RAIN FELL WITHIN - Refuge (Dark Symphonies/Adipocere) - 07/05/2002 @ 10h57
Annoncé depuis un petit moment par Dark Symphonies à grand renfort de newsletters, le successeur de l'estimable " Believe " prend le chemin des bacs avec une ambition légitime. Si vous ne connaissez pas encore Rain Fell Within et que leur patronyme au demeurant charmant éveille en vous des visions de grisaille et de désespoir, sachez que le tableau n'est pas aussi maussade que vous pourriez le supposer. A l'instar de la plupart des artistes de ce label américain, le groupe pratique une musique difficilement assimilable au premier contact. Si la présence de deux chanteuses aguerries à l'école classique (contre une seule sur " Believe ") peut laisser envisager que la scène gothic metal à la Tristania va s'enrichir d'un nouvel arrivant, le jeu des instruments, lui, tire plutôt sur une corde progressive. Et sinon " progressive " au sens puriste, du moins suffisamment recherchée et labyrinthique pour dissuader les apôtres de l'équation deux riffs + trois nappes de synthé = un morceau. " Refuge " est une unité compacte qui passe très bien en arrière-plan sonore mais ne résiste pas à la perquisition en règles. D'un côté les deux naïades aux voies jumelles très haut perchées avalent goulûment de l'espace sonore dans des tons et jeux de contrastes toujours reproduits jusqu'à devenir lassants, ce qui est un comble pour des vocalistes de niveau supérieures dont la maîtrise de leur bel organe élude le moindre faux pas. D'autre part, les musiciens souffrent du syndrome résiduel du tripotage gratuit. En d'autres termes ils tissent bien des compositions expertes et millimétrées, mais malheureusement sans passion et surtout sans que l'on distingue de fil mélodique déterminé. Une façon de faire briller le chant sans doute, mais au lieu de ça on aboutit à un embrouillage incertain qui ligote les louables tentatives de décollage amorcées par quelques intros prometteuses (ballet de percussions effrénées sur " Save your Soul ", excellente partition de guitare acoustique sur " Winter's Embrace "...). La production musclée ne fait que mettre ce problème insoluble en évidence au lieu de le déméler. En fait Rain Fell Within c'est un peu comme un skieur novice engagé sur une piste de slalom trop complexe pour lui et qui finit par se manger toutes les portes au lieu de les esquiver. En voulant associer lyrisme total et archi-sophistication, ils rendent une copie neutre agrémentée de quelques apogées mais où il manque trop souvent la simplicité naturelle et l'émotion brute d'un The Gathering. Attention, ce n'est pas un mauvais groupe, encore moins un mauvais album, mais quelque part il faudra revoir la recette pour allumer une véritable étincelle dans les yeux du public.


Rédigé par : Uriel | 11.5/20 | Nb de lectures : 6690




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