FIGHT CLUB SUEDOIS - 2ème partie
(si vous avez manqué la première partie, elle se trouve ici)

Alors que Naglfar nous sort son nouvel album en grande pompe, certains auront peut-être remarqué le timide retour d'un revenant : Jens Rydén a récemment refait parler de lui. Après avoir quitté son groupe après "Sheol" pour poursuivre ses études, le vocaliste suédois s'était fait trop discret. Et voila qu'en novembre dernier et dans la décontraction la plus totale, le label canadien Profound Lore Records édite le premier album de Profundi, nouveau projet solo de Jens. Diantre!! Vite de l'info!! Il est plus que temps!

Moins heavy que n'a pu l'être Dead Silent Slumber (très bon album au demeurant), Profundi est tout simplement un projet de black suédois qui bute sa mère, à peu de choses près. Rydén sort un album comme on n'osait plus en rêver une seconde chez Naglfar. A ce niveau, Profundi remue carrément la tronçonneuse dans la plaie. L'esprit démoniaque qui hantait les premiers opus du navire suédois a bien quitté le groupe après "Sheol". Et on retrouve dans ce "Omega Rising" toute la fureur qui manque aux derniers efforts du groupe : sauvage et composé avec passion.

Mélodiques et agressifs, les onze titres sont un assaut féroce et guerrier qui prend directement à la gorge, avec un coup de pied dans les valseuses. La construction des morceaux est bien variée, évoluant d'une rythmique blastée frénétique à un passage atmosphérique avec un piano annonçant la fin du monde, d'un passage avec une double en pleine cavalcade à un orgue appuyant des riffs massifs sur un lead à tomber du divan. A aucun moment, Rydén ne donne l'impression de rentrer dans la rengaine, dans un style qu'il a pourtant largement participé à exploiter. "Omega Rising" pète à la gueule comme une bombe dans une cour de maternelle. Et surtout, mamma mia, les vocaux de Rydén sont mille fois supérieurs aux litanies monocordes de son remplaçant.

Armé d'une production dense et massive, "Omega Rising" fait passer ses concurrents directs pour le générique des Bisounours. Et cet album me permet de répondre à une interrogation qui me taraudait depuis la chronique de "Pariah". A l'époque, devant ma réaction mitigée face à l'album de Naglfar, j'en étais arrivé à me dire que mes goûts avaient évolué au point de ne plus aimer le black mélodique suédois. En fait, point du tout. J'adore toujours autant ces assauts sauvages blindés de leads mélodieux et immédiatement mémorisables. Mais je n'adhère juste plus à la voie qu'a suivie Naglfar, trop "bateau" et bien trop prévisible. A l'opposé, Profundi a su se saisir de l'étendard et le dresser fièrement à la proue d'un style peut-être en perte d'innovation.

A noter que l'édition japonaise de l'album compte deux bonus tracks : une reprise des Ramones "Pet Cemetary" et "World Wide War". La version américaine (donc normale) est un digipack limité à 1000 exemplaires avec un énorme livret, le tout entièrement illustré par Rydén, puisque il était parti de Naglfar pour suivre des études de graphisme.

Au bilan de ce fight club, si "Harvest" est bien calibré et s'écoute tranquillement, Naglfar ne peut résister à la comparaison avec le nouveau brûlot de Jens Rydén. Je souhaite à Naglfar un soubresaut, mais je crains qu'il ne soit un peu tard... Je ne me fais pas d'illusion sur les chiffres de vente respectifs, Naglfar disposant de la puissance de feu promotionnel de Century Media. En attendant qualitativement, Rydén joue. B10. Bateau coulé. Game over.




Rédigé par : Prince de Lu | 17,5/20 | Nb de lectures : 14446