Si vous avez lu la récente interview d'ANAAL NATHRAKH de notre confrère héros du goûter, vous avez certainement lu que derrière PROFESSOR FATE se cache Mick Kenney, une des têtes pensantes du duo necro-maléfique! Mais ici point de blasts, de riffs dévastateurs et de vocaux écorchés, Kenney s'est calé derrière son PC 5 années durant et en a tiré 10 titres étonnants. Explications...

Après MISTRESS et EXPLODER où le sieur laissait massivement sa guitare s'exprimer, Kenney décide de nous pondre une sorte de bande son pour illustrer l'oeuvre la plus célèbre de Dante Alighieri, "La Divine Comédie". Le sieur s'est donc essentiellement concentré sur la réalisation de titres aux ambiences peaufinées, posées et quasiment exemptes de guitare. Oui, vous avez bien lu! La guitare ne servira ici que très rarement à poser une ligne mélodique comme sur le très joli "Limbo" mais c'est tout! Pianos, violons à profusion, trompettes et autres cuivres, sonorités électro, on est loin de la décharge de décibels habituelle et on ne peut qu'applaudir la démarche juste pour le principe d'ouverture d'esprit et d'expérimentation louable. Si la musique est d'une originalité incontestable, on notera aussi que Mick Kenney pose pour la première fois à ma connaissance ses vocalises sur ses propres titres. Le résultat est plutôt probant même s'il ne possède pas une voix exceptionnelle, surtout lorsque débarque celle de Kris G. Rygg d'ULVER sur "Limbo" et dans une moindre mesure celle de Dirty von Donovan d'EXPLODER sur "The Violent"... La comparaison est un peu fatale aux bonnes intentions du maître d'oeuvre! Mais dans un contexte où le paquet a été porté sur la composition des parties instrumentales, la voix est plus proche d'un instrument supplémentaire se fondant dans l'ensemble, et on est loin de la volonté de la mettre constamment en avant de la musique. La preuve quand celle-ci s'efface même sur des instrumentaux épiques tels "Avarice and Prodigality", "Heretics" (reprise originale du thème que John Morris avait composé pour le "Frankenstein Junior" de Mel Brooks... euh là, si quelqu'un pouvait m'éclairer sur le lien avec l'univers de Dante, je suis preneur!) ou "The Fraudulent" (dont l'intro est issue d'oeuvres de Wagner).

"The Inferno" n'est pas une oeuvre facile d'accès comme toute musique affiliée expérimentale. Mais force est d'avouer que les mélodies sont agréables, intrigantes, et servent à merveille la thématique par cette aura un peu mystique qui les entoure, même si on regrettera à juste titre le côté trop synthétique des rythmiques et de certaines sonorités. Kenney nous dévoile ici une nouvelle facette riche et originale qui ne plaira pas à tout le monde mais qui s'avère plutôt passionnante et séduira les amateurs de BO de films ou affiliés.


Rédigé par : Foofur | 13,5/20 | Nb de lectures : 10655