Introduire Psykup n'est vraiment pas une mince affaire !
Jugez-en par vous même : la musique de Psykup est, pour les ingrédients de base, un savant dosage de thrash, de HxC et de métal générique. Jusqu'ici rien d'extraordinaire me direz vous, mais s'arrêter là serait trop réducteur. Ajoutez à ceci une pincée de funk, une noix de jazz, un soupçon de disco, quelques gouttes de bossa nova et on se rapproche déjà plus de cet album monstrueux qui nous délivre près de 74 minutes d'originalité en seulement 11 titres !
Le groupe a trouvé un nom qui, selon lui, résume bien cette fusion des genres : L'Autruche Core, mais avouez que si je vous avait dit d'emblée que ce quintet toulousain (formé en 1997) faisait de l'autruche core vous vous seriez moqué. Ce nom vient en fait du morceau fétiche du groupe, "L'Autruche", qui ne dure pas moins de 14 minutes et qui résume à lui seul la diversité et la richesse de l'album.
A la vue de toutes ces influences on serait tenté de croire que l'écoute de cet album relève du défit, détrompez-vous ! Le plus incroyable avec ce "Temps de la Réflexion" c'est qu'ils vous font ingurgiter tout ça sans aucun effort ! En effet Psykup fait partie de ces groupes pour qui l'art de la composition semble aisé et malgré la richesse des titres, il ne vous faudra pas plus d'une écoute pour retenir les moments forts de l'album.
Vous l'aurez deviné : les musiciens sont des fous furieux. A ces guitares aux riffs bien lourds ou bien complètement psychédéliques (cf. certains effets extra-terrestres), ce batteur, dont le jeu s'adapte à merveille aux sessions rythmiques des genres sus cités, et cette basse bien groovy, viennent se greffer deux hurleurs (dont un guitariste) qui nous envoient des chants tantôt core, tantôt death, parfois hystériques ou encore parfaitement clairs et très harmonieux à vous en donner des frissons. Après avoir sorti, une démo, un live et un 4 titres (de 35 minutes tout de même), Psykup nous pond aujourd'hui ce premier album impressionnant de maturité et de lucidité. L'intro, instrumentale, "to be(tray)" sonne onirique au possible avec une petite mélodie toute simple mais diablement efficace, de celles qui vous restent en tête jusqu'à la fin de la journée. Mais dès le morceau suivant "... or not to be" on redescend vite sur terre et ça castagne sec dès les premières secondes. On est tout de suite impressionné par la puissance dégagée et par la maîtrise des tempos qui s'enchaînent et se déchaînent sans crier gare. Le tempo ralenti un peu et on continue avec "libido", un morceau limite "easy listening" au début avec beaucoup de chants clairs mais qui nous amène sans qu'on s'y attende à un des moments forts de l'album : un final à vous coller des frissons même après 50 écoutes ! ( Je vous laisse la surprise).
Viennent ensuite le subtile "La peur du vide", entièrement chanté en français et qui jette un regard pertinent sur l'immobilisme et l'amorphie de notre société, le (musicalement) farfelu "Teacher", ou encore le splendide "Martin X Part 1 & 2" dont la première partie est chantée en français et où le groupe s'appuie sur des discours de Martin Luther King et de Malcolm X. "Insipid", qui n'a d'insipide que le nom, commence d'une manière surprenante avec un petit chant tyrolien hilarant qui se termine en hurlement core afin d'introduire une série de riffs dévastateurs (testés et approuvés en live !). Et c'est sans transition avec ce dernier morceau qu'arrive LE joyau de l'album : "L'autruche". Une baffe de 14 minutes 30 aussi nuancée qu'étrange, entièrement chantée en français. Tout le potentiel, les influences et les délires du groupe y sont exorcisés. Vous y trouverez du Mister Bungle, des proverbes, de la pop, du flamenco, du funk ("this is your night tonight, everything is gonna be alright"), du Psykup finalement... car plus qu'une agglomération de genres c'est un ensemble crédible d'où émane une réelle personnalité et une forte identité. Après ce morceau énorme il vous faudra encore tenir avec "Time & Space" qui doit démarrer à pas loin de 180 à la noire pour s'épanouir dans une pause lyrico/atmosphérique avant de finir comme il a commencé. Et c'est avec un final de toute beauté, "Rebirth & Recession", majoritairement chanté en voix claire que s'achève ce disque... ( remarque personnelle : la voix sur ce morceau me fait penser, par moment, au chant de The Old Dead Tree, c'est vous dire si c'est bien chanté ! ). Au total 74 minutes... et on en redemanderai encore.


Rédigé par : [emp] | 19/20 | Nb de lectures : 9501