Le heavy traditionnel est loin d’être mort, comme le prouve le nouveau méfait des Suédois de RAM. Ce nom ne vous dira peut être pas grand-chose, alors afin d’aller à l’essentiel, on dira que le groupe pratique une musique très marquée par le metal du début des 80’s, JUDAS PRIEST et MERCYFUL FATE en tête. Le son du combo, s’il se veut résolument passéiste, renoue avec la pureté originelle d’un style qui a connu de multiples évolutions depuis ses premiers balbutiements dans les années 1970. Bref, en un mot comme en cent, RAM c’est du true, du heavy metal comme on n’en pratique que trop rarement aujourd’hui, ainsi qu’en atteste ce "Lightbringer" d’une autre époque.

RAM n’est pas un groupe inconnu des aficionados du genre, son premier album, "Forced Entry", ayant été déjà remarqué lors de sa sortie en 2005. C’est que la musique pratiquée par ces Suédois, fortement inspirée par la NWOBHM et totalement à contre-courant des modes actuelles, ne pouvait qu’attirer l’attention des puristes. Ce nouvel essai présente un groupe plus mûr, maîtrisant mieux son potentiel au travers de morceaux plus complexes, et certainement moins accessibles. Il faut dire aussi que l’enregistrement de "Lightbringer" s’est étalé sur une année, le groupe ayant donc eu le temps de peaufiner ses compositions. RAM s’est par exemple essayé à l’exercice du morceau à tiroir sur « Suomussalmi (The Few Of Iron) », d’une durée supérieure à 9 minutes.

Ma préférence va cependant aux morceaux plus immédiats, sur lesquels RAM se montre bien plus efficace. A ce titre, on trouvera ici quelques pépites de metal délicieusement old school, comme le magistral « Titan », « In Victory », véritable hymne au refrain guerrier et fédérateur, ou encore le morceau titre, qui déboule après une intro apocalyptique (« Crushing The Dwarf Of Ignorance »). Sombre, parfois mystique, la musique du groupe se démarque d’ailleurs de la plupart des groupes actuels de heavy, dont le principal trait de personnalité est d’avoir su plus ou moins bien digérer l’héritage des référentiels HELLOWEEN. La pochette de l’album, forcément évocatrice des influences du combo, contraste d’ailleurs avec la plupart des albums du style récemment sortis. Le côté obscur de la formation est de plus renforcé par la présence du vocaliste E de WATAIN sur le titre « Awakening The Chimaera ».

Alors, bien sûr, on pourra toujours dénigrer le manque d’originalité de RAM, voire l’aspect daté d’une musique clairement ancrée dans les 80’s. Ce serait passer à côté d’un vrai bon album, car s’il est vrai que « Bloodgod » lorgne sans vergogne du côté de JUDAS PRIEST, ou que « The Elixir » semble tout droit sorti d’un album de MERCYFUL FATE, l’ensemble est bien exécuté et contentera assurément les nostalgiques d’un certain âge d’or. Il faut dire que le tandem Harry Granroth (guitares)/Oscar Carlquist (chant, Rob Halford n’est pas loin), responsable de la grande majorité des compositions, possède un savoir-faire indéniable en matière de heavy.

Garants d’une certaine conception du metal, les musiciens de RAM signent avec ce "Lightbringer" un album qui nécessitera plusieurs écoutes pour être totalement apprécié. Alors que certains ont décidé de vivre avec leur temps, ces Suédois, eux, regardent en arrière. Et de fort belle manière. Dans une société qui s’abandonne chaque jour un peu plus au culte de l’innovation et du changement, on se dit qu’il peut être appréciable, parfois, de revenir aux fondamentaux.


Rédigé par : up the iron | 15/20 | Nb de lectures : 10371