Parfois la conception d'un album immortel n'est pas toujours une bonne chose pour un groupe. En effet, être attendu au tournant par les critiques à chaque nouvelle sortie n'est peut-être la meilleure chose pour exacerber la créativité. Il suffit de voir quelques récents exemples (je ne citerais pas de noms pour ne pas relancer des débats déjà largement consommés) pour s'apercevoir que la pression médiatique (et des fans...) ne réussit pas à tout le monde. Pour moi, Queensrÿche est l'auteur d'un des plus grands concept-albums de l'histoire à savoir le formidable "Operation : Mindcrime" qui n'a jamais été et qui ne sera sûrement jamais égalé. Ce qui est sorti après, hormis le très accessible mais excellent "Empire" m'a fait décrocher peu à peu de ce groupe et l'espoir de vibrer à nouveau sur un de leur disque s'est estompé au fil du temps. Ce n'est que quand on m'a annoncé que leur guitariste fondateur Chris De Garmo était de retour que j'ai recommencé à m'intéresser un peu à leur cas. Et ce nouvel album pourrait bien être annonciateur du renouveau du groupe. Dès la première écoute, on se rend compte que le groupe a du faire une grosse cure d'humilité. Finis les envolées lyriques, les plans prétentieux, les compositions indigestes. Queensrÿche fait du rock. Et uniquement du rock.
L'introductif "Open" (quel nom adapté !) est basé presque sur un seul riff et ce morceau est un des plus addictifs composé par les américains. Geoff Tate chante avec un feeling énorme et une retenue étonnante et cette maîtrise vocale se poursuit sur tout l'album. Autour de deux ballades bien sympas et pas mielleuses pour un sou ("Falling behind", "Rhythm of hope") on trouve d'excellentes choses sur ce disque comme le côté tribal de "Tribe" (décidemment...), les excellents refrains de "Open", "Great divide" ou "Losing myself" ou le côté dynamique de "Desert dance" qui incorpore quelques backing proches du néo - modérés je précise -. Même si le disque ne dure que 42 minutes, on sent que Queensrÿche a pris énormément de plaisir à composer cet album. Si les aspects "prog" et "metal" ont vraiment été rangés au placard, on tient ici un album de vrai rock US à la fois mélancolique et spontané, intimiste et accessible, déférent et moderne, qui réconciliera la bande avec pas mal de ses fans.
On tient ici enfin un vrai album d'un groupe -à nouveau- soudé qui ne ressemble plus à du "Geoff Tate & friends" et dont certains morceaux devraient automatiquement se ranger dans la passionnante setlist déjà bien garnie du groupe en concert. Queensrÿche n'ont pas cherchés à produire ici un nouveau chef-d'oeuvre, la comparaison avec leurs débuts serait de toute façon fatale, mais a cherché à se faire plaisir et à regagner toute la considération sérieusement éraflée depuis des années. Un nouveau départ ?


Rédigé par : Loufi | 15/20 | Nb de lectures : 8610