Ni vestes en jean élimées bardées de patches MOTÖRHEAD, ni longs cheveux graisseux, ni bides dégueulant du pantalon (moule burnes de préférence), les PRESIDENT EVIL ressemblent à beaucoup de ces jeunes musiciens de la scène métalcore actuelle au "no look" très travaillé. Et pourtant, bien que vivant avec leur temps et donc avec les techniques modernes d’enregistrement, j’entends par là gros son propre et surpuissant (merci au passage à un Andy Classen (CALLENISH CIRCLE, HOLY MOSES) en grande forme, aucun refrain mielleux avec le chant clair et plaintif de rigueur, pas une once de hardcore, rien que du heavy thrashisant dopé au rock’n’roll!!!

La puissance de MACHINE HEAD, le groove de CORROSION OF CONFORMITY et l’énergie de MOTÖRHEAD sont réunis dans un "Trash’n’roll Asshole Show" dont le visuel ne nous épargne aucun cliché ! De la tête de mort aux gonzesses nibards à l’air en passant par les ailes d’aigle et le bon vieux tas de tôle américain des années 70, tout y est et tant mieux ! Au moins pas de tromperie sur la marchandise, on sait que ces gars sont là pour s’éclater et c’est avec enthousiasme qu’on répond à leur chaleureuse invitation !

Le show débute dans une orgie décibelique avec « The Electromagnetic Superstorm » et « Boneless », mur de guitares et double grosse caisse bien en avant, chant écorché rappelant celui de Marco Neves (TREPONEM PAL) en moins incantatoire, du tout bon quoi ! Malheureusement, ces éléments au départ points forts de PRESIDENT EVIL deviennent au fil du disque un handicap et lui font perdre son intensité. Le son tout d’abord, par ailleurs excellent, mais trop propre et clair pour ce type d’album qui demande plus de chaleur. Le chant ensuite, qui se révèle un poil monotone parce que trop avare en refrains ou couplets accrocheurs. Ecoutez une seule fois "Ace Of Spades" (MOTÖRHEAD) et vous aurez le refrain dans le crâne le restant de la journée, pourtant ce n’est pas la ligne de chant la plus technique de l’histoire… Il en va de même des riffs, qui sans être mauvais sont plutôt convenus et aucune chanson ne sort finalement du lot. On écoutera l’album avec plaisir le temps de la découverte et il fera certainement un fond sonore pas désagréable lors de soirées entre potes, mais cela s’arrêtera certainement là.

PRESIDENT EVIL nous offre donc un premier album prometteur qui plaira sûrement autant aux inconditionnels de power thrash à la MACHINE HEAD qu’aux nostalgiques des 70’s fondus de C.O.C., mais il souffre d’un excès de zèle qui le bride et le rend quelque peu linéaire.


Rédigé par : Dungorpat | 13/20 | Nb de lectures : 12979