Je ne sais pas si certains d'entre vous ont eu l'occasion de se mettre dans les feuilles l'unique album du combo ukrainien Triglav. When the Sun is Rising Above the Earth n'est certes pas l'album du siècle, et il a plutôt bien profité du début de mode pour les groupes de black slaves qui s'est déclenché lors de la précédente décennie. Tout ça pour dire que Triglav avait un son fort marqué, notamment à cause d'un synthé très "présent" et d'une production aussi rigide qu'au budget limité.

Si Triglav n'est plus, l'un de ses membres, Alafern, n'en est pas retourné à sa ferme pour autant. Il a formé avec un certain Dromos Aniliagos le duo Quintessence Mystica à l'été 2008. Le multi-instrumentiste Master Alafern s'occupera de l'envol des notes pendant que son comparse sublimera dans ses textes tout ce qui est au-delà de la science, de l'occultisme et de la moralité. L'inspiration est telle que les deux hommes composent leur premier album dans les deux semaines après la formation du groupe. Ils l'enregistreront six mois plus tard au MH Studio de Kharkov avant de signer avec le label allemand Schwarzdorn fin 2009 pour une sortie CD en janvier 2011.

Au bilan, le duo ukrainien propose un black sympho martial et violent sur fond de BAR impitoyable, dans la lignée directe des premiers méfaits de Limbonic Art. Quintessence Mystica use et abuse même des sonorités un peu datées du projet norvégien (les cors à la Jaldaboath font un peu mal aux oreilles de nos jours, surtout sans le second degré des Anglais). Quintessence Mystica est moins grandiloquent qu'un In Abhorrence Dementia, et reste moins brutal sur la durée qu'un Ad Noctum. Les Ukrainiens ralentissent parfois le tempo pour poser quelques fugitives ambiances. "Aspects of Contemplation..." sonne par moments comme le côté électronique d'un Aborym et c'est plutôt réussi. A d'autres moments, la sauce ne prend pas, m'évoquant les derniers et très plats Hellveto. Je me serais également passé de l'interlude "Entropy of Sanity", aussi dissonant que casse-bonbon.

Niveau production, les guitares restent relativement en retrait, se joignant à la batterie pour former un socle rythmique sur lequel la voix et le synthé apportent les mélodies. L'ensemble tient parfaitement la route et Quintessence Mystica n'hésite pas à jouer sur le mix pour remonter un instrument qui apporte sa touche momentanément (le passage basse en avant de "Crossroads of Time", par exemple). Toutefois, l'album perd rapidement en intensité, les morceaux blastés s'avérant répétitifs et pas forcément mis en valeur par des interludes longuets.

La disette est telle dans le blast sympho que les amateurs du genre devraient jeter une oreille à ce duo venu du froid. En terme d'intensité, cela n'atteint jamais les premiers Limbonic Art, mais cela s'en rapproche suffisamment pour accrocher les types qui se baladent grimés la nuit avec des torches en sifflotant du Cascada.


Rédigé par : Prince de Lu | 11/20 | Nb de lectures : 12298