morbid Blood" aligne du putain de riff!). Etant donné que la moitié de l'album est en écoute sur MySpace, vous allez vous mettre ça dans les feuilles pour voir si ça vous plaît.

OK, le coup du old school avec les références issues des géniteurs du black et des piliers du thrash viril, on vous le fait plus que de raison ces dernières années. Beaucoup de monde veut se donner une contenance et une légitimité en louant les Anciens. Et bien souvent, ça tourne en rond. Il faut être honnête de nombreux albums de black/thrash alignent le même morceau répété dix ou douze fois et basta. Mais Ravencult parvient également à éviter le piège de la redondance. Les Grecs réussissent à exploiter l'antique recette sans lasser, variant leur propos au fil des minutes et nous envoyant des décibels traditionnelles mais bien ciselées. Si on retrouve bien les cavalcades typiques du style, Ravencult ne crache pas sur un arpège bien maudit, sur un blast impitoyable ou sur des accords lestés au béton pour poser ses atmosphères de cimetière.

Cette ode au sang caillé est livrée avec les tripes, marinée dans un chaudron qui mêle toutes les influences du groupe. Un album court mais burné. Morbid Blood m'a laissé la sensation d'une œuvre virulente et blasphématoire, à même de faire suinter le sang par les yeux de la Vierge. Qu'il est bon de boire ce sang-là au calice. En grec, ça se dit "kulix", et après ils vont nous expliquer qu'ils ne sont pas pédés...


Rédigé par : Prince de Lu | 16,5/20 | Nb de lectures : 13759