Il m’est difficile d’expliquer clairement, le sentiment qui a été le mien lorsque j’ai entendu ce disque de PSYCHOFAGIST pour la première fois. Une chose est certaine, j’ai songé à proposer cet album à un autre membre de VS, sous prétexte que c’était trop bizarroïde pour moi et puis, au bout de quelques jours, j’ai décidé de retenter l’expérience dans la quiétude du bureau qui me sert de bunker rédactionnel. Il m’a suffit de peu de titres pour comprendre ma réaction première en découvrant PSYCHOFAGIST, car ce premier album est une réelle agression auditive qui ne saurait se contenter d’une écoute distraite en fond sonore. La musique de ces italiens traque, attire et finit irrémédiablement par capter l’ouïe, quelles que soient vos dispositions pour ce genre atypique. L’étiquette, s’il fallait vraiment en apposer une sur ce groupe, serait celle d’un grind schizophrénique et instable. Ici, toutes les règles préétablies régissant la musique sont balayées d’un large revers de la main, pour laisser libre cours à l’expression du tourment, de la douleur, du chaos dans la forme la plus brute qui soit. Tout comme c’était le cas pour, « L’Echelle de Jacob » (Jacob’s ladder) le film que m’évoque la pochette, PSCHOFAGIST dérange, sans que l’on sache réellement analyser ce malaise.
Une chose est certaine, des groupes comme DILLINGER ESCAPE PLAN, AGORAPHOBIC NOSEBLEED et CEPHALIC CARNAGE ont indubitablement joué un rôle dans l’accouchement de ces douze titres tous plus malsains les uns que les autres. Le chant déchirant, proche de celui de JR Hayes (PIG DESTROYER) ne fait que renforcer le désespoir d’une musique oppressante. Vu les noms précités, vous ne serez pas surpris d’apprendre que, pour restituer le maelström abyssal de ce genre, la technicité déployée ici par les musiciens est relativement impressionnante. Ce disque est une véritable décharge d’adrénaline traduite par le chaos, le fatras des notes, des instruments qui s’imbriquent comme autant des voitures dans le kaléidoscope d’un gigantesque carambolage célébrant le coït des tôles enchevêtrées.
Les méandres qui animent les cerveaux des membres de PSYCHOFAGIST sont insaisissables et cette forme d’impulsivité a presque des airs d’improvisation jazz-grind avant-gardiste. Chaque roulement, chaque riff, chaque mot est assené comme des coups d’une puissance incroyablement restituée par une production sourde. Cette dernière, signée Anders Lundemark (KONKHRA, DAEMON) est vraiment aux antipodes de ce que le Danois nous avait proposé jusqu’à présent. A noter que les textes de « High Minded Martyrs », l’un des morceaux de ce disque, ont été écrits par Jason Netherton (MISERY INDEX)
Moi qui voulais me débarrasser de ce disque, j’en arrive désormais à être fasciné par la démence qui se dégage de cette simple rondelle de plastique qui nous rappelle que lorsque l’on regarde le fond de l’abîme, le fond de l’abîme regarde en nous...



Rédigé par : Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 10553