PURGATORY appartient décidément à un autre temps : celui où le death-metal ne jurait que par un style bien défini où rugosité et modernité savaient encore faire ami-ami et où on laissait le temps au temps, c’est-à-dire aux groupes de se construire à leur propre rythme. Et leur temps, c’est clair que ces Teutons l’ont pris pour arriver à maturité, ayant sorti leur premier album en 1996. Tombant alors comme un cheveu sur la soupe, ou comme un disque de DEICIDE sur le lit de Christine Boutin, ils ont alors totalement pissé dans un violon, rejoignant les OBSCENITY, FLESHCRAWL et autres IMMORTAL RITES qui lors de cette période de disette pour le métal-de-la-mort semblaient englués dans un combat perdu d’avance. J’avoue d’ailleurs assez honteusement que même votre Zoltar national, pourtant toujours prompt à faire trente kilomètres à pieds en chausson et sans lumière ni doudoune en plein mois de décembre pour dégoter un 65,434ème disque de death, même slovaque et enregistré dans tes chiottes, à ajouter sa collection, était passé à côté, pour dire… Jouant ainsi totalement sur l’effet de surprise la machette rouillée de leur disque précédent ‘Cultus Luciferi’ s’était donc d’autant plus enfoncée aussi facilement dans ma tête que le prépuce d’un curé dans le séant d’un enfant de chœur. Ouch !

Alors déjà que sa coutume de reprendre sur chacun de ses albums précédents un vieux classique du genre (MORGOTH, ASPHYX, LEMMING PROJECT) ne pouvait faire que vibrer mon petit cœur sensible, voilà qu’en plus ‘Necromantaeon’ sent, que dis-je pue, toutes narines dehors l’amour du death-metal, le vrai celui qui a des cojones velues et non pas toutes de plastiques vêtues. Certes, son patrimoine génétique est inscrit en lettres de sang sur son front et qu’en plus d’un patronage MORBID ANGEL (oui, encore un) des plus voyants, le tout commence après une intro lâchant quelques gros accords dévastateurs un « Reaping The Diseased » plus VADER (période ‘Sothis’) que jamais. D’ailleurs, tout ce sixième album pue la Pologne à plein nez avec son exécution millimétrée et son batteur gentiment triggé mais qui ainsi n’en rate pas une. Sauf que tout bien huilée que soit cette véritable machine de guerre comme on en a peu vu depuis le dernier LOST SOUL (re-ouch), ces vieux briscards ont eu le nez creux en la recouvrant d’une fine couche de crasse qui l’empêche de devenir une batterie à missiles à téléguidage laser stérile et sans âme. Un choix entériné par leur frontman le dénommé Mirko Dreier qui va chercher jusqu’au plus profond de ses poumons sa bile pleine de références à l’occultisme et au Grand Bouc, au point d’ailleurs de soulever quelques soupçons de traficotage studio, même si tant qu’on a l’ivresse on s’en fout un peu de ce que contient la bouteille…

En contrepartie, avec un peu de moins de trente-trois minutes au compteur et sans ZE titre pour remporter toutes les suffrages fingers in ze noise, à l’instar du dernier et très poétique DEFLORATION, ce nouveau PURGATORY se contente si je puis dire de n’être qu’un excellent même si limitée disque de série B. Pas de tête de vainqueur ni de graine de champion mais juste un bon disque de death-metal à la fois classique et efficace pour faire son jogging le matin. Et au passage, ce skeud confirme qu’après CLITEATER, DEFLORATION justement ou encore INHUME, la boucherie en gros des organisateurs du PARTY SAN WAR ANTHEMS RECORDS confirme que ce n’est pas pour rien qu’ils ont racheté le fonds de commerce de feu MORBID RECORDS, autre échoppe artisanale attitrée dans les années 90 du death underground pas fin mais grassouillet et où le client était roi… Snif, nostalgie…


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 14/20 | Nb de lectures : 12225