QNTAL - Ozymandias (E-wave/Drakkar/Season of Mist) - 08/06/2005 @ 10h08
Il y a des fois où la passion ne doit pas l'emporter sur la raison. Je sais pertinemment que je tiens ici mon album de l'année. La probabilité qu'un disque encore meilleur à mes oreilles n'apparaisse est tellement faible que je peux aisément pronostiquer sur une victoire finale de ce groupe extraterrestre au nom improbable et au potentiel mystique surdéveloppé. Pourtant, cet album ne sera pas en sélection et ne bénéficiera pas d'une note exceptionnelle. J'ai étudié la question pendant de longues semaines et je pense que "Ozymandias" est un disque qui a quelques défauts de trop pour être porté aux nues. La grosse différence est que ces défauts ne me dérangent pas outre-mesure mais je conçois qu'ils gêneront d'autres auditeurs. J'ai appris à me modérer avec les années.
Revenons d'abord un peu en arrière à la genèse de Qntal. Formé de membres de l'éminent groupe de darkwave allemand Deine Lakaien accompagnés de la sublimissime chanteuse Syrah (Sigrid Hausen) arrivée de chez Estampie, le groupe s'efforce de créer un genre de musique plutôt inédit. La majorité s'accordera à baptiser cette musique "électro-pop médiévale", une définition restrictive mais globalement juste, si on considère que leur plus gros tube, j'ai nommé le génial "Ad mortem festinamus" supporte bien cet estampillage. Deux albums sobrement baptisés "I" et "II" sortiront en 1992 et 1995 et le projet s'éteindra à petit feu, surtout après le départ de Ernst Horn, bien trop occupé avec Deine Lakaien. Ce n'est qu'en 2003, quand un certain Philip Groth (musicien et producteur ayant officié avec In Extremo) s'accorde avec le membre fondateur Michael Popp, que Qntal renaît de ses cendres avec l'album "III", disque charmant qui a remis l'histoire de Tristan et Iseult au goût du jour. Le groupe a même fait quelques concerts, privilège auquel Sheb et moi-même avons eu l'honneur d'assister. Grosse dose d'émerveillement inside. Pour information, on retrouve Ernst Horn dans le fantastique projet Helium Vola qui a sorti deux albums imparables. Indispensable.
Ce quatrième album est donc une nouvelle offrande magique qui m'a fait sauter sur place de joie à sa réception (j'ai même un témoin !) et la voix enchanteresse de Syrah (en latin please !) achèvera n'importe quel individu doté d'un minimum de sens musical. Les pauvres cruches qui officient dans la grosse chiée de groupes de métal à chanteuses qui nous pourrissent les oreilles depuis trop longtemps devraient jeter une oreille sur ce disque. Mourir de honte est le mieux qui puisse leur arriver.
Musicalement, Qntal est fidèle à sa ligne de conduite, à savoir qu'il élabore une musique qui n'est jamais pompeuse, qui exprime le plus d'émotions possibles dans un minimum de notes et qui laisse une grande place à l'expression vocale. Si des choeurs sont ajoutés sur "Cupido", le single "Flamma" ou sur "Indiscrete" c'est toujours par touches parcimonieuses. Chaque morceau est construit de façon plutôt simple et ne s'aventure pas dans des constructions prétentieuses ou indigestes. Dans Qntal c'est avant tout l'ambiance qui compte. Un peu comme au Macumba Night si on veut.
C'est d'ailleurs cette débauche de simplicité que je pourrais reprocher à "Ozymandias". Le départ de Ernst Horn a rendu la musique du groupe un peu aseptisée, trop propre dirons certains. Les deux composantes principales, à savoir le côté électro et le côté médiéval ont un peu du mal à se mélanger et on a l'impression que les morceaux pris à part ne concernent pour chacun qu'une seule catégorie. L'essence même de Qntal semble donc avoir été un peu coupée à l'eau et certains titres paraîtront trop conventionnels pour des oreilles avisées. Je peux parler de "Vogelfluc", "Dulcis Amor" ou "Flamma". Au niveau des bonnes surprises, j'ai noté certains titres plus entraînants qu'à l'accoutumée comme "Cupido", "Amor volat" qu'on croirait inspiré par The Cure ou "Noit et dia". Ce dernier titre est d'ailleurs un bel exemple de ce qui peut résumer le mieux ce que fait Qntal : un chant féminin et magique posé sur des loops électro et doté d'arrangements médiévaux imparables.
En résumé, je reproche simplement à Qntal de ne pas être allé aussi loin que d'habitude dans son processus de composition. Quelques morceaux, aussi beaux soient-ils, m'ont donné une petite impression de déjà entendu et j'aurais volontiers apprécié une plus grande utilisation d'instruments traditionnels. Si on les entend de ci de là, le mixage les a un peu oubliés et la personnalité du groupe en prend un gros coup derrière la tête. On se retrouve quand même avec un disque somptueux entre les mains, qui s'écoute des dizaines de fois sans lassitude et qui intéressera tous ceux qui cherchent quelque chose de différent. J'ai juste trouvé ça un peu moins profond que d'habitude.
Un excellent groupe qui se démarque fortement par sa musique originale, à découvrir!
Zen Membre enregistré
Posté le: 04/07/2005 à 16h16 - (16868)
"...Les pauvres cruches qui officient dans la grosse chiée de groupes de métal à chanteuses qui nous pourrissent les oreilles..." Aaaaaaaaaaaaaaaah, je reconnais bien là, la poésie qui t'a toujours caractérisé ...
Bon ça n'empêche qu'il faut que j'écoute ça !!!
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Revenons d'abord un peu en arrière à la genèse de Qntal. Formé de membres de l'éminent groupe de darkwave allemand Deine Lakaien accompagnés de la sublimissime chanteuse Syrah (Sigrid Hausen) arrivée de chez Estampie, le groupe s'efforce de créer un genre de musique plutôt inédit. La majorité s'accordera à baptiser cette musique "électro-pop médiévale", une définition restrictive mais globalement juste, si on considère que leur plus gros tube, j'ai nommé le génial "Ad mortem festinamus" supporte bien cet estampillage. Deux albums sobrement baptisés "I" et "II" sortiront en 1992 et 1995 et le projet s'éteindra à petit feu, surtout après le départ de Ernst Horn, bien trop occupé avec Deine Lakaien. Ce n'est qu'en 2003, quand un certain Philip Groth (musicien et producteur ayant officié avec In Extremo) s'accorde avec le membre fondateur Michael Popp, que Qntal renaît de ses cendres avec l'album "III", disque charmant qui a remis l'histoire de Tristan et Iseult au goût du jour. Le groupe a même fait quelques concerts, privilège auquel Sheb et moi-même avons eu l'honneur d'assister. Grosse dose d'émerveillement inside. Pour information, on retrouve Ernst Horn dans le fantastique projet Helium Vola qui a sorti deux albums imparables. Indispensable.
Ce quatrième album est donc une nouvelle offrande magique qui m'a fait sauter sur place de joie à sa réception (j'ai même un témoin !) et la voix enchanteresse de Syrah (en latin please !) achèvera n'importe quel individu doté d'un minimum de sens musical. Les pauvres cruches qui officient dans la grosse chiée de groupes de métal à chanteuses qui nous pourrissent les oreilles depuis trop longtemps devraient jeter une oreille sur ce disque. Mourir de honte est le mieux qui puisse leur arriver.
Musicalement, Qntal est fidèle à sa ligne de conduite, à savoir qu'il élabore une musique qui n'est jamais pompeuse, qui exprime le plus d'émotions possibles dans un minimum de notes et qui laisse une grande place à l'expression vocale. Si des choeurs sont ajoutés sur "Cupido", le single "Flamma" ou sur "Indiscrete" c'est toujours par touches parcimonieuses. Chaque morceau est construit de façon plutôt simple et ne s'aventure pas dans des constructions prétentieuses ou indigestes. Dans Qntal c'est avant tout l'ambiance qui compte. Un peu comme au Macumba Night si on veut.
C'est d'ailleurs cette débauche de simplicité que je pourrais reprocher à "Ozymandias". Le départ de Ernst Horn a rendu la musique du groupe un peu aseptisée, trop propre dirons certains. Les deux composantes principales, à savoir le côté électro et le côté médiéval ont un peu du mal à se mélanger et on a l'impression que les morceaux pris à part ne concernent pour chacun qu'une seule catégorie. L'essence même de Qntal semble donc avoir été un peu coupée à l'eau et certains titres paraîtront trop conventionnels pour des oreilles avisées. Je peux parler de "Vogelfluc", "Dulcis Amor" ou "Flamma". Au niveau des bonnes surprises, j'ai noté certains titres plus entraînants qu'à l'accoutumée comme "Cupido", "Amor volat" qu'on croirait inspiré par The Cure ou "Noit et dia". Ce dernier titre est d'ailleurs un bel exemple de ce qui peut résumer le mieux ce que fait Qntal : un chant féminin et magique posé sur des loops électro et doté d'arrangements médiévaux imparables.
En résumé, je reproche simplement à Qntal de ne pas être allé aussi loin que d'habitude dans son processus de composition. Quelques morceaux, aussi beaux soient-ils, m'ont donné une petite impression de déjà entendu et j'aurais volontiers apprécié une plus grande utilisation d'instruments traditionnels. Si on les entend de ci de là, le mixage les a un peu oubliés et la personnalité du groupe en prend un gros coup derrière la tête. On se retrouve quand même avec un disque somptueux entre les mains, qui s'écoute des dizaines de fois sans lassitude et qui intéressera tous ceux qui cherchent quelque chose de différent. J'ai juste trouvé ça un peu moins profond que d'habitude.
Rédigé par : Loufi | 16,5/20 | Nb de lectures : 12526