RAISE HELL – City Of The Damned (Black Lodge/Season Of Mist) - 19/07/2006 @ 11h20
« Pitit à pitit, l’oiseau fait son nid » dit le proverbe… Je ne connais pas l’équivalent suédois, ni même s’il existe, pourtant il pourrait parfaitement s’appliquer à RAISE HELL et à son nouvel album « City Of The Damned ». Jusque-là cantonné dans un thrash à l’américaine très basique et peu enthousiasmant, il semblerait que le réveil n’ait pas seulement sonné pour l’Enfer et que nos thrasheurs venus du froid aient été pris d’une inspiration aussi soudaine que bienvenue !
Bien sûr, nous sommes en 2006, et tout a déjà été dit et fait en matière de thrash classique, j’entends par là sans plans death, samples, passages hardcore, etc. Il faut donc aborder « City Of The Damned » comme il se doit, à savoir un recueil de chansons résolument old school, quarante-cinq minutes surgies d’un passé glorieux au cours duquel se sont construites des légendes du métal comme METALLICA, TESTAMENT, KREATOR ou ANNIHILATOR. L’école suédoise est décidemment une formidable machine à dépoussiérer, récurer et rénover ; dans n’importe quel style (métal, folk, pop) on trouve un groupe capable d’en digérer toutes les influences majeures et de sortir un album fidèle aux préceptes de l’époque qui ne sonne pas rétrograde pour autant. RAISE HELL fait donc partie de ces artisans du souvenir, oeuvrant pour que la jeune génération ne croie pas que le thrash est né avec THE HAUNTED et sans rien retirer aux qualités des groupes modernes, il est bon d’avoir ce genre de formations attachées aux traditions.
Sur ce quatrième album, le premier avec leur nouveau chanteur Jimmy Fjällendahl, le groupe fait preuve d’une décontraction et d’une finesse dans les arrangements (on y reviendra) qui lui donnent toute sa saveur : décontraction parce ce qu’on a vraiment l’impression qu’ils ne cherchent plus à prouver quoi que ce soit mais simplement à se faire plaisir en créant un album contenant tous les clichés de l’époque, ceux qui les ont fait tripper étant gosses comme tant d’entre nous… Le thème général est donc tout naturellement orienté sur les revenants, avec une pochette rappelant la ville menacée par les morts-vivants du dernier Romero, « Land Of The Dead », les titres de chansons sont à l’unisson (« Devil’s Station », « City Of The Damned », « Ghost I Carry ») et les effets sonores classiques(grondements de tonnerre et bruits de chaînes en intro, notes de comptine enfantine malsaines en outro), mais aussi indispensables que le gros plan sur la goutte de sueur perlant sur la tempe du méchant au regard halluciné d’un western spaghetti.
Bâti sur les mêmes bases qu’un « The New Order » (TESTAMENT), à savoir une majorité de mid-tempos, des riffs plus massifs que véloces et une bonne place accordée aux mélodies, « City Of The Damned » reprend également quelques éléments rythmiques du mythique « Master Of Puppets » (« I » rappelle « Battery » ou « Disposable Heroes » et surtout « Like Clowns We Crawl » dont le couplet est calqué sur celui de « Damage, Inc.») et s’aventure même du côté de la power ballad avec la superbe « Rising », slow au refrain viril imparable pour barbus aux gros biceps qui peuvent ainsi verser une larme en le braillant le poing levé sans craindre les railleries de leurs camarades adeptes du gore grind.
La finesse des arrangements évoquée plus haut, indéniablement une des principales forces de l’album, se marque dans des notes de guitare accompagnant un riff (« Devil’s Station »), un chœur suraigu à la Halford sur un refrain (« City Of The Damned », « Reaper’s Calling »), comme UGLY KID JOE l’avait fait pour « Goddamn Devil » sur « America’s Least Wanted », ou des modulations discrètes du chant, qui s’envole parfois à la japonaise en fin de ligne de couplet. Jimmy Fjällendahl offre à ce propos une prestation irréprochable, dans un registre agressif à la Schmier (DESTRUCTION)-Cramer (DEARLY BEHEADED) avec quelques gimmicks à la Schuldiner (DEATH), beaucoup plus variée que celles de Jonas Nilsson (guitares) auparavant. Tous ces détails ne sautent pas forcément aux oreilles au cours des premières écoutes, mais ce sont eux qui constituent la finition exemplaire de « City Of The Damned » et font de lui non pas un album de thrash old school de plus mais l’une des plus belles réussites du style de ces dernières années.
Reste que malgré toutes ses qualités, auxquelles il ne faut pas oublier d’inclure des refrains facilement mémorisables, il est en partie pénalisé par l’absence d’identité forte du groupe, RAISE HELL évoquant tour à tour les formations précitées mais n’ayant pas (encore) de personnalité assez affirmée pour être reconnu autrement qu’à travers ses références. Gageons qu’avec leur nouveau chanteur (arrivé il y a quatre ans, juste après la sortie de « Wicked Is My Name ») et cet album très attachant, les choses évolueront dans le bon sens pour eux !
Moi j'adore depuis "Not dead yet" qui est un très bon album aussi.
Celui ci passe en boucle depuis plus d'un mois et je le trouve bien meilleur que leur précédent, mais je trouve que la plupart de leurs titres ont toujours un air trop ressemblant entre eux.
Ceci dit, il est très très bien, et fait déjà partie de mes préférés 2006.
J'espère juste qu'ils viendront faire une date en france, parce que j'aimerai voir ce que ça vaut sur scène.
tetragrammaton Membre enregistré
Posté le: 20/07/2006 à 09h12 - (30972)
Fuckin' excellent Thrash à la Destruction, tout comme le Necrophobic, une des bonnes boucheries de l'été. 16,50/20.
Keyser Invité
Posté le: 20/07/2006 à 10h29 - (30974)
Ultra chiant pour ma part, trop mou!
nicolassly Membre enregistré
Posté le: 20/07/2006 à 13h48 - (30983)
Album très sympa. Je le préfère à Wicked quand même. @ System, c'est très bon en concert: vu au Wacken 2003
sonovsky Invité
Posté le: 20/07/2006 à 13h53 - (30984)
moi j'aime bien...franchement l'labum est super sympa. Du bon vieux trash... Mmmm, ça fait du bien par où ça passe :)
el rojo Membre enregistré
Posté le: 20/07/2006 à 14h01 - (30985)
Un album bien sympa, même si je trouve que pas mal de titres finissent par trop se ressembler.
Excellente chronique, en tout cas ! :-)
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Bien sûr, nous sommes en 2006, et tout a déjà été dit et fait en matière de thrash classique, j’entends par là sans plans death, samples, passages hardcore, etc. Il faut donc aborder « City Of The Damned » comme il se doit, à savoir un recueil de chansons résolument old school, quarante-cinq minutes surgies d’un passé glorieux au cours duquel se sont construites des légendes du métal comme METALLICA, TESTAMENT, KREATOR ou ANNIHILATOR. L’école suédoise est décidemment une formidable machine à dépoussiérer, récurer et rénover ; dans n’importe quel style (métal, folk, pop) on trouve un groupe capable d’en digérer toutes les influences majeures et de sortir un album fidèle aux préceptes de l’époque qui ne sonne pas rétrograde pour autant. RAISE HELL fait donc partie de ces artisans du souvenir, oeuvrant pour que la jeune génération ne croie pas que le thrash est né avec THE HAUNTED et sans rien retirer aux qualités des groupes modernes, il est bon d’avoir ce genre de formations attachées aux traditions.
Sur ce quatrième album, le premier avec leur nouveau chanteur Jimmy Fjällendahl, le groupe fait preuve d’une décontraction et d’une finesse dans les arrangements (on y reviendra) qui lui donnent toute sa saveur : décontraction parce ce qu’on a vraiment l’impression qu’ils ne cherchent plus à prouver quoi que ce soit mais simplement à se faire plaisir en créant un album contenant tous les clichés de l’époque, ceux qui les ont fait tripper étant gosses comme tant d’entre nous… Le thème général est donc tout naturellement orienté sur les revenants, avec une pochette rappelant la ville menacée par les morts-vivants du dernier Romero, « Land Of The Dead », les titres de chansons sont à l’unisson (« Devil’s Station », « City Of The Damned », « Ghost I Carry ») et les effets sonores classiques(grondements de tonnerre et bruits de chaînes en intro, notes de comptine enfantine malsaines en outro), mais aussi indispensables que le gros plan sur la goutte de sueur perlant sur la tempe du méchant au regard halluciné d’un western spaghetti.
Bâti sur les mêmes bases qu’un « The New Order » (TESTAMENT), à savoir une majorité de mid-tempos, des riffs plus massifs que véloces et une bonne place accordée aux mélodies, « City Of The Damned » reprend également quelques éléments rythmiques du mythique « Master Of Puppets » (« I » rappelle « Battery » ou « Disposable Heroes » et surtout « Like Clowns We Crawl » dont le couplet est calqué sur celui de « Damage, Inc.») et s’aventure même du côté de la power ballad avec la superbe « Rising », slow au refrain viril imparable pour barbus aux gros biceps qui peuvent ainsi verser une larme en le braillant le poing levé sans craindre les railleries de leurs camarades adeptes du gore grind.
La finesse des arrangements évoquée plus haut, indéniablement une des principales forces de l’album, se marque dans des notes de guitare accompagnant un riff (« Devil’s Station »), un chœur suraigu à la Halford sur un refrain (« City Of The Damned », « Reaper’s Calling »), comme UGLY KID JOE l’avait fait pour « Goddamn Devil » sur « America’s Least Wanted », ou des modulations discrètes du chant, qui s’envole parfois à la japonaise en fin de ligne de couplet. Jimmy Fjällendahl offre à ce propos une prestation irréprochable, dans un registre agressif à la Schmier (DESTRUCTION)-Cramer (DEARLY BEHEADED) avec quelques gimmicks à la Schuldiner (DEATH), beaucoup plus variée que celles de Jonas Nilsson (guitares) auparavant. Tous ces détails ne sautent pas forcément aux oreilles au cours des premières écoutes, mais ce sont eux qui constituent la finition exemplaire de « City Of The Damned » et font de lui non pas un album de thrash old school de plus mais l’une des plus belles réussites du style de ces dernières années.
Reste que malgré toutes ses qualités, auxquelles il ne faut pas oublier d’inclure des refrains facilement mémorisables, il est en partie pénalisé par l’absence d’identité forte du groupe, RAISE HELL évoquant tour à tour les formations précitées mais n’ayant pas (encore) de personnalité assez affirmée pour être reconnu autrement qu’à travers ses références. Gageons qu’avec leur nouveau chanteur (arrivé il y a quatre ans, juste après la sortie de « Wicked Is My Name ») et cet album très attachant, les choses évolueront dans le bon sens pour eux !
Rédigé par : Dungorpat | 15/20 | Nb de lectures : 12973