Le collégien modèle et complexé que j'étais aura été humilié plus d'une fois par ces foutus petits branleurs de 6ème qui venaient s'installer à côté de moi aux urinoirs. Après m'avoir fixé d'un regard roublard et défiant, ils jetaient un oeil au contenu de mon slip en se retenant de pouffer de rire, avant d'aller brailler la triste vérité à tout va une fois sortis. Psyopus, c'est pareil. Que tu le veuilles ou non, leurs faciès d'adolescents attardés cherchent toujours à jouer puérilement à qui a la plus grosse, et le pire, c'est qu'ils gagnent inlassablement. Des rigolos tapant dans le death/grind ultra technique, c'est pas ça qui manque, mais Psyopus les latte systématiquement. Parce que la branlette technique c'est le mal, sauf quand on est le number one. Mais le problème quand on s'engage sur ce terrain-là, c'est que l'on en attend toujours plus de ta part.

Et c'est ce qui fait qu'"Odd Senses" est une déception. Après un premier album aussi impressionnant qu'indigeste, le groupe avait brillamment rectifié le tir avec "Our Puzzling Encounters Considered". Toujours aussi technique, tout en étant encore plus taré et plus "comestible". Mais maintenant ça y est, on est acclimatés, et de la folie, on est désormais en mesure de constater que Psyopus en a perdu sur cet album. Non pas qu'ils aient, ô sacrilège, osé répéter deux fois le même plan dans un titre, hein... Mais rien que le changement de hurleur: même si le troc n'est pas hyper flagrant, il manque les débordements hystériques de son prédécesseur, aka le petit truc qui faisait la différence. Les instrumentaux volontairement posés et pompeux, façon "j'suis un gros looser et j'peux jouer du jaaaazz et pas toi" (même qu'ils se permettent de lâcher des flatulences sitôt fini), étaient auparavant bien foutus, ici ils sont tout bonnement chiants. Enfin, faut vraiment que le groupe oublie les samples. Que ce soit les voix répétées en boucle et intercalées toutes les 15 secondes dans "Chain Reaction" ou les collages de voix sur "Boogeyman", leurs conneries viennent totalement briser le rythme des titres. On sait pertinemment qu'ils ont fait ça dans l'unique but de te crisper, toi, vilain petit auditeur, mais tous ces défauts -volontaires ou non- combinés, deviennent plus usants qu'autre chose.

Je passerai la redondance de certaines bidouilles guitaristiques, parce qu'à pondre 93874 plans tordus par album, c'est normal de retomber sur les mêmes au bout d'un moment. Le bassiste est un monstre, son jeu est tellement moelleux que t'as envie de croquer dedans, on le savait, mais il est désormais bien plus mis en valeur dans le mix. Groove +++. Tandis qu'Arpmandude, soit le mec au jeu de gratte le plus technique ET taré qui soit, arrive encore à venir t'en mettre plein les (Roger?) mirettes. Marrant quand on sait qu'il joue du punk avec Hank Williams III à côté et surtout qu'il a failli jouer chez Limp Bizkit (qui ça?). Il est trop fort, y'a des plans où il balance tellement de notes à la fois que t'as l'impression d'en entendre qu'une seule qui couine pour l'éternité. Dernier survivant du groupe, le batteur ayant changé entre-temps et le bassiste venant de se tirer, il aura fort à faire pour remettre le navire à flot dans le futur. Parce que seul le hat-trick "Duct Tape Smile" (et ses micro-notes ultra furtives), "The Burning Halo" et "X And Y" justifie l'intérêt de cet album franchement inégal, certaines ritournelles étant à peine digne des sous-Psyopus qui encombrent la scène, allant taper dans des pluies de notes même pas acides qui ne feront mouiller que les gens de mauvais goût, comme, même pas au hasard, les fans de Dragonforce.

Et sur onze titres, faut bien avouer que trois titres qui lattent, ça fait maigrichon. Mais une fois retiré les interludes et co, le ratio est déjà bien plus acceptable. Et comparé aux innombrables groupes de tech-grind déconneurs, ils conservent leur ceinture malgré tout. Parce que c'est toujours les plus gros branleurs qui s'en tirent le mieux... Et encore! Si on suivait la logique de ces champions qui osent encore employer l'argument "fais mieux si t'en est capable" passé onze ans et demi, Psyopus devrait être élu meilleur groupe du monde. Les boules hein?


Rédigé par : Crown_Me | 11,5, justement./ | Nb de lectures : 10873