Suivant son rythme de croisière d'un album grosso modo tous les ans, QNTAL nous revient en ce début d'année 2008 avec "Translucida". Après un très bon "Silver Swan", riche en sonorité acoustique et qui voyait le trio allemand mettre de côté ses apparats électro, on se demandait quelle direction allait adopter les géniteurs de l'électro-médiéval avec ce sixième opus.

Et bien en quelque sorte, il s'agit d'un retour en arrière avec un QNTAL qui pond avec "Translucida" un opus de facture somme toute assez classique pour le groupe. Les machines reprennent donc le dessus, l'essentiel de la trame musicale s'articulant autour des samples, nappes de synthés et beats chimiques de Philipp Groth. Décevant? Un peu à vrai dire tant la richesse des sonorités du précédent opus avait ce petit côté plaisant et original qui dénotait au sein de la carrière du trio tout en conservant pourtant la touche QNTAL reconnaissable entre mille. Des titres comme "Ich Minne Einen Ritter" vont même jusqu'à perdre l'identité médiévale pour tomber dans une electronica certes de bonne facture mais qui ne colle que moyennement à ce que l'on attend du groupe aujourd'hui.

Pour autant, Michael Popp a bien heureusement toujours sa place au sein des titres de "Translucida" comme sur le titre d'ouverture "Sleeping". Mais si auparavant on s'émerveillait de la musique distillée par le trio, j'avoue avoir écouté "Translucida" sans beaucoup d'émotions. On est loin de la rigidité clinique habituellement associée à l'utilisation outrancière de machines mais l'opus manque cruellement d'instruments acoustiques médiévaux et par-là même de chaleur. D'autant qu'au milieu de cette abondance d'éléments électro, les parties médiévales paraissent parfois un peu incongrues, sentiment jusqu'alors rarement rencontré chez QNTAL... Kézako??? Une forme d'aversion suite à ce retour aux sonorités chimiques me gagnerait-elle à l'écoute de cette nouvelle offrande?

Pour sûr, comme après l'écoute de "Glacies", titre intéressant à plus d'un point mélodiquement parlant mais qui sonne presque kitsch sous ses déluges électro de mauvais goût, tout comme "Sumer" et son beat clinquant mal venu. Sentiment conforté quand déboule "Worlds of Light", une des perles de "Translucida", qui brille par son dépouillement et ses sonorités organiques. Mais par dessus tout, ce qui frappe à l'écoute des 12 plages de l'album, c'est que les mélodies ne sont pas aussi prenantes que par le passé. En effet, le travail mélodique n'est jouissif que sur les pièces les plus épurées, à savoir "Sleeping", "Translucida", "Worlds of Light" et "Passacaglia"... Pour le reste, on trouve de bonnes choses ("Amorous Desir" en est un exemple) mais rien qui va vous emporter réellement. Heureusement que Syrah relève l'ensemble avec sa voix divine venue d'on ne sait où et qui a le don de vous coller la chair de poule en quelques notes.

"Translucida" n'est donc pas l'opus magistral qu'on nous annonçait... Au final, c'est du QNTAL, c'est un fait, et les fans ne seront pas trop déconcertés. Mais les Allemands ont fait mieux, beaucoup mieux...


Rédigé par : Foofur | 12/20 | Nb de lectures : 10867