Malgré mon attirance maladive pour tout ce qui déphasé, déjanté, malsain, technoïde ou carrément tout ça à la fois, j'avoue que j'ai plutôt zappé Punish Yourself et n'en connaître que quelques bribes. Je connaissais surtout de leur part une réputation de groupe live halluciné et on m'a rapporté que leurs shows s'apparentaient plus à une orgie de décibels et d'effets visuels qu'à de la musique de chambre. Et il n'est pas difficile d'imaginer comment ça se passe en écoutant cet album. Un simple coup d'oeil sur les titres des morceaux suffit à se faire sa petite idée sur la teneur du "concept" des français. Leur musique, qu'ils appellent du "PUNKINDUSTECHNODANCECORE" va globalement là où tous les White Zombie, Ministry, Nine Inch Nails, Marilyn Manson et autres mélangeurs de métal et de machines n'ont jamais osé mettre les pieds. C'est vilain, très vilain, souvent crado et dissonant mais incroyablement bien foutu. Le disque ouvre sur un beat techno bien appuyé "Gay boys in bondage" chargé de loops et de samples qui fera de suite fuir le métalleux traditionnel malgré son apport de grattes bien grasses. "Primitive" se place dans un lignée proche de ce que M.Manson a fait de plus vicieux, les vocaux rappellant beaucoup l'androgyne milliardaire. On trouvera également un émouvant hommage (elle n'est pas morte, rassurez vous) à la très anale Coralie Trinh Thi ("Holy Trinh Thi") dont les performances exceptionnelles de "portes ouvertes dans l'arrière-train" ont occupées quelques-unes de mes soirées de célibataire par le passé. On pensera à Rob Zombie sur l'excellent "CNN war" où les guitares rock n'roll viennent en renfort d'une base électro déchaînée et de vocaux déclamés comme un discours politique. L'ombre du même Rob et de White Zombie plane aussi sur "U.S.D (we are ready)" même si la tonalité refrain m'a fait penser à la scène new-wave/goth des années 80 . On tombe à nouveau dans la polémique avec le bien nommé "Gimme cocaine" qui utilise une rythmique de techno hardcore pour emballer la tension nerveuse et le passage de ce morceau dans des boîtes ou son interprétation en live nécessitera surement quelques renforts en matière de sécurité voire de brancardiers. Une tuerie dont on ne ressort vraiment pas indemne. Si certains morceaux sont vraiment tordus et nécessiteront une grande ouverture d'esprit (je pense au saturé "they don't need you" ou au dansant "T4 song" qui clôturent l'album), force est de constater que les Punish Yourself ne se posent absolument aucune limite dans la conception de leur musique. Si les incorporer strictement à la scène métal n'est pas vraiment opportun et serait même réducteur, ils peuvent enchanter sans aucun souci les fans de metal-indus ou d'électro-metal et je suis particulièrement heureux de constater que la scène française est une des meilleures au monde dans ce domaine actuellement et que les hallucinés américains de Hanzel & Gretyl ont trouvé leurs équivalents frenchies. En tout cas, Punish Yourself se pose en tout cas comme le plus outrancier, le plus extrème, le plus déchaîné et le plus imprévisible de tous ces groupes et représente l'avenir d'une scène musicale qui devient malheureusement bien trop sérieuse. Drogue, rock n'roll, homosexualité, pratiques sexuelles déviantes, influences aussi nombreuses qu'infréquentables sont les pièces qui forment la carcasse de cette impitoyable et explosive locomotive, première sortie du tout nouveau label Sriracha Records. Un conseil majeur à respecter : ne vous retournez jamais en leur présence. A voir prochainement en concert avec Oomph!. http://punishyourself.free.fr


Rédigé par : Loufi | 16/20 | Nb de lectures : 10006