Quand on ne sait plus faire de bons disques de métal bien trempé –hein Bozz ?- qui font se lever les foules et sortir les pépettes, qu’est-ce qui reste comme perspectives de reconversion ? La maçonnerie ? La politique ? Non, le prog ! Ben voyons ! S’il suffisait d’imiter les papy des seventies ou de tenter de coller au train des opportunistes du moment pour se refaire la cerise sur le dos de fans désemparés, ça se saurait ! Pourtant, il semble que la recette existe. En tout cas, c’est ce qu’a du se dire Kurdt Vanderhoof, le leader de METAL CHURCH. Gonflé le bonhomme mais finalement, chapeau ! Oui, chapeau car souffler dans le sens du vent avec la foule qui décide de la météo, c’est facile mais parvenir à émerger du lot sans passer pour un énième candidat au raccroc, ça l’est beaucoup moins. Or, donc, écœuré par un évident manque de reconnaissance (*) le guitariste de METAL CHURCH, change son fusil d’épaule et revient avec ce projet (au nom ridicule, avouons-le) radicalement à l’opposé et qui pourra dérouter le fan ultime. Ne serait-ce qu’en raison du passé de l’individu et de sa présence sur le label allemand. Ben, oui ! Qu’est-ce que c’est que cette manie de transgresser les sacro-saintes règles et quelle idée saugrenue d’aller faire du prog ? C’est vrai quoi ! Chacun chez soi et les vaches etc.. etc.. Ceci dit, je connais mal METAL CHURCH, et toutes ces considérations me laissent de marbre. Car le parti pris de Vanderhoof nouvelle stratégie tient la route et se situe les deux pieds dans une époque référence. Une époque qui, si elle a l’heur de séduire encore quelques illuminés, n’en est pas moins un héritage pesant voire impossible à digérer. Mais, c’est comme ça que le bonhomme têtu, mine de rien, avec fraîcheur et un aplomb bien ricain, se permet le hold up du semestre des sorties INSIDEOUT ! Et ping ! « Prenez-vous ça dans les dents, petits métaleux de mes deux. Ah vous n’aimez plus ce que je fais avec M.CHURCH ? Et surtout toi Bozkiller, (je t’ai repéré) ? Pas grave. Je me cape dans ma dignité pleine de dédain, je mets les bouchées doubles, je m’entoure de gens sérieux, et je vais vous montrer que je sais faire autre chose que votre ta ta poum TGV auquel vous semblez donner tant d’importance »(*). Demandez le programme ! Pour le côté oldie, quelques touches Yes, Genesis, d’autres plus marquées Deep Purple/Uriah Heep – exemple, Presto Ballet, le 1er titre, le plus long et le plus progressif au sens noble du terme. Ayreon et Floyd pour la dimension space rock mais gonflée aux amphets. Car le ton général est bien métal. Kansas parce que, ne l’oublions pas, tout ce petit monde est originaire des USA et que le rock prog mélodique et F.M de qualité y a toujours tenu bonne place. Une louche de néo prog avec des claviers bien dans le ton, une autre de hard prog, un très intéressant clin d’œil à TEARS FOR FEARS sur Seasons, le titre 3, voilà pour le packaging. Enfin, dit aussi sommairement, ça n’a l’air de rien mais quantité de groupes nous ont déjà fait le coup cette année du pseudo revival qui se veut actuel mais remâché dix fois. Et pour des résultats qui n’ont pas toujours atteint leurs objectifs. Donc, méfiance. Ce qui différencie PRESTO BALLET des autres, c’est que l’alchimie est absolument parfaite dans sa conception et irréprochable dans son exécution. Pas un seul titre à la ramasse, pour 47 minutes de bonheur intégral, c’est un exploit qu’il faut saluer. Le chant est aussi à l’aise dans les séquences métal que dans les passages plus soft. Détestant les bidouillages électroniques, Vanderhoof préfère utiliser des claviers vintages, moog, hammond, mellotron et on peut dire que c’est réussi. Les solos de guitares sont par contre très actuels, heavy dans l’âme et dignes des meilleurs exécutants de la scène métal. Bon, je ne sais pas quel est l’avenir de METAL CHURCH et à vrai dire, je m’en fous un peu. (désolé !). Mais le sieur Vanderhoof, s’il continue dans cette voie, est le bienvenu dans le monde merveilleux du progressif avec tout plein de gens qui s’aiment. ( à condition qu’il change le nom de son groupe, illico PRESTO…). (*) propos apocryphes.


Rédigé par : Karadok | 16/20 | Nb de lectures : 11420