Nouveau venu sur la scène désormais bien encombrée du «posthardcoreettoutskevousvoulez » français, QUARTIER ROUGE entend bien se faire remarquer et de démarquer de ses petits camarades de jeu, de quelque façon que ce soit. Eh bien croyez-moi, ils ont réussi. Il suffit d’une seule écoute pour que le souvenir de QUARTIER ROUGE soit à jamais gravé quelque part dans votre cerveau. C’est scientifiquement prouvé. T’entends un titre de QUARTIER ROUGE, tu n’oublies plus QUARTIER ROUGE.

Le groupe parisiens se pose d’emblée à part de toute scène, de par son patronyme francophone, en hommage au quartier « chaud » d’Amsterdam, un nom qui sied bien à leur musique décadente, leur paroles en français et leur son qui ne ressemble à rien de connu sur la scène française. Les premiers noms qui viennent à l’esprit quand on convoque la musique du groupe sont Daughters, Comity et Melvins. Mais avec une bonne dose d’alcool dans le sang. Cet alcool interdit qu’est l’absinthe. L’alcool qui rend fou. Point de doute là-dessus, les gars en ont usé et abusé pour créer une musique à ce point difforme, crétine dans le sens premier du terme et consanguine. Un des points forts du groupe, peut-être le seul d’ailleurs est sa capacité a projeté l’auditeur dans un univers totalement autre. Un univers peut en rapport avec le milieu metôôôl. Dès les premières notes on se retrouve projeté dans un cabaret de Pigalle à la fin du siècle dernier.. Un cabaret fou dans lequel on croise Toulouse Lautrec, Rimbaud, Verlaine, Elephant Man et Jack L’Eventreur. Tous bourrés à l’absinthe et fricotant avec des putes à grosses fesses shootées à l’opium. En termes d’ambiance, QUARTIER ROUGE se pose là. Les mecs savent comment poser les bases d’un univers. On ressent à chaque instant cette ambiance de folie alcoolisée décadente dans lequel tout peut arriver. On peut se faire des amies pour la vie ou se faire détrousser par une crapule édentée. Voilà les eaux dans lesquelles vogue le groupe. Mais si les eaux sont troubles et peu fréquentées, l’embarcation est, elle, loin de tenir la route.

Musicalement, le "chaotique" est un art qui paradoxalement demande de la discipline, une rigueur d’écriture et d’exécution que ne possède pas (encore) QUARTIER ROUGE. Les morceaux partent un peu dans tous les sens mais retombent rarement sur leurs pattes. La bête est lâchée mais fait un peu n’importe quoi n’importe comment. Un éléphant saoul dans un magasin de porcelaine en gros. Si les Parisiens ont dans l’optique de construire et jouer une musique originale et folle, ils donnent la fâcheuse impression de ne pas en tenir fermement les rênes et le résultat donne une musique brouillonne, brumeuse et très peu accrocheuse. Pas grand-chose, si ce n'est l'ambiance particulière, ne ressort de ce disque. L’argument de la musique fofolle et "chaotique" ne résout pas tout, malheureusement, même si elle reste exécutée de façon correcte. L’interprétation n’est pas tant à remettre en cause que l’écriture qui mériterait plus de finesse. Ce n'est pas facile de faire l’équilibriste avec de gros sabots d’Hollandais au pied, on risque souvent de balancer du mauvais côté. C’est un des problèmes du groupe. Pourtant on peut saluer la recherche d’originalité et la volonté de se démarquer à tout prix d’une « scène » pas mal embouteillée.

Ce qui m’amène au deuxième gros souci du groupe, du moins en ce qui me concerne. La voix. Quand je disais qu’on se souvient de QUARTIER ROUGE, eh bien, c’est en partie à cause, et pas grâce, de la voix. Une voix qui ma foi colle assez bien avec l’ambiance de folie orgiaque de l’album mais que je trouve parfaitement horrible et insupportable. Maniérée, bourrée de tics et de variations inutiles voire carrément fausse. Le gars donnent vraiment l’impression d’être saoul, lorsqu’il est au micro c’est très, très déstabilisant et fout tout par terre. Je pense que ces vocaux si particuliers auront un aspect physiquement répulsif sur une bonne part du public potentiel du groupe. Pour essayer de les décrire de la meilleure façon, je dirais qu’il suffit d’imaginer Arno et Julien Doré déclamant des textes poético-réalistes nébuleux sur une musique sombre et chaotique. Après c’est peut-être le but recherché par le groupe mais je pense franchement que ça leur cause plus de tort que de bien. Maintenant qu’on aime ou qu’on déteste, ce qui est mon cas, on peut laisser au groupe le fait d’assumer totalement cet univers, ce type de chansons et de ne faire aucune compromission.

Les bases d’un monde encore vierge sont posées mais il reste encore au groupe pas mal de boulot, notamment au niveau de la rigueur d’écriture et de composition pour être vraiment crédible. Puis même avec une écriture sans faille il restera toujours cette voix complètement bâtarde et débile dans le sens premier du terme, pour ne pas dire à la rue qui certes, permet au groupe d’être immédiatement identifiable et d’assumer son côté saltimbanque déglingué, mais qui, d’un autre côté tire le groupe vers le bas et le rendra insupportable pour énormément de monde. Pour terminer je citerai un pote qui m'a dit un jour "QUARTIER ROUGE" c'est un super bon gâteau mais avec une cerise à la merde dessus". J'irai pas jusque-là mais quand même, y'a un peu de vrai là-dedans.


Rédigé par : Seb On Fire | 09/20 | Nb de lectures : 13298