PSYGNOSIS ou l’originalité incarnée, le mélange osé d’influences bien distinctes. Formé par Rémi « M. Kekchoz » pour marier ses influs Death-Metal et… IDM/Ambient/Dubstep, le projet avait accouché d’un EP (Phrases, 2009) plutôt prometteur et salué comme il se doit. Le projet a depuis évolué et est désormais un véritable groupe à part entière, avec l’ajout d’un bassiste (Jérémy), d’un chanteur (Raph) et d’un second guitariste (Anthony), qui ont charge d’accompagner Rémy dans ses expérimentations à base d’une union entre deux univers musicaux assez éloignés. PSYGNOSIS n’a pas de limites, pas de barrières, pas de format pré-établi, et va nous livrer sa seconde offrande dans un état d’esprit de liberté totale.

Anti-Sublime est donc le premier album longue-durée du groupe originaire de Mâcon (bien que Phrases, considéré comme un EP ou plutôt comme une démo, dépassait 40 minutes), et la recette ne change pas. Nous avons donc d’un côté un Death-Metal assez lourd dans l’ensemble, avec des tempos variant du brutal au doom/death, accompagné de vocaux très sombres, le tout évoquant un MORBID ANGEL période Gateways To Annihilation voire du IMMOLATION/INCANTATION. De l’autre côté, nous avons donc une musique plus ambient à la croisée des chemins entre IDM, Dub, musique de films (avec moult samples) voire Post-Rock avec du chant clair haut perché. En ce qui me concerne, Phrases c’était du bon death et du bon ambient… mais avec un mix des deux pas tout à fait au point, encore un peu trop cloisonné bien que déjà osé et audacieux. Anti-Sublime va donc avoir charge de corriger le tir tout en montrant l’évolution d’un groupe qui est amené à s’améliorer avec le temps…

6 morceaux pour 57 minutes, voilà pour la forme. Et les deux composantes de la musique de PSYGNOSIS se font entendre dès "Phrase 2.11", des beats Dubstep/ambient et une gratte acoustique à la mélodie dépressive accompagnent le long sample tiré de « Pulp Fiction » (il me semble…), avant d’embrayer sur des passages death très écrasants aux growls quasi-doom/death en alternance avec des vocaux criés. Le mix est déroutant et il va falloir s’y faire vite pour pleinement apprécier l’art du groupe. La fin de ce morceau nous permet d’ailleurs de découvrir le chant clair, correct sans être exceptionnel, bien amené mais parfois approximatif, avec un petit accent français. Le death-metal reprend ses droits sur le très efficace "Compression" qui sent bon le death US bien occulte (et qui lorgne même vers GOJIRA), tout juste aéré par quelques breaks plus mélodiques ou ambients. Anti-Sublime va commencer à montrer tout son potentiel à partir de "FIIIX" : une intro glitch éthérée et… sublime, pour un morceau plus lumineux regorgeant de trouvailles intéressantes et de passages accrocheurs, même si le chant clair est limite par moments et que l’on s’éloigne un peu du gros death, en se rapprochant d’un Post-Metal à trémolos. "Default Dysfunction" continue dans cette voie avec une atmosphère très dépouillée, où le piano se taille la part du lion, avant que le mélange death/ambient ne prenne enfin toute sa dimension (à savoir un mix de riffs et de beats, avec des breaks ambient à samples ou à chant clair). "Wake Up" est un interlude 100% Dub/IDM assez jubilatoire, qui introduit la dernière pièce d’Anti-Sublime qu’est "Liquid Nebula", démarrant en death percutant à ambiance cosmique, avant de se terminer par des émoluments mélodiques et atmosphériques (avec ici des grattes acoustiques très sombres, et un final épique) dont seul PSYGNOSIS semble détenir le secret.

Ainsi, l’art particulier de PSYGNOSIS commence sérieusement à prendre forme sur cet opus, à trouver une cohérence dans l'ensemble, qui devient de plus en plus marquée au fil des morceaux. Bien évidemment, quelques défauts subsistent, à savoir un son étrange entre death bien caverneux et apparats « artificiels » comme la BAR et les diverses sonorités électro. Le chant, que ce soit les growls ou les vocalises claires, est encore à améliorer à mon avis. Mais PSYGNOSIS est sur la bonne voie et il reste maintenant à voir ce qu’il donnera par le futur, une fois que le mix death/ambient sera pleinement maîtrisé, bien qu’il soit déjà personnel malgré les influences palpables. Quoi qu’il en soit, Anti-Sublime pose des bonnes bases, et est un album intéressant à défaut d’être une véritable révélation. Une curiosité et un groupe en devenir qui semble ne pas se fixer de limites. En tout cas, dans le mix death/« electro », voilà quelque chose de plutôt novateur bien loin des ringardises du dernier album de MORBID ANGEL (bâche totalement gratuite, mais je ne pouvais pas passer à côté héhé).

L’album est pour l’instant uniquement disponible au format digital « Name Your Price » sur Bandcamp, mais un support physique (avec un packaging travaillé et une pochette différente) verra le jour lorsque le groupe arrivera à le financer.


Rédigé par : ZeSnake | 14/20 | Nb de lectures : 12973