RAJNA - The Door of Serenity (Holy Records/Wagram) - 18/10/2002 @ 09h53
Comme le temps passe vite... Déjà le quatrième album pour Rajna, le troisième depuis que le groupe désormais duo a rejoint les rangs de Holy Records. Il n'est pas excessif de dire que Rajna ont fait leur trou et converti bon nombre de métalleux aux spirales grisantes de la musique traditionnelle orientale, même s'il est toujours temps de se demander dans quelle mesure le véritable " public " de ce type de musique est correctement ciblé - je trouve toujours les albums de Rajna au rayon metal chez mon disquaire... La pochette représente une porte entrouverte sur un mystérieux halo doré : quoi de mieux pour capturer en un instantané l'effet d'invitation de la musique de Rajna, dont la vocation est de baliser les voies qui conduisent l'auditeur vers des territoires sonores inexplorés et précieux. " La musique est un meilleur langage de découverte qu'un guide touristique ", nous dit en substance le groupe, et c'est précisément ce qu'ils mettent en pratique avec une constance et une honnêteté qui forcent l'admiration. Qui dit constance dit aussi continuité, et donc les familiers ne doivent s'attendre à aucune sorte de surprise tout au long de ces 12 morceaux extrêmement conservateurs pour le standard de Rajna. Pour les autres, il n'est jamais trop tard pour bien faire, et " The Door of Serenity " fera un portail d'accueil tout indiqué dans cette dimension où la musique s'infiltre dans l'esprit comme un cobra se glisse sous une couverture, en volutes sinueuses et en frôlements sensoriels. Rajna manient avec un savoir-faire éprouvé de longue date toute une batterie d'instruments hindous, tibétains ou autres (ne me demandez pas les noms...) qui confèrent à leur son l'authentique timbre cuivré et carillonnant que l'on peut se représenter en adéquation avec l'image d'un temple bouddhiste figé pour les siècles au flanc d'un coteau dépouillé et noyé de brumes. Appuyé par un assortiment de percussions ethniques très caractéristiques (dont les plus usitées sonnent un peu comme le claquement sec de deux planches fines frappées l'une contre l'autre), le chant instinctif de Jeanne couronne comme à l'accoutumé l'ensemble avec une touche tantôt lyrique, tantôt impérieuse, et une qualité de tessiture vocale qui place la demoiselle sur les talons d'une certaine Lisa Gerrard, sans exagération aucune. Les morceaux en eux-mêmes comportent peu de variations, si ce n'est à l'orée de la mesure, pour introduire un nouvel instrument dans la série ou augmenter un ton. Toutefois, accepter de convier Rajna dans son environnement sonore commande de ne pas s'arrêter à une structure, mais de faire corps avec cette apesanteur soyeuse dont le rôle premier est de délimiter une assise de méditation. Pépite d'or de plus dans la discographie homogène de Rajna, " The Door of Serenity " peut éventuellement susciter la question : " et maintenant ? ". Car après quatre albums consacrés à l'exploration des champs de possibilités de la musique orientale, n'y a-t-il pas désormais un plus grand risque à tirer sur la corde qu'à se remettre en question et mettre le cap sur de nouveaux horizons ? On me rétorquera sans doute - le groupe en tête - que ce type d'art spirituel aussi expansif qu'introspectif ne connaît pas de limites et peut être infiniment parcouru sans passer deux fois au même endroit, ce qui est sans doute vrai. Il n'empêche que, mine de rien, et bien que je ne veuille faire peser aucune ambiguïté sur le disque professionnel et vertueux qu'est " The Door of Serenity ", j'ai tendance à lui préférer assez nettement son prédécesseur " The Heady Wine of Praise ", qui proposait à mes oreilles un éventail de chansons plus riches et plus équilibrées entre contemplation pure et belles mélodies d'inspiration plus " européenne ". Cela peut vouloir dire que Rajna ont choisi d'insister davantage encore sur le côté puriste, mais c'est à chacun d'en juger selon son oreille et son degré de connaissance des consonnances orientales. Et puis personnellement j'ai un problème récurrent avec le morceau " Tore Sensuous ", qui me fait immanquablement penser avec ses soupirs lascifs au background d'un mauvais soft-porn genre M6. Pas la manière la plus distinguée de conclure la chronique d'un album aussi élégant, j'en conviens et m'en excuse bien platement...
Rédigé par : Uriel | 16/20 | Nb de lectures : 7781
N'ayant pas pléthore de connaissances dans ce genre musical je me suis pourtant lancé les yeux fermés sur ce groupe du fait de leurs idéaux que je trouve digne d'intérêt.
Je trouve la musique bien planante,belle et qui pousse à la contemplation.La voix me sidère pouvant être parfois limpide comme le cristal et l'instant d'aprés enrobée d'une puissance qui colle des frissons.
Bref un album exquis et qui me change de mon quotidien de sombre musique et qui me permet d'élargir mon horizon musical ce qui est bien sur vital.
Je préfère quand même pour l'instant ne pas franchir le seuil de cette porte pour ne pas être aveuglé par tant de luminescence;)
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Rédigé par : Uriel | 16/20 | Nb de lectures : 7781