La Finlande, l'autre pays du fromage (1/3)

Si mes convictions personnelles m'ont toujours porté un peu plus à l'ouest (comme dirait Tryphon), il faut reconnaître que la Finlande tient une palanquée de groupes métal originaux, conformistes ou non. Entretenant une relation amour/haine avec la mélodie comme avec les autres constituants de notre bon vieux métal, le pays des mille lacs a su au fil des années faire se dresser nos oreilles sur ses sonorités. Je profite donc d'un traitement simultané de plusieurs œuvres finlandaises pour rendre hommage à cette contrée scandinave en marge de ses consœurs.

Le sujet du jour est un duo en provenance de la capitale Helsinki. Raate m'a été conseillé et je ne peux que vous conseiller à mon tour de jeter une oreille sur ce premier album et aussi sur la démo "Demo I" sortie en 2004 qui est dans le même esprit. Le black atmosphérique est lent, presque doucereux dans sa quête perpétuelle d'atmosphères. C'est cet enveloppement faussement serein de l'auditeur dans un univers assez cotonneux et la grande évolutivité des titres qui créent pendant 40 minutes un petit bout de monde à part dans lequel on se sent projeté et où la réalité n'a pas de prise.

Mêlant des réminiscences d'un black old school avec des passages acoustiques et des thèmes consciencieusement répétés, Raate nous plonge hors du temps dès "Raudan Takoja" qui ouvre l'opus. On peut pense à Opeth dans la manière de faire évoluer ce premier titre avec sa ligne de basse ronflante (je parle de manière, Raate ne ressemble pas à Opeth). On peut souvent penser à Wyrd dans les parties acoustiques très médiévales, comme dans "Suo V" ou "Viimeinen Linnoitus" (morceau dont le pont central peut aussi rappeler les lents passages plaqués par un Drudkh). Mais en fait, on ne pense surtout à rien à l'écoute de cet album, tellement il est bon de se laisser porter, de voyager dans cette dimension sereine où la violence s'exprime par légers à-coups, au gré d'un métal relativement mid-tempo et de moments d'ambiance paisibles. Tout en retenue et avec une grande musicalité. Si bien que l'on perd pied et que l'on oublie ses repères rapidement au fil de l'écoute, qu'on ne se rend pas compte que la voix a disparu depuis un long moment.

Armé d'une production old school légèrement grésillante qui offre une bonne place à la basse, pulsé par de discrets élans de clavier, le lent et envoûtant "Sielu, Linna" est une petite pépite qu'il vous faudra chasser au gré des distros. Et quand vous le ferez tourner dans la platine, ouvrez grand vos oreilles et vous serez transportés dans le cœur d'une bruyante cité du Moyen-Age. Si vous aimez les groupes de black atmosphérique qui osent, ouvrez grand votre âme.


Rédigé par : Prince de Lu | 17,5/20 | Nb de lectures : 12304