Originalement sorti en 1998 chez Misanthropy Records, réédité par Hammerheart en 2001, Metal Blade Records propose cette année une nouvelle réédition, mais de luxe et entièrement remasterisée, de ce mythique « A Journey’s End », deuxième album de PRIMORDIAL. Dans cette réédition, un disque bonus est disponible. Il contient un concert portugais de 1999 qui vous permettra de vous immerger dans le PRIMORDIAL d’époque, un PRIMORDIAL humble et fidèle à lui-même.

Premier de sept, ce « A Journey’s End », suit une démo (« Dark Romanticism »), un album (« Imrama ») et plusieurs années d’errance. Mais là où « Imrama » était jeune, « A Journey’s End » montre un groupe qui a mûri, ferme sur ses pieds et qui garde la tête droite dans l’adversité.
Car il se dégage de ce disque une flamme intense et fougueuse qui est toujours présente aujourd’hui, en témoigne « The Nameless Dead », leur dernier opus en date. L’attitude est directe, sans détour, sans fioriture inutile, sans ego démesuré. La musique passe avant tout artifice.

« A Journey’s End » pose les bases d’un style immédiatement reconnaissable. PRIMORDIAL sonnera comme du PRIMORDIAL, comme un groupe unique et sincère. Et comme une belle toile, il gagnera en lumière dans les ténèbres de la musique noire, au fur et à mesure que le temps passera.
Les empilements de guitares, la batterie d’humeur guerrière et chantante, les atmosphères héroïques sont le berceau où vient s’intégrer avec une joie pure le chant de A.A. Nemtheanga. Ce chant qui assume une clarté écorchée d’une sincérité troublante tout autant que les hurlements déchirés. Quelques instruments folkloriques sans trop en faire, et des atmosphères tissées avec force et conviction, presque frénétiquement, dans l’urgence, comme pour fixer la douleur du moment.
Tous ces éléments réunis nous replongent dans une époque où le black métal était encore confiné et commençait tout juste à sortir des cercles réduits, malgré pratiquement une décennie d’existence.

À mi-chemin entre le black norvégien qu’ils adoraient et le doom anglais, PRIMORDIAL propose sa propre version d’hymnes sauvages. Ils nous plongent dans des paysages lyriques, d’une poésie rugueuse, typiquement irlandaise. Ils sont loin de la haine viscérale que véhicule traditionnellement la musique black metal. Ils proposent plutôt une nostalgie à la Braveheart où seuls les cœurs purs, poètes et avides de liberté se battent pour les idées qui les maintiennent en vie.
À l’écoute de ce disque, je me vois guerrier et poète. Je vois la terre rude d’Irlande, les paysages balayés par un vent froid, la pluie glacée, la terre rachitique.

Et même s’il souffre de quelques imperfections de jeunesse, sa fougue fait mouche dès les premières vibrations. Ce disque ne se retient pas et nous offre des morceaux d’anthologie, tels « Dark song » ou « Journey’s end », jouant même sur les instrumentaux pour nous faire voyager.

Quant au disque bonus live, il est anecdotique. Le son est atroce, même s’il n’est pas pire que certaines démos d’époque. Et le chant flottant. Néanmoins, il vous permettra de vous plonger dans la mêlée.

Doté d’un nouveau visuel (je préfère l’original, plus lyrique et énigmatique), cette énième édition de « A Journey’s End » ne sert pas à grand-chose pour qui le possède déjà. Il n’a que le mérite de nous rappeler en mémoire un travail émotionnel d’une intensité rare. Ce disque n’est pas une légende dans la discographie du groupe pour rien. C’est un acte d’héroïsme.
Ce disque montrait bien que ce n’était que le début du voyage pour les Irlandais.


Rédigé par : Matthieu | Réédition/ | Nb de lectures : 12782