Il est de retour Matthew Barlow… L’annonce de l’intégration de l’ancien chanteur de Iced Earth au sein de Pyramaze, modeste combo américano-suédois, en mars 2007, avait fait sensation dans le monde du heavy metal. C’est que Barlow avait lâché le metal après les attentats du 11 septembre 2001 pour se reconvertir dans une carrière d’officier de police. Aujourd’hui, le frontman change de nouveau d’uniforme et reprend sa casquette de chanteur surpuissant. Il officie d’ailleurs dorénavant dans les deux groupes.

Inutile de prétendre le contraire, la principale attraction de ce disque (le troisième du groupe) repose sur la présence de Matt Barlow au chant. A ce titre, il ne fait nul doute que Pyramaze aura su réaliser un gros coup de pub en engageant l’un des chanteurs les plus adulés du circuit. Cependant, le groupe risque aussi de voir cet album éclipsé par ce retour. Et, autant l’avouer dès le départ, c’est un peu ce qu’il se passe sur "Immortal". Pyramaze a certes franchi un palier en terme de popularité, mais n’en a-t-il pas pour autant perdu son âme ? Car c’est quasiment d’un nouveau groupe dont il s’agit, le power metal progressif proposé par le combo sur "Legend Of The Bone Carver" (2006) prenant ici la forme d’un heavy metal épique plus sombre, quasiment dénué des éléments prog’ et de cette complexité qui faisaient la richesse du précédent opus. Le sieur Barlow n’est pas étranger à ce changement de direction, car sa voix reste invariablement associée au heavy pratiqué par Iced Earth, à tel point que l’on croirait entendre le groupe de Jon Schaffer à plusieurs reprises sur cet album. A l’inverse Lance King, le précédent chanteur de Pyramaze, avait une voix plus aiguë, qui le rapprochait parfois d’un Geoff Tate (il y a quand même pire comme comparaison, non ?). Avec ce changement de vocaliste, le groupe s’éloigne par ailleurs de l’influence de Queensrÿche (période "The Warning") que certains lui reprochaient.

Pourtant, il serait injuste de se focaliser uniquement sur ce fait, car ce disque contient tous les ingrédients du genre et devrait satisfaire les amateurs : rythmiques acérées, chœurs puissants, envolées de claviers, passages atmosphériques, soli inspirés (guitare comme claviers), twin guitars… Plusieurs titres font mouche d’entrée de jeu, comme ce « Year of the phoenix » tout en puissance, et sublimé par la performance vocale de Barlow, impérial sur l’ensemble du disque. « Ghost light » suit et le groupe propose encore des passages en acier plombé tout en privilégiant un refrain ultra mélodique qui ne vous quittera plus ; sans doute l’un des plus beaux moments de l’album. « A beautiful death », dont le riff ne laisse aucun survivant, est aussi un bon exemple de cette alliance de puissance et de mélodie concoctée de fort belle façon par la formation. Il faut dire que la section rythmique est ultra efficace, s’appuyant sur une basse bien lourde et un batteur solide (qui n’est quand même pas ce qu’il y a de plus fin au royaume des drummers !).

Mais si Pyramaze sait se montrer heavy et sombre, plusieurs titres font la part belle à des passages plus épiques, comme « Touched by the mara » ou « Caramon’s poem », ce dernier titre étant l’une des réussites de l’album avec son refrain guerrier où Barlow côtoie les sommets. La ballade de rigueur, « Legacy in a rhyme », offre un duo piano/voix où la mièvrerie n’est parfois pas loin, mais le frontman réalise un nouveau sans faute, démontrant toute l’étendue de ses impressionnantes possibilités vocales. Au final, c’est bien de l’émotion pure qui ressort de ce morceau.

Sur « Shadow of the beast », on croirait parfois entendre Jorn Lande (Ark, Masterplan…) lors de couplets plutôt progressifs avant de découvrir un refrain énorme, typiquement heavy metal, qui devrait bien fonctionner en live. Les soli sont en général de très bonne facture et confirment le niveau technique élevé de la formation. L’album s’achève sur un final épique à souhait, qui ne dépareillerait pas dans un grand film d’aventure.

Ce disque nous présente donc un Pyramaze au visage plus « evil », du fait de sa nouvelle voix, perdant peut-être en mélodies ce qu’il gagne en puissance et en concision, mais "Immortal" s’avère être le meilleur opus du groupe à ce jour. Les fans du précédent album pourraient être décontenancés dans un premier temps par ce changement de direction, mais à force d’écoutes, on se rend compte que Pyramaze a changé pour le meilleur (tout est relatif cependant, le groupe ne joue pas du black non plus). Car il nous offre un excellent disque de heavy metal, magnifié par un chanteur dont le registre vocal semble parfois illimité. Toutefois, le chant ne doit pas éclipser l’excellent niveau instrumental de l’ensemble, et le talent de composition certain du guitariste-fondateur Michael Kammeyer. Engager le mythique chanteur d’Iced Earth constituait un pari risqué pour le groupe, mais Pyramaze a su relever ce défi avec classe. On pourrait simplement reprocher le manque d’originalité d’une telle entreprise, et les similarités évidentes avec Iced Earth, si l’on excepte la présence des claviers.

Il est donc de retour Matthew Barlow… Et par la grande porte s’il vous plaît, car cet album constitue l’une des sorties majeures du style pour ce premier semestre 2008. On attend maintenant de pied ferme le nouveau Iced Earth, prévu pour cette année, qui risque vraiment d’être sensationnel.


Rédigé par : up the irons | 16/20 | Nb de lectures : 11365