Les rockers suisses de Pure Inc. sont de retour avec un troisième album intitulé "Parasites And Worms". Passons rapidement sur la pochette de ce disque, vraiment moche, qui tranche avec des visuels précédents plus sobres. Côté musique, on est en revanche en terrain connu, puisque l’on retrouve avec un plaisir certain le heavy rock mélodique et racé qui a fait la réputation du groupe. Mais loin de nous proposer une pale copie des ses deux premiers essais, Pure Inc. semble avoir gagné en maturité et franchit ici un nouveau palier.

Le chanteur Gianni Pontillo, constitue sans nul doute l’atout majeur de cette formation. On peut être surpris lors des premières écoutes tant sa voix se rapproche de celle de Chris Cornell (ex-Soundgarden, ex-Audioslave), mais au-delà de cette filiation évidente, notre homme s’impose vraiment comme un très bon vocaliste, au coffre impressionnant. Doté d’une voix rugueuse et puissante, il survole sans problème des compositions tour à tour rentre-dedans (les trois premiers morceaux sont une magistrale démonstration de force) et plus posées. C’est d’ailleurs sur les chansons calmes que son timbre de voix se rapproche le plus de l’ex-Soundgarden. Cela en devient même presque gênant sur « Carrie’s Alone » tant on frise le plagiat. Les morceaux plus hard rock peuvent faire penser à du Audioslave (cette voix, toujours…) voire à du Nickelback (« Raise Hell »), soit du bon heavy rock U.S. à tendance grunge. On se dit alors que si Pure Inc. était un groupe ricain, il ferait un tabac outre-Atlantique. Il suffit d’écouter le très réussi « Darkened Glow », qui pourrait aisément tourner en boucle sur les radios rock américaines.

Disposant d’un son très correct pour une autoproduction, "Parasites And Worms" est un album puissant et carré (« Serenades of Aggression »), agrémenté de moments plus nuancés. Il faut dire que les chansons composées par le guitariste Sandro Pellegrini sont ultra-efficaces et les riffs de guitare sont souvent très bien sentis, comme sur « Evenmore ». Il est de plus difficile de rester insensible à ces jolies ballades à forte coloration grunge que sont « Carrie’s Alone » ou « Dead Calling » (absolument superbe), contrepoids idéal des chansons heavy. Entre Soundgarden et Alice In Chains, « Home » nous replonge dans les 90’s et voit la paire Pontillo/Pellegrini friser la perfection. Notons aussi cette reprise d’ « Immigrant Song », issue de Led Zeppelin III (1970), qui sans égaler l’originale (mais est-ce seulement possible ?), se révèle être de très bonne facture, même si n’est pas Robert Plant qui veut. L’édition limitée de l’album contient enfin un court morceau de pseudo-black metal, prouvant que les Helvètes ont aussi de l’humour. Au final, le groupe a trouvé un bon équilibre entre des titres carton bien heavy et d’autres plus rock, alors que l’on aurait pu craindre pour la cohésion de l’album.

"Parasites And Worms" est donc une nouvelle réussite de plus à mettre au compteur de Pure Inc., qui s’impose peu à peu comme une valeur sûre dans son créneau. On sent pourtant que ces Suisses disposent d’une marge de progression importante, et il serait plus qu’intéressant (même si très improbable pour d’évidentes raisons budgétaires) de voir le groupe tenter l’expérience avec un producteur de renom tel que Brendan O’Brien (Pearl Jam, RATM, Audioslave, Velvet Revolver etc…). Un disque tout à fait recommandable.


Rédigé par : up the irons | 14.5/20 | Nb de lectures : 11171