Le hardcore est une musique qui s’ouvre de plus en plus. Si certains condamnent l’évolution métallique de plus en plus présente dans le hardcore, qu’ils considèrent comme une trahison (le coreux est très à cheval sur la notion d’intégrité), d’autres ont préféré s’acoquiner avec l’ennemi. Des groupes cultes comme All Out War ou Merauder (pour ne citer qu’eux) ont marqué la scène hardcore par le mix qu’ils ont pu opérer avec le métal. De telle manière que ces groupes sont encore cités en référence aujourd’hui.

En provenance d’Evreux, voici Primal Age. Déjà responsable d’un MCD « The Light To Purifiy », les 5 coreux de l’Eure citent comme références All Out War, Kickback, Days Of Suffering et Arkangel. Au simple énoncé de ces groupes, l’auditeur s’attend donc à un hardcore fortement métallisé à grands relents de riffs sanguinaires, lourds et massifs.
D’entrée de jeu, je tiens à signaler que ce CD est l’une des plus grosses baffes qu’il m’ait été permis de recevoir depuis le début de l’année. All Out War est le premier groupe à m'être venu en tête lors de l’écoute de « A Hell Romance » et ayant adoré leur dernier opus « Assassins In The House Of God », j’ai tout de suite succombé. L’album s’ouvre sur une intro « When Man Loses Himself Forever », pesante et sombre : guitares lugubres, pianos et rythme lent. Le parrallèle avec Arkangel et Length Of Time est évident.

Le disque démarre réellement sur le second titre « Genesis Of Our Self End ». L’auditeur est pris de court : il ne s’attendait certainement pas à une telle explosion de décibels à peine le CD entamé. Fortement concentré en métal, le hardcore de Primal Age est semblable à celui pratiqué par l’école belge (Deviate et Length Of Time en tête). Des riffs lents, un son lourd et massif, une succession de rythmes et un sentiment de malaise dans certains plans. Autant de paramètres qui participent à l’impact de « A Hell Romance ». Les amateurs des groupes cités ainsi que de All Out War et Arkangel seront aux anges tant ce disque mélange ces deux combos avec brio. On peut également faire le rapprochement avec Cataract (« Feed Your Life With Precious Words ») ou Heaven Shall Burn (« Chimaira Dominion… Verse Alpha).

Quoi qu’il en soit, les titres s’enchaînent et chacun révèle une qualité de composition indéniable et une réelle envie de faire des morceaux complexes et prenants. Variant régulièrement de rythme et de riffs, les plans se succèdent, les mélodies s’entremèlent, la batterie alterne entre parties lentes, rapides et breaks. La brutalité est communicative, la rage se veut omniprésente et une mélancolie presque malsaine se dégage de chaque cri (les paroles sont profondément pessimistes). Mon coup de cœur revient à « Kiss Sentence For Your Funeral » très All Out Warien et Merauderrien.

Cette mélancolie et ce mal être émanent de tous les titres. La fin de « Chimaira Dominion… Alpha Verse » en est le parfait exemple. Lourde, lente, au riff basique et malsain, ce morceau aurait bien pu figurer sur un album d’Arkangel. Cette tristesse suinte à chaque instant et participe grandement au charme de « A Hell Romance ».

Un petit paragraphe pour vous parler de la production qui est absolument énorme. Les guitares sont ultra massives et joussives, le basse vrombit et les fûts sont martelés avec force. La grosse caisse triggée apporte sa touche de bestailité lors des nombreux passages à la double. Gros point fort permettant de mettre en valeur leur musique, les ptits gars d’Evreux ont rééllement investi de l’argent afin de faire sonner l’album comme la bande son d'un champ de bataille.

L’album n'échappe à la selection qu’à cause de quelques plans ennuyeux et d’un titre dispensable (« Behind A Wall Of Beauty ») trop lent et plat à mon goût.
La voix de Didier est criarde et virulente, en parfait cohésion avec la musique pratiquée par le groupe.

J’ai été ébloui par cet album dont la violence n’a d’égal que sa qualité. Primal Age est capable de tenir la comparaison avec les groupes dont il s’inspire, preuve indéniable du talent dont fait preuve le combo d'Evreux. C'est probablement un groupe sur lequel il va falloir compter à l’avenir dans le paysage hardcore hexagonal. Primal Age, le « All Out Arkangel » français ? Pourquoi pas. En attendant, la réponse, « A Hell Romance » tourne en boucle chez moi.


Rédigé par : Vision Of Beuh | 16,5/20 | Nb de lectures : 11082