Il est de ces groupes qui pour vous comptent plus que d'autres, dont les sorties d'album sont aussi rares que précieuses et dont on attend fébrilement la nouvelle offrande, se demandant si elle sera à la hauteur de nos attentes. Les Irlandais de PRIMORDIAL sont de ceux-là, groupe intelligent qui au fil des années a su se forger une identité propre très forte et un style personnel et très riche. Après un album de la trempe de "The Gathering Wilderness", on pouvait légitimement se demander si Alan Averill et ses acolytes n'allaient pas être victimes du même syndrome qui ces derniers temps a affecté AMON AMARTH et nous sortir un album sans la moindre audace qui se contente de reprendre les mêmes recettes avec plus ou moins de réussite ou encore être intoxiqué comme GOD DETHRONED et nous sortir un album qui montre une certaine évolution mais une évolution ratée et donc décevante. Supplanter la cuvée 2005, l'enjeu était donc de taille pour PRIMORDIAL qui devait mettre fin à près de trois années de silence et répondre aux attentes des nombreux fans.

Il y a quelques temps, "Empire Falls", un premier titre avait enfin été dévoilé sur le MySpace du groupe. Ce titre qui s'était révélé plutôt prometteur ouvre l'album. Il reprend les choses là où le groupe les avait laissées en 2005. On retrouve son style si particulier, ce dark metal lourd, catchy et fabuleusement épique duquel découle toujours des flots d'émotions très intenses. Alan Averill est plus que jamais mis aux avant-postes (son chant est d'ailleurs mixé plus en avant que par le passé et donc plus susceptible de transmettre des émotions) et déclame ses textes avec une passion et une force de conviction que même "End of All Times" ou " The Coffin Ships", les meilleurs titres de "The Gathering Wilderness" dans ce domaine, n'avaient pas réussi à atteindre.

Il n'y a bien sûr pas de titre mineur sur cet album, chacun d'entre eux apporte son atmosphère et contribue à un résultat final vraiment flamboyant, d'autant plus qu'aucun morceau ne comporte de passage faible ou même simplement moyen. Le groupe a vraiment pris tout son temps pour nous ciseler 8 joyaux tous aussi différents que génialement bons. Que ce soit "As Rome Burns" et son interminable montée en puissance qui débouche sur une explosion finale des plus jouissives ou "Gallows Hymn" titre basé sur un unique riff et dont la simplicité n'a d'égal que la redoutable efficacité, rien ici ne vient porter la moindre ombre sur cet album qui touche vraiment au génie. L'ordre des titres à également été finement pensé. Il alterne les titres les plus énergiques avec d'autres titres plus calmes pour accentuer le contraste de ce feu d'artifice d'émotions sublimé par des textes comme d'habitude à l'intelligence rare. Le groupe s'est cette fois-ci intéressé à l'idée de Nation (idée chère aux Irlandais s'il en est) et chacun des titres de l'album évoque une idée en rapport avec ce thème comme par exemple "Heathen tribes" où Alan Averill parle de tous les endroits du monde qu'il a été amené à voir grâce aux tournées du groupe ou encore "As Rome Burns" qui évoque comme son nom l'indique la fin de l'Empire Romain.

Oubliez "Gladiator" ou "Braveheart", rangez la bataille du gouffre de Helm, PRIMORDIAL n'a pas besoin de la moindre image pour vous faire vibrer, vous faire serrer les poings ou vous filer la chair de poule. Il est l'incarnation même du métal épique le plus magistral et "To the Nameless Dead" est sans le moindre doute sa meilleure offrande notamment grâce à une production excellente. Un album incontournable malheureusement sorti trop tard pour pouvoir figurer à sa juste place dans les bilans de fin d'année.


Rédigé par : Sheb | 19/20 | Nb de lectures : 19534