"Masters of moral, servants of sin" avait été un retour plutôt mitigé de la part des autrichiens de Pungent Stench. Les vieux fans étaient passés à autre chose depuis longtemps et le côté plutôt peu aventureux de l'objet ne leur avait pas véritablement permis de se reformer un cheptel conséquent d'auditeurs. Une chose me fait en tout cas énormément plaisir avec "Ampeauty", c'est qu'on revient enfin à un artwork à l'image de ce qu'ils avaient fait autrefois, un charmant melting-pot de beauté épurée, de corps désarticulés et d'imagerie décalée. Au niveau musical, je reproche à ce disque la même chose que j'avais reproché au précédent, à savoir un manque évident de folie. Pungent Stench figurait parmi les groupes les plus ravagés de la scène européenne de la grande époque du death metal et aujourd'hui, ils paraissent plutôt sages. Le rythme est rarement enlevé (sauf sur "The passion of Lucifer", "Apotemnophiliac" et un peu "Fear the grand inquisitor"). On navigue plutôt dans un death n'roll proche de Crack Up (formidable groupe dissous et sous-estimé, essayez les) et l'ensemble est assez groovy avec des riffs simples et dépouillés. Les vocaux sentent l'abus de Jack Daniels et la capacité de Pungent Stench de donner naissance à de bonnes parties mélodiques est toujours présente. Je me répète mais il est dommage qu'il n'y ait pas plus de fantaisies dans le songwriting. C'est souvent assez prévisible et, même si les morceaux sont vraiment agréables, seuls quelques arrangements inédits viennent un peu pimenter la sauce (les percussions sur "Got mail" par exemple). De plus, la musique manque parfois un peu de rythme et quelques titres plus rapides n'auraient pas été du luxe. Certains morceaux lents sont pourtant bons, j'en veux pour preuve les lancinants "No guts, no glory", l'excellent "The amp hymn"ou "Invisible empire" qui tiennent largement la route. Pour la petite anecdote, "Apotemnophiliac" commence avec exactement le même sample que le "Goremageddon" de Aborted. "Ampeauty" reste malgré son énervante candeur un bon disque de death n'roll pas trop gras, bien évidemment parfaitement interprété, parfois même trop bien produit, qui pourra constituer un agréable hors d'oeuvre mais pas un plat de résistance assez conséquent pour remplir un estomac d'un honnête homme. J'ai d'ailleurs toujours un petit creux...


Rédigé par : Loufi | 13/20 | Nb de lectures : 9273